Wakfu ; le MMO politique et écologique ?

Nouveau numéro et je vais à nouveau vous parler d’un MMO. Comme vous vous en doutez, j’apprécie beaucoup les jeux en ligne. J’en essaie un certain nombre, mais peu arrivent à garder mon attention sur la durée.

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un « petit » titre de chez Ankama, Wakfu. Un jeu où mon avis a un peu le cul entre deux chaises. Coincé entre une certaine affection que j’ai pour lui, tout en voyant bien ses défauts. Tour d’horizon d’un jeu dévoré par de trop grandes ambitions.

Préambule ; un développement chaotique !

Wakfu est officiellement sorti en 2012, mais son développement a débuté en… 2006 ! L’entreprise roubaisienne avoue « avoir fait de la **tarte aux fraises** » durant le développement. Trop de monde sur le projet (environ cinquante contre dix sur leur MMO emblématique Dofus), pas d’organisation, pas de fil clair et net, en bref, ça court droit dans le mur.

Le jeu est repoussé de nombreuses fois (il devait sortir pour noël 2007 initialement), différentes versions sont faites, l’intégralité du jeu est refait de A à Z à plusieurs reprises (que ce soit au niveau visuel, sonore ou encore du gameplay). Il faut dire que le jeu voulait mettre la barre particulièrement haut.

Au début, il ne devait y avoir aucun PNJ (personnage non joueur) en jeu. Tout, l’écosystème, l’économie, la politique, etc. devait être auto-géré par les joueurs et uniquement ces derniers. Il a fallu faire nombre de concessions, afin de sortir une bêta digne de ce nom. Des PNJ ont notamment fait leur apparition.

On notera que, de l’équipe de départ, seules quatre personnes sont encore sur ce projet. Outre les gens, c’est également le système économique (abonnement) qui a changé plus d’une fois, ce qui montre tout, Wakfu semble enfin s’être posé, depuis quelques mois, dans une situation plus sereine.

Chapitre 1 ; les bases du jeu.

Wakfu est donc un jeu en ligne massivement multijoueurs, où l’on peut incarner divers personnages, ayant chacun des aptitudes différentes. Au niveau du gameplay, Ankama reste avec ce qu’elle sait faire, c’est-à-dire du tactique au tour par tour.

On peut y conquérir des donjons instanciés ou combattre des monstres dehors. La particularité des monstres en extérieur est qu’il faut « s’en occuper ». Vous devrez par exemple planter des semences s’il y en a trop peu dans la zone ou, au contraire, occire quelques groupes si la population est trop grande.

C’est le même principe avec l’écologie, où vous devrez, en tant que joueur, vous occuper du bien-être des champs et des forêts, en plantant ou coupant suivant les besoins. Une zone bien entretenue, avec assez de monstres, d’arbres, de fleurs mais pas trop, permet de débloquer des bonus dans cette dernière (de l’expérience supplémentaire notamment).

Il y a également un système politique, où l’on peut élire toutes les deux semaines un gouverneur, qui pourra choisir un gouvernement afin d’établir des lois, que les joueurs pourront ou non respecter (sous peine de sanctions). Votre gouverneur peut par exemple décider qu’il est illégal d’attaquer des monstres dont la population est trop faible.

De fait, si vous ne respectez pas cette loi, vous perdrez des points de citoyenneté, jusqu’à devenir un paria pour votre nation. Celui-ci peut également décider des taxes des hôtels des ventes, qu’il peut faire varier entre 5 & 70% du montant (de la vente).

Pour le reste, c’est très classique. On tue les monstres, on gagne de l’expérience et monte en niveau. On conçoit son équipement grâce à moult métiers, via les ressources récoltées sur les plants ou amassées sur les monstres. Je ne vais rien apprendre de nouveau là dessus aux habitués du genre.

Chapitre 2 ; Pourquoi j’aime Wakfu.

Tout d’abord son univers. Le jeu se passe dans le même monde que Dofus, le Krosmoz, mais environ trois cents ans après l’époque actuelle de Dofus. Le monde a été ravagé par Ogrest, un ogre bien particulier, qui a réussi à rassembler les six Dofus, œufs de dragons mythiques, qui accordent une puissance quasi sans limite à celui qui les possède tous.

Sauf que ce dernier se mit en quête de ceux-ci dans le but de faire tomber sous son charme l’une des poupées du dieu Sadida. Cependant, la poupée le rejeta, et il pleura sans cesse des années durant. C’est ainsi que le « Chaos d’Ogrest » eut lieu, submergeant le Monde des Douze sous ses larmes.

On joue une âme fraîchement incarnée, qui devra faire ses preuves avant d’en découdre avec le gros méchant et rétablir l’équilibre du monde. Cela peut sembler classique de prime abord, mais la puissance « transmédia » d’Ankama permet d’avoir des clins d’œil à ses autres jeux ou séries, bien qu’il faille l’avouer, un brin de cohérences se sont parfois perdues de-ci de-là.

Il possède également l’aspect visuel, en 2D isométrique de son aîné Dofus. Le jeu a la chance d’avoir une direction artistique particulièrement soignée, dont le fini est un régal pour les yeux. Les ambiances sont très travaillées et chacune des zones du jeu a vraiment « son » cachet qui la rend unique.

Bien entendu, il y a son gameplay au tour par tour, ce n’est plus un secret pour personne, j’adore ça.

Chapitre 3 ; Les limites du jeu.

Le souci majeur de Wakfu, c’est qu’il a fait beaucoup de promesses, trop de promesses et, surtout, des promesses visiblement bien au dessus de ce qu’il était possible de faire. Vouloir donner les pleins pouvoirs aux joueurs, sur le papier c’est bien, mais à réaliser, c’est particulièrement ardu.

Finalement, les PNJ sont apparus et donnent des quêtes comme la quasi totalité des MMO, le système politique n’a presque aucune influence, les pouvoirs étant bien trop limités. La gestion de l’écosystème ne s’en sort pas mieux, on est donc bien loin de ce que l’on nous vendait dans les prémices.

Ajouté à cela, un joueur contre joueur bien mal équilibré à mon goût, presque n’importe quelle classe peut tuer en un tour n’importe quelle autre classe. Finalement, seuls les contenus classiques, tels les quêtes ou les donjons s’en sortent bien. Je note d’ailleurs une amélioration très notable au niveau des quêtes, bien plus prenantes et immersives qu’aux débuts du jeu.

Épilogue ; faut-il passer son chemin ?

Je m’aperçois avec le recul que je dis plus de mal que de bien et que je démonte pas mal le jeu. Ce dernier est un bon jeu, soyons honnêtes, mais disons que j’ai été particulièrement déçu, car il y a un net fossé entre ce qui était annoncé et ce que l’on a entre les mains à ce jour. Il est « juste » un bon jeu, alors qu’il se vantait de révolutionner le genre.

Quoi qu’il en soit, je ne peux que vous inviter à l’essayer, le jeu est gratuit. Il y a certes un abonnement possible, mais celui-ci ne fait qu’offrir quelques avantages (bonus d’expérience par exemple) et ne vous limite pas (ou presque) dans l’exploration du jeu. Vous pouvez donc vous en faire une idée concrète sans débourser un centime.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 20-21 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.



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Selamat pagi ! Rédacteur en chef du site et accessoirement président de l'association. Passionné de culture et d'art depuis bien des années, pour ne pas dire toujours, j'espère que cet endroit saura titiller votre curiosité ! Attention « Mon langage est composé de 97 kg de méchanceté. »

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