Akatsuki no Yona ; Yona, la princesse de l’aube.
Yona, princesse de l’aube, ou Akatsuki no Yona pour le titre original nippon, est un manga écrit par Mizuho Kusanagi, relatant les aventures de l’héroïne éponyme Yona. Publiée le 5 août 2009, l’histoire se compose actuellement d’une trentaine de tomes, et semble loin d’être terminée !
Synopsis étendu
Le roi de Kouka, sobrement appelé l’empereur II, de par son statut de cadet, a hérité du trône du royaume suite au décès de son aîné Yu-Hon. Il élève sa fille unique, Yona, qui vit choyée par les habitants du château, mais surtout par son paternel. Il lui interdit formellement la pratique des armes, par exemple, et s’en remet exclusivement au garde du corps qu’il a engagé pour protéger Yona, Hak. Mais nous y reviendrons plus tard.
La légende raconte que le royaume de Kouka a été créé et dirigé par un dragon à l’apparence humaine, aux cheveux rouges flamboyants. Les autres dragons jaune, bleu, blanc et vert, soucieux de venir en aide à leur congénère, mirent au monde quatre guerriers possédant des caractéristiques propres à leur dragon référent. Mais le temps ayant passé, cette époque est désormais plus une fable qu’un véritable fait historique. La géographie du royaume de Kouka semble cependant confirmer cette théorie. Les royaumes de Sei et de Xing, excentrés, s’affirment indépendants et sont un peu plus en retrait que les quatre autres entités régies par Kouka.



Amoureuse de son cousin Su-Won, fils du défunt chef de guerre Yu-Hon, Yona se languit de le revoir et son coeur palpite dès qu’il pénètre l’enceinte du château. Ils forment avec Hak un trio inséparable, même si Su-Won joue le rôle de médiateur lors des piques incessantes échangées entre Hak et Yona. Son père s’oppose néanmoins farouchement à un éventuel futur mariage avec son cousin, et affirme catégoriquement que ce sera lui qui choisira son futur époux, in fine par extension le futur roi de Kouka.
Hak, orphelin recueilli dès son plus jeune âge par le général de la tribu du Vent, a été élevé sévèrement comme le veut la coutume du pays. Après la demande à genoux du roi Il de protéger sa fille, Hak est depuis son adolescence responsable de la garnison de protection de Yona. Si son respect est total pour le père, il arbore souvent le second degré avec la princesse, et ne manque pas de la taquiner dès que l’occasion se présente. Elle est par ailleurs vexée lorsqu’il se moque de sa tête essentiellement vide, sous-entendant que ses cheveux flamboyants pourraient être la cause de cette candeur.
Malgré ses différends avec Yona, il assure une protection parfaite, ce qui implique que ses paroles ne reflètent pas totalement son opinion envers Yona. Il est très complice avec Su-Won, qu’il considère comme un frère.
Si le contexte pour Yona semble idyllique, elle est à des années-lumière de se douter de la tournure que vont prendre les évènements pour son seizième anniversaire. Une fête est organisée pour cet heureux jour, Su-Won a même fait le déplacement quelques jours auparavant pour surprendre Yona. Face à cette surprise, et à son entrée imminente dans l’âge adulte, la princesse décide de prendre son courage à deux mains et de contester la décision de son paternel. Elle rend visite à Su-Won, et lui confesse son amour pour lui depuis son plus jeune âge. Décontenancé, le principal intéressé ne sait que lui répondre, et lui avoue qu’il craint de ne pouvoir répondre à l’attente de ses sentiments.
Le jour de son anniversaire, pour faire bonne figure et remercier son père, Yona tente de faire abstraction de son revers amoureux. Pour s’excuser de son attitude, Su-Won lui offre une barrette florale, qui se marie parfaitement avec ses cheveux. « Moi, je les aime bien tes cheveux. C’est un beau roux. Ils ont la couleur de l’aube ». Ces paroles ne font que raviver de plus belle la passion de Yona pour Su-Won. Celle-ci décide le soir-même d’aller discuter avec son père afin de mieux comprendre ce refus de voir Su-Won sur le trône. Mais en se rendant dans la chambre de son père, Yona ne s’attendait pas à y trouver Su-Won, l’épée à la main, venant fraîchement d’assassiner son oncle.
Au-delà du refus de considérer son père comme mort, Yona dénie que l’homme devant elle soit celui qu’elle a toujours espéré épouser. Déboussolée, elle ne doit sa survie qu’à la clémence de Su-Won de ne pas l’exécuter sur le champ, ainsi qu’à la vigilance de Hak qui décèle une faible présence de gardes autour de la chambre royale. Ne sachant plus à qui faire confiance au sein du château, Hak affronte plusieurs adeptes de la cause de Su-Won, puis s’enfuit avec Yona vers l’inconnu.
Tous ces déboires vont alors forcer Yona, malgré elle, à ouvrir les yeux sur le terrible réalisme de la vie et sur la situation des habitants du royaume de Kouka, qui n’est pas aussi aisée que la sienne. Elle n’aura dans un premier temps que les bras de Hak pour la protéger et pour pleurer ses amours perdus. Les soldats royaux les laissant à tort pour décédés, Su-Won n’a alors plus aucun obstacle pour le trône et devient ainsi le successeur du roi II.
En voyageant par monts et par vaux, Yona et Hak rencontreront un prêtre qui leur confiera que la couleur des cheveux de la princesse n’est peut-être pas étrangère à la légende des dragons. Yona va alors décider de réunir les dragons, ce qu’elle reconnaît être une décision purement égoïste, mais qui va évoluer au fur et à mesure de ses rencontres avec la misère dans laquelle baignent les habitants du royaume.
Ce ne seront pas des dragons à proprement parler, mais plutôt des héritiers humains, ayant des caractéristiques fidèles à leur dragon de référence. Ce destin exceptionnel est réincarné chez un autre habitant du village dès que l’héritier meurt ou décède. Si certains villages adulent et attendent impatiemment le jour où les dragons seront amenés à changer l’ordre des choses, d’autres villages montrent un fort ressentiment face au porteur du pouvoir du dragon, allant jusqu’à parler de malédiction.
Si le guerrier blanc concentre son pouvoir dans son bras droit, le guerrier vert le possède dans sa jambe droite. Le guerrier bleu est quant à lui capable de terroriser une armée entière à l’aide de ses yeux, et le guerrier jaune est tout bonnement indestructible.
Et l’anime dans tout ça ?
Je concède que c’est une longue présentation, mais elle me semblait nécessaire pour mettre en exergue la richesse du scénario, ainsi que le champ quasi infini de possibilités qui s’étend pour écrire la suite de l’histoire. Ironiquement, c’est l’anime sorti en 2014 dont j’ai entendu parler avant le manga. Composé de vingt-quatre épisodes, il relate fidèlement les huit premiers tomes. Trois épisodes complètent cette saison comme introduction au nouveau dragon, le jaune Zeno.


Pour être honnête, je suis totalement tombé par hasard sur cet anime après avoir commencé les différents volets des Monogatari Series. L’excellente Saito Chiwa, qui double le personnage de Hitagi Senjougahara, est également à l’origine de la voix de Yona, ce qui a attisé ma curiosité. Cependant, si vous souhaitez une histoire complète, je vous conseille de directement commencer par la version papier. En effet, la deuxième saison a été annulée, suite à l’échec commercial de la première, ce qui laisse présager que la suite des aventures de Yona en anime n’arrivera probablement jamais.
Entre survie, relation et héritage
L’amour que je porte à ce manga est une conséquence du subtil mélange dont Mizuho Kusanagi me délecte à chaque planche. J’aime beaucoup son coup de crayon, les personnages sont originaux sans être totalement incohérents entre eux. Il est à noter que Yona est un harem inversé. Autrement dit, c’est une fille qui va exclusivement s’entourer de garçons, le scénario inverse étant généralement plébiscité dans les shonens (~ histoires pour garçons). Effectivement, Yona : princesse de l’aube est un shoujo (~ histoires pour filles). Comprenez alors que ce n’est pas exactement l’anime à choisir si vous souhaitez voir des bagarres à répétitions. Pour Yona, la lutte est aussi bien intérieure qu’extérieure.
Si elle est initialement protégée par Hak, ce dernier ne pourra pas la tenir indéfiniment loin de tous les dangers et il devra, souvent contre son gré, laisser Yona se heurter à la dure réalité de la vie. Candide, Yona est lâchée dans la nature inconnue, parfois hostile, souvent cruelle. Elle va rapidement se rendre compte que l’adulation qu’elle portait à son père est marginale, car les habitants du royaume de Kouka le tiennent pour responsable de la misère qui règne dans le pays, à cause d’impôts réguliers et démesurés. Certains sont même satisfaits de sa chute et voient en Su-Won un nouvel espoir pour le pays. Elle réalise ainsi que son père n’est pas aussi populaire que lui laissaient penser ceux qui la côtoyaient dans son château.
En léthargie suite au décès de son père, elle peine à distinguer qu’elle est toujours en vie, et n’échange que quelques mots avec Hak lorsque celui-ci entame la conversation. C’est lorsque son garde du corps va frôler la mort qu’elle va prendre conscience qu’elle peut encore perdre plus que ce qu’elle a déjà abandonné. Yona se décide suite à la révélation du prêtre de s’entourer des descendants de dragons pour protéger Hak, qui est tout ce qui lui reste.
Or, si la croyance populaire place la légende des dragons au rang de conte pour enfants, les descendants de dragons sont en réalité des secrets précieusement gardés par leurs clans. En effet, chaque descendant a eu l’honneur d’hériter de l’attribut de son dragon respectif. À sa mort, le descendant laissera aléatoirement sa place à un autre enfant du village qui, à son tour, attendra la venue de l’héritier du dragon originel. Le recrutement des dragons étant la ligne directrice de l’anime, il semble préférable de ne pas trop rentrer dans les détails pour laisser une grosse part de suspens. L’enfance de Shin-Ah, le dragon bleu, m’a personnellement fendu le cœur, démontrant qu’un pouvoir exceptionnel doit souvent s’accompagner d’un fardeau dur à porter.
L’image de l’aube n’est pas choisie au hasard. Yona, avant de connaître une histoire tragique suite à l’assassinat de son père, n’était en quelque sorte jamais née. Initialement, elle était une jeune femme coquette, dont la principale inquiétude était la couleur de ses cheveux. Et c’est particulièrement ce point qui m’a séduit chez Yona. Elle ne sait pas combattre, ne connait rien à l’amour si ce n’est sa passion à sens unique pour son cousin. Elle n’a pas de qualité particulière, elle ne sait pas diriger puisque son père l’a toujours écartée des décisions politiques et militaires du royaume. La notion d’anti-héros pourrait presque s’appliquer au cas de Yona, ce qui est assez rare pour un shojo. Et c’est touchant. En tout cas, cela m’a touché.
Quand elle a toujours mangé à sa faim et dormi dans des literies luxueuses, comment appréhende-t-elle des repas qui n’ont rien à envier à des jeûnes, ainsi que des nuits à la belle étoile en plein hiver ? Comment conserver la vision idyllique de son père lorsqu’elle croise des enfants au visage cadavérique, conséquences des impôts scandaleux instaurés suite aux décisions royales ?
Le second point qui me fait grandement apprécier ce monde est l’authenticité des relations entre les personnages. Il n’y a initialement pas de romance comme l’instaure souvent un shojo. Ici, tout est une question de nuances. La profondeur des personnages fait toute la différence, car il aurait été impossible d’obtenir ce statu quo entre Yona et les protagonistes masculins sans personnalité touchante. Malgré leur soumission héréditaire (les descendants de dragons ressentent quelque chose de « spécial » lorsqu’ils côtoient Yona), ne serait-ce pas réducteur que seul le patrimoine génétique régisse la façon de penser ? Par ailleurs, sauf une exception, tous les dragons sont timorés suite à leur première rencontre avec Yona. Ils sentent qu’elle n’est pas une personne commune, mais la côtoyer permettra de réaliser (ou non ?) qu’elle n’est pas qu’une princesse déchue, mais aussi blessée dans son orgueil et profondément meurtrie par la situation de son pays. Sa relation à part avec Hak est aussi exquise. Même s’ils ne se sont jamais quittés depuis leur plus jeune âge, leur communication est des plus chaotiques. Ils auront sans doute besoin de temps, d’évènements déclencheurs afin de surpasser ces chamailleries et de mieux analyser leur lien.
Le mot de la fin
Pour conclure, on pourrait dès lors penser que seul leur héritage génétique rapprocherait Yona et les dragons. Mais la beauté de Yona est aussi d’agréger des passés tortueux et de les unir pour défendre un but commun. Si son postulat de départ était de protéger Hak pour ne pas terminer seule, elle va très vite se rendre compte qu’elle ne peut pas fermer les yeux sur les injustices que rencontre le bas peuple. Même si les dragons sont dotés de pouvoirs uniques, ce serait osé de les considérer comme des combattants émérites. Eux aussi trainent des cadavres dans leurs placards. Et je ne sais pas vous, mais j’espère que tout cet amoncellement de personnages atypiques et touchants vous donnera envie de vite connaître la suite tout autant que moi !
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 23-24 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.