The boys ; vos héros comme vous ne les avez jamais vu.
Introduction
The Boys est une série télévisée américaine de super-héros, produite par Eric Kripke et basée sur la bande dessinée éponyme de Garth Ennis et Darick Robertson. Diffusée dans le monde entier depuis le 26 juillet 2019 sur la plateforme VOD (Video On Demand) d’Amazon : Prime Video, la série compte huit épisodes dans sa première saison. La deuxième saison a d’ores et déjà été tournée et sa diffusion est attendue pour le second semestre 2020.
L’histoire
Dans « The Boys », l’action prend place dans un univers contemporain alternatif, où des super-pouvoirs se sont déclarés chez une poignée d’individus dans le monde. Ces super-héros luttent contre le crime et oeuvrent à maintenir la paix, au point même d’être idolâtrés comme des superstars. Un business lucratif du maintien de l’ordre s’est ainsi développé sous l’impulsion de Vought, une agence qui promeut les exploits d’un groupe de super-héros ultra-populaires surnommés les « Sept ».
Hughie est vendeur dans un magasin d’électronique à New-York et mène un banal quotidien, jusqu’au jour où sa fiancée Robin se fait violemment faucher, non pas par une voiture en pleine course, mais par A-Train, l’homme le plus rapide au monde et un membre des Sept. L’impact est tel, que la jeune femme vole en éclat, laissant Hughie en état de choc et dans l’incompréhension la plus totale.



Cherchant toujours des explications, le jeune homme ne parvient pas à faire son deuil : ce sentiment n’en sera que plus fort, quand celle-ci sera classée par les autorités comme un malencontreux accident pour lequel le super-héros meurtrier s’en sortira sans éclaboussure… C’est à cet instant que Hughie commence à s’interroger et remettre en question ce en quoi, lui et toute la population, croit depuis leur plus tendre enfance : les « Sept », symbole de la justice, incarnant l’espoir, le courage et le salut aux yeux de tous.
Il est alors approché par Butcher, un mercenaire parti en croisade contre les « Sept », qui compte bien dévoiler au grand jour la face cachée de ces super-héros, loin d’être les modèles de vertu auxquels tout le monde croit. Dans le même temps, Annie est une jeune femme née avec des super-pouvoirs : sensible et idéaliste, elle rêve de sauver le monde depuis toute petite. Au prix d’un travail acharné, elle parvient enfin à rejoindre les « Sept » mais va vite se rendre compte que l’univers auquel elle aspirait depuis si longtemps n’est pas si reluisant…
L’adaptation
Les « Sept » ne manqueront pas de vous rappeler une certaine « Ligue des Justiciers » et ses emblématiques figures de proue : Superman, Wonderwoman, Flash, Aquaman… Oubliez donc tout ce que vous aviez vu jusqu’à présent car, sur le revers d’une même pièce, « The Boys » prend à contre-courant le thème des « super-héros » et vous les dépeint comme vous ne les avez jamais vu. Forts de leurs capacités et de leurs exploits, ces surhommes sont adulés par toute la population. A tel point qu’ils sont devenus imbus d’eux-mêmes, corrompus par la gloire et l’argent : ils sont désormais prêts à tout pour préserver leur image et leur réputation.
La mort de Robin semble donc n’être qu’un « accident » parmi tant d’autres que Vought cherche à étouffer afin de sauvegarder la lucrative popularité de ses super-héros. Hughie, Butcher et ses « Boys » ne vont pas l’entendre de cette oreille et, vont tout tenter pour enrayer la machine parfaitement huilée de l’influente multinationale. Dans cette lutte inégale, ils devront faire preuve d’ingéniosité pour exploiter au mieux les faiblesses de ces justiciers corrompus afin de leur faire courber l’échine et, enfin révéler au grand jour leur vraie nature. Un groupe d’humains antihéros qui va s’attaquer à des antagonistes, en la personne de super-héros, quasi indestructibles : le parallèle « David et Goliath » ne peut pas être plus explicite, c’est certain !



N’ayant pas lu la bande-dessinée, je ne saurais dire si cette adaptation rend hommage ou pas au média d’origine. Ce que je peux en revanche vous affirmer, c’est que j’ai adoré cet univers de super-héros dépeint ici avec ce qu’il faut d’humour noir et de cynisme pour ne jamais m’ennuyer ! La série est un amusant paradoxe, qui surfe sur le succès retentissant des films tirés de comics tout en le critiquant et le tournant en dérision. Difficile de ne pas y voir un parallèle avec Marvel, qui produit des films de super-héros à la chaîne depuis le lancement de son « Marvel Cinematic Universe » en 2008.
Au-delà de ce petit tacle à destination des « Marvel Studios », l’oeuvre braque également ses projecteurs sur la face sombre du pays des libertés, où ici les piliers des croyances populaires reposent en réalité sur de bien sordides fondations. Que ce soit dans le show-business ou la religion, la série met en relief la fabrication d’idoles modernes et leur instrumentalisation par une classe dirigeante prête à tout pour conserver ses intérêts. Elle pointe également du doigt le peuple, toujours plus insatiable de ce contenu formaté et disposé à croire sans discernement tout ce qui lui est présenté.
Si « The Boys » plaît autant, c’est aussi pour son casting d’acteurs emblématiques, de Jack Quaid dans la peau de Hughie, au génial Anthony Starr dans son interprétation de Homelander, sans oublier Karl Urban incarnant le charismatique Butcher. On prend ainsi plaisir à savourer les huit épisodes de cette première saison, à l’excellente réalisation (les effets spéciaux sont vraiment de toute beauté !) et à la qualité d’écriture irréprochable, qui nous amène à nous questionner sur notre propre rapport au divertissement. Vivre le rêve éveillé ou regarder la sinistre réalité ? Telle est la question.
Que retenir au final ?
« The Boys » est la pépite que beaucoup ont découverte cet été 2019. C’est une comédie dramatique décalée et irrévérencieuse, qui revisite entièrement le genre des « super-héros » et fait un pied de nez aux grandes multinationales de ce monde (auxquelles Amazon appartient d’ailleurs !) : en mettant en scène des super-héros déviants et pervers, couverts par ces sphères d’influences qui se chargent d’entretenir leur image immaculée auprès du public, au mépris de toutes règles de bienséance.
Eric Kripke nous livre ainsi une série d’action à la fois insolente, jubilatoire et trash par moment (à déconseiller donc à un trop jeune public), qui brille par sa mise en scène explosive. À mon sens, « The Boys » a absolument tout pour devenir culte : en attendant la seconde saison, c’est une série que je vous recommande chaudement !
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 23-24 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.