Dusk Maiden of Amnesia – Joli fantôme

Les histoires de fantômes ont pour but de faire peur. Du moins habituellement. Mais des fois, il est plus intéressant de regarder ce qu’il se cache derrière ces contes et autres rumeurs horrifiantes. C’est avec cette idée qu’arrive Dusk Maiden of Amnesia.

Ce manga était pré-publié du 22 Avril 2009 au 22 Juin 2013 dans le Monthly Gangan Joker (Fullmetal Alchemist, Soul Eater…) au Japon et est édité chez nous par Kana en dix (magnifiques) tomes. Écrit et dessiné par Maybe, duo d’un dessinateur et d’un scénariste. C’est leur première série grand public, ils étaient jusque là habitués aux one-shot hentai/ecchi (dont certains pour leur cercle de doujin « Armored Ginkakuji »). Cette expérience se retrouve dans Dusk Maiden of Amnesia, mais d’un point de vue positif. Enfin, la série était à l’origine un one-shot nommé « Cœur pur et ciel du soir » et qui donnera naissance au manga.Photo 11-08-2014 02 38 41

La série a également eu droit à une adaptation en anime par le studio Silver Link (Non Non Biyori, Kokoro Connect, Chivalry of a Failed Knight…). Une critique a d’ailleurs déjà été faite par Sangigi ici. Si le début de l’anime correspond au manga, l’adaptation prend rapidement ses distances de l’histoire originale permettant d’apprécier deux versions différentes de l’œuvre.

Concernant l’histoire, elle nous fait suivre Teiichi Niiya à l’école privée Seikyô dans laquelle de nombreuses histoires de fantômes circulent. La plus célèbre raconte qu’une étudiante aurait été enfermée vivante dans l’enceinte de l’école et qu’elle la hante depuis lors. Et c’est en s’aventurant dans l’ancien bâtiment, désormais inutilisé, qu’il va faire la rencontre de Yûko Kanoe, une ravissante jeune fille. Elle se révélera être le fameux spectre de l’école mais ignore (ou plutôt, a tout oublié) de son passé. C’est pour cette raison que le jeune Niiya va décider d’enquêter au sein du club d’investigation des activités paranormales afin de découvrir le passé de Yûko. Dans cette tâche, il sera épaulé par Momoe Okonogi, une seconde année du club de journalisme et un peu maladroite, et par Kirie Kanoe, une première année ayant d’étroits liens avec Yûko.

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Ainsi présenté, Dusk Maiden of Amnesia ne fait pas vraiment peur. Il n’y a même pas de quoi trembler un minimum. C’est justement là l’originalité de ce titre. Le manga contient effectivement des histoires de fantômes mais il les utilise d’une manière particulièrement intelligente. Là où certains parleront du « terrible esprit frappeur à l’angle du couloir », le manga montrera la pauvre Yûko se cognant bêtement le doigt de pied contre l’angle du-dit couloir. Ainsi, le récit exploitera ce genre de rumeurs et histoires de fantômes avec psychologie et réalisme. On verra davantage l’effet que ce genre de mythes peuvent avoir sur les personnes qui les connaissent, qu’elles y croient ou non. Au final, les parts les plus sombres du récit ne seront pas autant liées au paranormal qu’on pourrait le penser.

Au contraire, les thèmes de l’histoire sont beaucoup plus poétiques et humains que de simples frayeurs. Au travers de l’existence de Yûko, l’œuvre traitera de thématiques intrinsèquement humaines comme l’acceptation de son passé ou de sa tendre romance avec Niiya. C’est une belle histoire, mêlant poésie, mystère et horreur, que raconte Dusk Maiden of Amnesia. Le tout conté dans une ambiance à la fois horrifique, sexy et drôle.

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Et cette ambiance, on la doit notamment au dessin. Tout simplement magnifique, avec ses traits gras et prononcés, il insuffle instantanément une atmosphère particulière à l’œuvre. Il y a un jeu très fort sur le contraste. Ce manga obtient de cette manière une atmosphère particulièrement sombre, souvent mystérieuse et inquiétante. Les décors, à savoir le lycée et ses alentours, participent à cette sensation de mystère dans l’œuvre. Incroyablement grand et composé de nombreux dédales, le lycée ne manque pas de couloirs sombres et de salles isolées, propices aux énigmes fantomatiques de l’œuvre. Surtout, le vieux bâtiment, vide et lointain, dote le manga de son « manoir hanté » avec ses salles encombrées, son plancher cassé et ses vitres brisées. Le caractère horrifiant de Dusk Maiden of Amnesia se retrouve également dans certaines expressions des personnages ou décors horrifiques.

Les personnages, justement, sont fortement marqués, surtout au niveau des yeux. Leur chara-design est lui aussi excellent, comme avec les expressions, qu’elles soient graves ou simplistes. Elles sont toujours en adéquation avec le moment et les mimiques utilisées dans les instants comiques sont apaisantes pour le reste du manga. La morphologie des personnages impressionne par son réalisme, le tout étant proportionné avec une précision rare. Ce qui est surtout efficace avec Yûko, dont la beauté est régulièrement vantée, est véridique. Elle est par ailleurs le principal outil de fan-service du récit, mettant régulièrement en avant ses forts atouts féminins. Et dans Dusk Maiden of Amnesia, ce n’est pas réellement un mal tant, c’est intégré à l’histoire intelligemment. Ce fan-service permet de rappeler l’apparence humaine de Yûko, belle, à opposer avec son effrayant spectre. C’est une manière de montrer qu’elle est humaine, presque « encore vivante ». Enfin, ce fan-service ne brise jamais la narration et ne manque jamais d’élégance, s’intégrant avec l’atmosphère de l’œuvre.

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Au final, Dusk Maiden of Amnesia n’est pas à lire pour se faire peur. S’il possède bel et bien des éléments d’horreur, son histoire porte bien plus sur les sentiments que sur l’envie de nous faire peur. Ce n’est en rien un défaut, au contraire même. Le manga arrive à utiliser le genre horrifique et des histoires de fantôme afin de raconter une histoire d’amour et une quête d’identité. L’ambiance très travaillée et sombre donne un cachet particulier à cette série, la rendant savoureuse à lire. Enfin, ses qualités visuelles sont fortes, faisant du manga un véritable plaisir pour nos yeux. Une magnifique poésie horrifique !



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Ancien membre de l'association.

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