Les mécanismes de la comédie romantique

Pour ce numéro, je reviens avec un sujet qui ne devrait pas manquer d’intéresser les fondus de romantisme. Et de démystifier quelques sceptiques qui ne trouveraient pas cela « viril », l’humour et l’amour cela n’a pas de sexe !

Les histoires d’amour avec un grand ou un petit « a » ont connu de tout temps leur petit succès. Ce n’est même pas un phénomène de mode, puisqu’on les retrouve à toute époque et sur tout support : depuis l’histoire mythologique d’Isis qui va reconstituer littéralement son époux, Osiris ; jusqu’aux très édulcorés contes de fée de Disney, comme « Cendrillon » ou « la petite sirène » ; en passant par quelques grands classiques du cinéma moderne, notamment américains, comme avec « Nuits blanches à Seattle » ou les amoureux tragiques de « Titanic » ; la littérature n’étant pas en reste non plus, avec pléthore d’histoires d’amour, depuis « Tristan et Iseult » aux drôleries à la sauce Françoise Dorin, sans oublier l’incontournable « Roméo et Juliette ».

Le sujet est vaste et je pourrais discourir indéfiniment, rien que pour vous citer des exemples ou des titres. Aussi, me suis-je concentrée uniquement sur les comédies romantiques. Là aussi, les choix étaient multiples, car, hors quelques perles cinématographiques pas nécessairement récentes, ou les inévitables reprises des contes de fée de Disney, la télévision s’avère plutôt friande des amourettes. Si nous prenons la peine d’y porter attention, nous en retrouvons même dans des séries policières, médicales (les histoires salaces entre médecins semblent même des incontournables), et bien entendu dans les feuilletons fleuves tel l’indétrônable « Feux de l’Amour ».

Mais où est le romantisme dans tout cela ?

En fait, hormis quelques « sitcoms » pour adolescents pré-pubères, les vraies séries purement romantiques sont quasi inexistantes en France. Alors qu’elles pullulent littéralement dans le paysage audiovisuel asiatique.

Si nos amis japonais en sont friands, notamment le jeune public qui trouve souvent son compte avec les nombreuses adaptations de mangas shôjo, beaucoup de séries romantiques destinées à un public plus mature sont assez tragiques.

Nos amis taïwanais sont plus tournés vers l’humour, avec toujours une petite touche de mélodrame pour corser leurs séries romantiques. Et nos inénarrables amis coréens (pour ne citer qu’eux car plus facilement accessible à un public francophone) ne peuvent s’empêcher d’introduire une part comique, même dans les histoires les plus sinistres. Chez eux, j’ai certes retrouvé les mécanismes de la comédie shôjo, mais j’ai surtout découvert des thèmes et des développements autrement plus intéressants que dans les soupes servies en Occident.

Pour vous aider à choisir les comédies romantiques qui sauront vous satisfaire, j’ai décortiqué pour vous leurs mécanismes. Chacun devrait y trouver son compte et, j’espère, certains frileux pourraient bien se laisser tenter par ce genre et plonger enfin dans l’univers immense du drama.

Premier Rouage : le couple

Qui dit romance, dit couple. C’est une évidence. Mais comment présenter cet incontournable sans tomber dans les clichés tel « la demoiselle en détresse et le chevalier servant », « la malheureuse princesse et le prince charmant », etc. En les détournant tout simplement. Voire en leur ajoutant quelques clichés plus modernes. Voici quelques exemples pour le mécanisme principal de la comédie romantique :

Le couple classique : deux personnages, masculin et féminin, de préférence (mais c’est valable aussi pour toute histoire romantique). En général, n’ayant de prime abord, aucun point en commun, mais qui vont apprendre à s’apprécier au fil de l’histoire. Exercice difficile pour les scénaristes car ils doivent alimenter leur scénario avec finesse pour ne pas lasser le public. Le couple principal peut être agrémenté d’un couple secondaire pour pimenter un peu l’histoire comme dans « Goblin The Lonely and Great God ».

Le triangle amoureux : trois personnages, soit deux femmes et un homme, soit deux hommes et une femme. « A aime B qui aime C qui aime A », ou une variante avec « A et C aime B, mais B aime qui ? », comme dans Jealousy Incarnate. Un grand classique qui suivant le contexte peut offrir de beaux moments bien palpitants ou une navrante affliction lorsque c’est amené de façon trop mièvre.

Le carré amoureux : une variante du précédent avec deux personnages de chaque sexe qui vont jouer un joli chassé-croisé, jusqu’à revenir, au pire, en fin d’histoire à un unique couple, les autres étant lamentablement jetés aux oubliettes. Dans le meilleur des cas, les couples peuvent s’inverser, ou éclater pour ne donner qu’un couple principal (différent de celui de départ) et deux couples secondaires avec l’introduction d’autres protagonistes. Ce format là est le plus souvent utilisé, mais pas toujours de façon aussi tranchée. Cela part parfois de la première option, qu’on agrémente de partenaires potentiels ou plus officiels pour pimenter l’histoire.

– Enfin, un incontournable des séries « jeunes publics », le harem, ou plus précisément le harem inversé (public principalement féminin oblige) : une jeune femme entourée de beaux garçons. Les jeunes gens sont souvent au nombre de quatre car cela permet de mettre en avant certains clichés comme le mauvais garçon, le riche héritier, le Don Juan et l’homme-enfant (ou le tendre). Le plus prisé du genre étant Hana Yori Dango qui est pourtant un faux harem inversé; puisque seuls deux des garçons sont des amoureux potentiels.

Deuxième rouage : le contexte

Ici, les scénaristes ou auteurs (pour les adaptations de mangas) font preuve d’une imagination débordante pour améliorer ou détourner les grands classiques du cliché romantique.

Comme en Occident, nous allons souvent rencontrer les clichés du pauvre et de la princesse, de la demoiselle en détresse et du chevalier servant, arrangés à la sauce moderne. Pourtant, les femmes y sont rarement aussi naïves que les demoiselles ou princesses de nos contes de fée. La plupart du temps, elles sont bien plus indépendantes et volontaires, tout en conservant une certaine innocence. Les hommes s’avèrent souvent bien plus caractériels que leur physique engageant ne le laisse présager, ou bien plus tourmentés que leur froideur apparente pourrait laisser soupçonner. Le summum du genre avec « Brilliant Legacy » qui détourne habilement le conte de Cendrillon en y introduisant des éléments plus profonds comme l’autisme du petit frère, les conflits de pouvoirs face à une présidente de société âgée mais omnipotente, qui déshérite son petit-fils au profit d’une parfaite étrangère, parce qu’il ne mérite pas son empire, en enfant pourri-gâté qu’il semble être.

Des sujets plus actuels servent aussi de thème central à ces comédies romantiques :

– l’amitié homme-femme (ça existe vraiment !) comme dans « The Time We Were Not in Love ».

– le clivage entre classes sociales (l’esprit de caste étant encore profondément ancré malgré tous les discours égalitaires),

– des phobies diverses, la principale usitée étant l’agoraphobie (bien pratique car Raiponce est malgré tout un conte bien connu), mais on est loin de la jeune fille passive qui tend sa chevelure pour que son prince la sauve. Elle s’est enfermée d’elle-même dans sa tour d’ivoire et met généralement toute son énergie à empêcher quiconque d’empiéter sur son espace vital. Les princes en puissance ont du souci à se faire qu’ils soient exubérant et égoïste ou timide et attentif comme dans Flower Boy Next Door (Corée 2013 – un joli mélange de carré amoureux et de harem inversé), ou encore

– le dédoublement de personnalité – oui, l’occident en fait un sujet de film de thriller quand l’orient s’en sert pour des comédies romantiques (je vous garantie ça fonctionne aussi bien !) – est un contexte plutôt amusant surtout quand on suit « Kill Me, Heal Me » (ici un triangle amoureux, qui s’élargirait presque en carré amoureux, même s’il s’agit plus de marquer le côté comique).

Rien n’est tabou, tout est prétexte à créer un contexte inédit.

Troisième rouage : le déclic amoureux

Parfois, les personnages se rencontrent fortuitement au début de l’histoire ; parfois ils se connaissent depuis longtemps ; d’autres fois, seul l’un des protagonistes admirait l’autre de loin avant qu’un événement ne les mette face à face. Il arrive aussi qu’ils se soient connus (dans leur enfance ou leur jeunesse) et se soient oubliés (ou pas), puis se retrouvent après de nombreuses années de séparation.

Tout le scénario se construit soit pour démontrer comment la rencontre fortuite ou les retrouvailles vont aboutir à l’heureuse union du couple après moult péripéties, contretemps et autres aléas ; soit pour suivre l’évolution des relations entre ces personnages qui croient se connaître et se découvrent encore malgré un passé commun, parfois mouvementé, à travers un présent tout aussi chamboulé.

Ces péripéties contribuent à construire et renforcer la romance entre les personnages et nous mènent d’abord au déclic amoureux : la prise de conscience mutuelle.

Cependant, vous pouvez être sûr qu’un événement viendra défaire ou contrarier ces amours naissantes. Ceci n’ayant pour but que de démontrer la force et la profondeur des sentiments des personnages au final.

Quatrième rouage : le baiser

Si le déclic amoureux est essentiel à toute comédie romantique, il n’est que le tout premier élément de la romance. Le second étant bien entendu, le baiser.

Lorsque les personnages laissent enfin libre cours à leurs sentiments. Là aussi, les scénaristes aiment à vous faire languir et peuvent user de nombreux moyens pour vous tromper ou vous surprendre car tout « baiser » n’est pas forcément un aboutissement amoureux.

En voici donc les différentes nuances :

le baiser fortuit : généralement issu d’un incident comme une chute, bien providentielle, ou encore une bousculade où les lèvres de deux protagonistes vont se frôler ou bien entrer violemment en contact. Il arrive parfois que ce baiser accidentel serve de catalyseur au déclic amoureux. Il a parfois un autre rôle que je vous dévoile plus loin

le baiser manqué : ici, le scénario va construire une atmosphère très romantique conduisant à une brusque flambée des sentiments qui poussent les personnages à s’embrasser. Mais invariablement un événement bruyant va venir briser cette atmosphère avant la rencontre labiale : l’arrivée brusque d’autres protagonistes, un appel téléphonique qui rompt le charme, etc. Tout comme le baiser fortuit, il peut servir de rouage à la romance, mais aussi de ressort au scénario.

le baiser humide : rien de salace rassurez-vous, puisqu’il s’agit souvent d’un baiser d’adieu. Les amoureux échangent en larmes un ultime baiser avant une séparation qu’ils pensent inéluctable et définitive. Celui-ci est un incontournable des histoires d’amour qui finissent tragiquement, mais avec les comédies romantiques, surtout s’il est l’unique baiser de l’histoire que vous suivez, il ne sert que d’avant-goût à de meilleurs auspices.

le baiser timide : les amoureux enlacés s’embrassent d’un bref frôlement de lèvres. Vous espériez plus, mais restez sur votre faim. Ils ne sont pas encore prêts pour les grandes envolées

le baiser langoureux : celui-ci est le véritable accomplissement de la romance, il annonce également une nouvelle étape dans la relation amoureuse, même si elle n’arrive pas toujours immédiatement (et vous ne la verrez pas forcément, bande de petits coquins, surtout quand ce baiser là arrive en fin de série).

Au passage, si les scènes de sexe sont inévitables quasiment dans toutes les séries occidentales pour statuer d’une histoire d’amour, les comédies romantiques asiatiques sont plus pudiques, sans être prudes, les scènes de lit étant souvent traitées soit par le comique (genre animation comme dans Fated to Love) ou ne montrant que les préliminaires avec une multitude de baisers fougueux et un début de mutuel déshabillage. Car en réalité, une romance peut parfaitement se construire sans sexe, alors que les coucheries sont généralement exemptes de toute romance.

Pour en finir avec les différents rouages, je vais vous livrer mon avis personnel sur l’assemblage que j’apprécie le plus. J’ai une nette préférence pour les rencontres explosives, bien loin des mièvreries d’antan, entre protagonistes que tout oppose de prime abord. Quel que soit le cliché de trame choisi par le scénariste, l’axe amoureux pris (duo, triangle ou carré amoureux), elles offrent toujours le piquant indispensable pour que la comédie prenne. Car qui dit comédie, invite avant tout au rire, non ? Et nous arrivons donc aux ressorts qui font que les rouages tournent bien ensemble.

Les ressorts du mécanisme

Ils sont de plusieurs natures, certains sont là uniquement pour souligner l’aspect romantique, d’autres sont présents pour donner du relief à l’histoire, d’autres encore n’ont pour but que de faire rire le spectateur et dédramatiser certains passages qui pourraient paraître lourds.

Le ressort comique

Presque toujours incarné par un personnage secondaire, une sorte de clown de service, le ressort comique porte bien son nom même si parfois ce personnage grotesque ne vous fera qu’au mieux, sourire. Il peut aussi s’attacher à une caractéristique particulière d’un des personnages principaux, comme dans la version coréenne de Fated to Love, avec le rire dément du fils fortuné (ça perturbe au début mais ce rire, agaçant, devient presque hypnotique et communicatif au second visionnage, lorsqu’on en connaît la raison profonde).

Le côté comique s’inscrit aussi bien dans les dialogues, comédie oblige, que dans certaines situations, de préférence gênantes pour les protagonistes de l’action en cours.

Un exemple typique que vous retrouverez souvent lorsque que deux personnages de sexe opposé partagent, même fortuitement, un même lieu d’habitation : l’un des protagonistes occupe la salle de bain, lorsque le second surgit brusquement.

À situation identique, les variations sont cependant nombreuses, pouvant provoquer d’énormes fous rires, ou de simples gloussements niais.

Le ressort mélodramatique

Juste pendant du ressort comique, il peut devenir axe principal sur lequel s’agenceront rouages et autres ressorts pour la construction de l’histoire. Toutefois, il sait aussi se faire discret en n’intervenant qu’à quelques moments stratégiques.

Le ressort mélodramatique n’est là que pour donner du piquant à l’histoire, de la profondeur aussi. Même si certains scénaristes s’en servent parfois abusivement, pour donner un second, voire un troisième souffle, à une histoire un peu trop mal ficelée.

Ici, nous retrouvons souvent les mêmes : accident tragique ou non, annonce d’une maladie grave, révélation d’un lourd secret, brusque disparition, etc. Selon le ou les moments où ce ressort apparaît dans l’histoire, il peut changer tout le tempo du scénario, lui donner un rythme plus trépidant ou marquer un brusque arrêt qui mal amené peut briser toute dynamique. Tout est question de dosage et de la sensibilité que vous aurez vis à vis de ces « minis » drames.

Le flash-back

Indispensable, comme pour toute série, à faire connaître le passé des protagonistes, le flash-back sert souvent à souligner l’aspect mélodramatique.

Il a cependant une autre fonction, celle de symboliser la prise de conscience du sentiment amoureux. Soit un protagoniste après l’autre, lorsque que le déclic n’est pas synchrone, soit dans un savant jeu en chassé-croisé, lorsque les deux amoureux font de l’introspection mutuelle, mais séparément.

Ce ressort est souvent utilisé aussi lors d’une séparation qui se veut définitive, lorsque l’un des amoureux plonge dans ses souvenirs, voire les deux, pour se remémorer les moments passés ensemble.

Le temps et la météo ont aussi une part prépondérante dans les comédies romantiques :

– le temps qui passe, le passé, le présent sont aussi symbolisés dans les flashbacks, mais le temps peut faire partie intégrante de l’histoire, surtout utilisé dans les romances qui traverse le temps, avec les histoires de réincarnation, de fantômes ou de vampires plus particulièrement.

– le coucher ou le lever de soleil : emblématique, il ne sert souvent que de toile de fond à un rendez-vous amoureux, pourtant il apporte parfois un aspect dynamique lorsqu’il devient un but à atteindre.

– la pluie : ce n’est pas nouveau, prenez Fred Astraire et Ginger Rogers dans « Singing in the Rain » – Comment ? Vous ne connaissez pas ? Honte à vous ! – Pourtant, nos amis coréens s’en délectent et y font même des clins d’œil avec, par exemple, les personnages de « Doctors » qui s’offrent un petit tour de piste dansant dans un parc sous la pluie.

La pluie est souvent présente dans les comédies romantiques (au même titre que le soleil certes). Elle a cependant deux rôles distincts : souligner comme une séparation, mais aussi participer à un moment d’intimité entre deux amoureux potentiels (l’exemple le plus fréquent étant une balade à deux sous un parapluie).

L’habillage : présentation d’un mécanisme, façon horlogerie 

Le scénario

Ici, nous touchons à l’élément essentiel qui donnera une excellente comédie romantique, ou le pire navet qui soit. L’art du scénariste à assembler les différents rouages, et ressorts principaux, en un tout cohérent, à la fois drôle et touchant. Une rom-com est faite pour toucher les cœurs, autant par le rire que par l’amour.

La musique

Indispensable sous tout support vidéo, la musique participe à l’ambiance générale, qui peut marquer le spectateur, ou se faire plus discrète qu’un murmure.

Avec les génériques, si elle est bien choisie, elle vous donnera aussi un bref aperçu du ton donné par le scénario. Elle peut même parfois se faire ressort quand elle devient partie intégrante de l’histoire, ou encore thème principal.

Thèmes et genres

Les thèmes et genres les plus courants en comédie romantique sont axés « tranche de vie », « scolaire », « fantastique », le milieu médical ou musical ayant également une grosse côte.

Le fantastique est un gros point commun pour les comédies romantiques, qui relient l’Orient et l’Occident, avec les histoires de vampires ou de fantômes.

Fond et format

Le fond découle entièrement du format à mon sens. Avec un format court d’une heure et demie en moyenne, les films et téléfilms n’ont que peu de matières pour approfondir une histoire. Pourtant, si le fond est souvent léger, la romance est indéniablement à l’honneur.

Avec un format long, comme dans les séries américaines, qui s’étalent sur plusieurs saisons, la comédie prend souvent le pas sur la romance, sans toujours gagner en profondeur. Les romances y sont tellement diluées, qu’elles se succèdent sans conviction, avant de s’arrêter sur un couple final.

Avec un format moyen, comme pour les séries asiatiques, qui ne durent qu’une saison de onze à vingt épisodes, selon les pays, nous avons l’espoir d’obtenir un développement intéressant des personnages, sans entrer dans une succession pénible d’amours malheureuses, voire factices et superficielles, avant d’avoir un couple final convaincant.

Un petit aperçu

Ceci m’amène à la fin de mon exposé mais je ne voulais pas vous quitter si vite. Dans ce qui suit, j’ai déshabillé pour vous quelques unes des meilleures comédies romantiques à mon sens. L’histoire générale est bien ficelée mais, le plus important, les éléments du mécanisme y fonctionnent à la perfection ou presque.

Kill me, Heal me

Disponible sur DramaPassion (hiver 2015 – 20 épisodes de 60 minutes)*

Dans cette série, l’amoureux potentiel souffre d’une forme assez extrême de dédoublement de la personnalité. Cette particularité sert le scénario à plusieurs niveaux.

Pour le premier rouage, il s’agit d’un unique couple, dont la relation se trouve renforcée d’une part par une ébauche de carré amoureux, mais surtout, d’autre part par cette sorte de harem inversé très particulier. Le contexte est posé dès le départ, et s’appuie sur deux ressorts antagonistes : comique et dramatique.

Drame parce que la maladie a forcément une source que le scénario dévoile peu à peu, cette source a d’ailleurs des racines très profondes avec des conséquences sur plusieurs autres personnages. Comique pour la partie relationnelle entre les deux personnages principaux, la jeune femme étant embauchée pour « surveiller » mais surtout aider l’homme malade à guérir, elle va subir tour à tour chacun de ses changements de personnalité, dont certains sont totalement extravagants.

Le troisième rouage découle aussi de cet aspect et de la relation très particulière que les deux personnages principaux entretiennent (semi huis clos par nécessité de garder la maladie secrète par exemple et les débordements collatéraux cocasses ou non lorsque que la situation échappe à tout contrôle). Pour le déclic amoureux, tout est déjà résumé dans le titre, la magie du scénario vous fera découvrir cet assassinat salvateur.

Pour le baiser, je vous laisse le soin de le découvrir. Après tout, n’est-ce pas, mesdames et demoiselles, ce qui fait aussi le piquant de l’histoire !

Goblin ou The Lonely and Great God****

Disponible sur DramaPassion (hiver 2016/2017 – 16 épisodes de 70 minutes) L’année dernière, je vous avais parlé de mon coup de cœur pour cette série.

Outre, l’histoire fantastique et la musique sublime, Lonely Goblin est un pur bijou d’horlogerie. Ici, l’aspect mélodramatique est si finement intriqué dans la trame de l’histoire qu’il en devient un axe principal.

D’abord, deux couples distincts, dont le second sert de faire-valoir au premier. Ensuite, le contexte qui est lié aux croyances sur la réincarnation, mais s’axe aussi sur les conflits générationnels, en explosant au passage un gros à priori : la différence d’âge dans une relation amoureuse – plus de neuf cent ans, ça vous en bouche un coin !

Pourtant, cela reste une comédie romantique. La musique joue ici aussi sur plusieurs tableaux, autant habillage avec ses génériques sublimes, que participant actif à la trame romantique. En effet, chaque personnage possède son propre thème, chaque type d’interaction entre les protagonistes a le sien propre.

Elle participe aussi du ressort comique, attaché autant aux personnages principaux, fantastiques, extravagants ou extravertis, même s’ils frisent parfois le ridicule, qu’aux différentes situations dans lesquelles ils se trouvent. Le ressort comique et la musique sont présents partout pour alléger une trame lourdement tragique.

Les dialogues décalés, les affrontements inévitables entre les deux protagonistes principaux, tout est conçu pour vous donner le sourire, voire le fou rire. Le baiser y trouve de nombreuses formes, parfois rouage, parfois ressort selon le couple concerné.

Le déclic amoureux est lent à venir, mais c’est tout ce qui en fait la saveur, car la suite ne s’annonce pas heureuse, et pourtant, je maintiens qu’il s’agit d’une comédie romantique. À vous le plaisir de découvrir pourquoi.

Meteor Garden (Hunan TV) ou Le jardin des météores pour la VF

En cours sur Netflix – (Été 2018 – 48 épisodes de 45 minutes annoncés, soit 2 saisons)**

Ce format exceptionnel mérite un petit arrêt sur l’histoire, qui est l’une des plus romantiques, malgré son contexte très classique du genre « la pauvresse et le prince ». Meteor Garden est la version chinoise d’une histoire originale japonaise, tirée du manga Hana Yori Dango, qui a connu l’un des plus grands nombres d’adaptations (2 animes, 8 dramas, 2 films). Une autre version est disponible sur DramaPassion (Boys before Flowers*), mais j’ai une grosse préférence pour la toute nouvelle version chinoise (la seconde en fait), car l’aspect « comédie » y est bien représenté, l’histoire d’origine faisant un peu dans le mélo.

D’abord, il s’agit d’un faux harem inversé, quatre beaux gosses, riches et populaires, face à une « frêle » et pauvre jeune fille, sauf qu’elle n’est pas si faible que ça, voire extrêmement percutante en fonction des versions. Et les beaux gosses ne sont pas tous très reluisants, particulièrement le leader qui tient plus de l’enfant pourri-gâté que du « noble » aristocrate. Bref, vous l’aurez deviné, le déroulement de la relation amoureuse, mais aussi l’aspect comique tiennent surtout des relations houleuses entre la jeune fille qui trouve insupportable l’attitude arrogante, voire despotique, du leader et le lui fait savoir de façons multiples et variées.

Dans Meteor Garden, le harem inversé est renforcé et devient plus crédible avec l’ami d’enfance de la jeune fille, ainsi qu’avec l’ajout de rivaux potentiels plus nombreux. L’aspect tyrannique du groupe de beaux gosses a été un peu gommé pour mettre l’accent sur l’amitié entre garçons. L’aspect comique est renforcé sur le leader, l’ajout de l’ami d’enfance offre aussi un faire-valoir comique au harem inversé.

Lorsque le harem se délite en un seul et unique couple, l’histoire se transforme vite en mélo avec la lutte des deux jeunes gens contre la volonté despotique d’un parent qui veut briser cette relation.

C’est aussi l’une des rares comédies romantiques asiatiques qui présente parfois deux saisons (je n’en connais pas d’autres mais je n’ai pas tout vu non plus). À l’heure où j’écris, la série sur Netflix est encore en cours , mais après un si bon début, elle ne devrait pas être décevante, après tout je connais déjà l’histoire, et vous ?

The Time we were not in love

Disponible sur DramaPassion (été 2015 – 16 épisodes de 60 minutes)
Cette série est l’adaptation coréenne de la série taïwanaise In Time with You.

Le couple principal n’est pas un couple d’amoureux, mais un couple d’amis d’enfance. Le contexte est donc l’amitié homme-femme apparemment. Pourtant, il s’agit d’un leurre, renforcé par l’ajout de partenaires plus ou moins officiels à chacun des protagonistes. La relation complice, quasi fusionnelle, entre cet homme et cette femme ne laisse que peu de doutes au spectateur, si le titre ne donnait pas déjà un super indice.

Ici, le ressort dramatique est presque absent, la comédie joue avec brio sur un autre ressort, le spectateur lui-même, en le plongeant dans l’attente de deux rouages indispensables : le déclic amoureux et le fameux baiser.

Tout en déroulant l’histoire, le scénario use d’un autre ressort pour jouer avec le spectateur : le flash-back, distillant savamment, au fil de l’histoire, le passé commun des deux protagonistes, montrant toutes les occasions manquées à ce déclic qui ont mené à cette pseudo situation de blocage. Tout le jeu tend aussi à présenter les occasions qui, elles, vont enfin mener à ce fameux déclic.

Avec en point d’ancrage, la crise de la trentaine de deux célibataires malgré eux qui se voient contraints de s’interroger sur leurs différents échecs à mener une vie amoureuse, sur un pari fait pour être le premier à se marier. La toile de fond se joue entre monde de l’aviation et monde de la mode. À savourer sans modération.

Flower Boy next Door (ou My Neighbor Flower Boy )

Disponible sur DramaPassion (hiver 2013 – 16 épisodes de 45 minutes)

Ici, nous retrouvons une adaptation très moderne de Raiponce. La jeune fille s’isole volontairement dans son appartement, le motif relevant du ressort dramatique, tout en gardant un œil vigilant sur le monde extérieur.

Si le contexte est très classique, le rouage principal est lui insolite, puisqu’il s’agit d’un triangle amoureux, qui se transforme en carré, façon harem inversé, pour revenir sur un triangle amoureux d’une autre nature. Cette jeune femme, amoureuse d’un seul prince charmant, si isolée, va attirer bien plus de prétendants que le contexte ne le permettrait en apparence.

L’un des prétendants est conscient de cet isolement, mais ne sait que faire pour ouvrir la jeune fille à un monde extérieur que pourtant elle n’ignore en rien, et la protège en silence. Le prince charmant, lui, n’a nulle conscience de cet amour anonyme, et quelque peu voyeur. Tout dérape avec l’arrivée d’un protagoniste qui n’a rien d’un prétendant mais qui va chambouler cet équilibre parfait et frustrant.

Le ressort comique s’attache surtout sur le trublion, et ses interactions avec la jeune femme, et l’amoureux transis. Il fera aussi surgir le ressort dramatique, qu’on pourrait facilement oublier, en faisant remonter à la surface la raison initiale de cet isolement volontaire.

La toile de fond est très variée mais pas si éloignée du contexte quand on y réfléchit, avec l’univers des « webtoons », celui de l’édition et celui des jeux vidéos. C’est léger, malgré un contexte difficile, c’est drôle, et le final, bien que prévisible, est plus que satisfaisant. Une belle romance, ficelée en comédie douce mais pas trop suave.

Fated to Love You***

Disponible sur DramaPassion (été 2014- 20 épisodes de 59 minutes)

Cette série est l’adaptation coréenne de la série éponyme taïwanaise. Nous sommes en présence d’un carré amoureux, qui fluctue au fil de l’histoire.

Le contexte : une jeune fille, apparemment quelconque, tombe enceinte lors d’une croisière romantique et se voit contrainte d’épouser un riche et jeune PDG qui la méprise au plus haut point car il est amoureux d’une sublime danseuse étoile.

Pourquoi un carré, plutôt qu’un triangle ? Parce que bien entendu, la croisière comprenait un autre amoureux, et les circonstances font que deux personnes totalement inconnues partagent un moment des plus passionnés aux conséquences graves. Le carré amoureux ne disparaît pas après le mariage, puisque la fiancée officieuse devient plus présente et un tout autre prétendant apparaît rapidement pour l’épouse malheureuse.

Le mariage forcé n’est pourtant pas le ressort dramatique de cette histoire, il en serait même le ressort comique paradoxalement. L’aspect comique s’attache aussi bien aux personnages principaux, à la relation faussée entre les deux époux, qu’aux personnages secondaires.

Et le déclic amoureux est finement amené, grâce à cet enfant à naître, qui force les époux à apprendre à se connaître. Mais le scénario vous fera languir pour le dernier rouage, malgré ce début sur les chapeaux de roues, avec quelques fausses alertes, mais surtout un puissant ressort dramatique qui renverse complètement la situation en milieu de série.

Dans cette version, je l’ai déjà évoqué, le ressort comique tient aussi au rire dément du personnage principal. Mais il ne faut surtout pas bloquer dessus car il y a un sens caché. Une des plus belles histoires d’amour (avec un grand A) autour d’un axe très classique, avec en toile de fond le monde des arts et celui des cosmétiques.

You’re Beautiful*

Disponible sur DramaPassion (automne 2009 – 16 épisodes de 70 minutes)

Ici, aussi nous retrouvons un classique de la comédie romantique asiatique, puisque cette histoire a déjà connu deux autres adaptations en drama ( Hikemen Desu Ne – Japon 2011 et Fabulous Boys – Taïwan 2013). Celle-ci étant la toute première. Chaque version offre une fin légèrement différente, donc laissez vous tenter par les trois si vous le pouvez et faites votre choix de cœur pour la meilleure version.

Il s’agit d’un harem inversé du plus bel effet, avec un contexte piquant. Une future nonne prend la place de son frère jumeau au sein d’un groupe musical d’idoles. Si le déclic amoureux est plutôt lent à venir chez la jeune femme, le baiser lui est prompt, même s’il est rare en réalité.

La toile de fond est la musique et ici chacun des garçons finira par s’enticher de ce garçon manqué, à leur façon. Le ressort comique tient de leurs réactions et interactions. Et le ressort dramatique s’attaque autant au passé des personnages principaux, qui aura une influence directe sur leur présent et leur futur, qu’à l’aboutissement presque inévitablement blessant pour plusieurs des garçons. Une vague ébauche de triangle amoureux vient renforcer les liens entre les protagonistes et tenter de brouiller dans l’esprit du spectateur sur le couple final.

Pour cette version, le final est un peu décevant mais l’ensemble de l’histoire reste appréciable avec une alternance de scènes comiques ou tristes, savamment dosée, la toile de fond musicale étant servie au mieux par une bande son et des chansons sublimes.

Ceci n’est qu’une infime partie d’une liste non exhaustive de comédies romantiques asiatiques, mais je m’arrêterai là. Une liste bien trop longue que j’ai encore dû limiter aux dramas accessibles à un public français, de préférence d’origine coréenne, et dont les caractéristiques sont suffisamment remarquables pour vous donner des exemples concrets, tout offrant à votre attention de bien belles histoires.

Pour conclure

Comme je l’écrivais dans l’introduction, je pourrais poursuivre indéfiniment sur ce même sujet. Les différents assemblages des mécanismes de la comédie romantique offrent de multiples possibilités, uniquement limitées par l’imagination des scénaristes ou auteurs.

Si j’ai choisi les dramas coréens, c’est également parce que leur format présente les meilleurs exemples, où ces mécanismes sont les plus visibles si l’on y prête attention. Mais ils sont tout autant présents sur d’autres supports, tels les romans, les films, etc..

Au final, cependant, comme la plus belle des montres vous donnera l’heure exacte, tout en charmant vos yeux, la meilleure comédie romantique reste celle qui saura vous faire oublier ses mécanismes.

Les inconditionnels du genre ne sauraient me contredire, choisissez votre thème préféré et profitez du voyage !


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 20-21 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.

Les dramas marqués d’une * sont désormais disponibles sur Netflix

** La version finie sur Netflix ne comprend qu’une saison et 30 épisodes
*** La version Netflix est disponible sous le titre You are my destiny
**** Goblin est aussi disponible sur Viki sous le titre Gardien : Le Dieu solitaire et majestueux



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Rédigé par

Tricoteuse de chiffres IRL. Garde & Petite Main du Mag'zine. Animatrice du Divan dit Vent. Phrase fétiche : « Puissiez-vous vivre des moments intéressants »

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