Exploration de Lille avec Pokemon Go

Pokémon Go est partout. Impossible de le rater tant il est présent à tous les niveaux de notre société. Et il n’y avait aucune raison pour que Mag’zine échappe à cette folle ferveur !

Attention cependant, ici je ne parlerai pas de douze astuces pour capturer des Pokémon en masse ou de comment monter son Magicarpe à plus mille PC rapidement. Je traiterai plutôt un aspect central du jeu et pourtant souvent oublié : l’exploration. Parce que Pokémon Go a beau être un jeu vous faisant capturer des bestioles virtuelles, rappelons qu’il se joue principalement (pour ne pas dire exclusivement) en extérieur. Et avec son concept de PokéStop, il est une véritable incitation à l’exploration urbaine de son quartier et de sa ville. Pour définir simplement ce que sont les PokéStop, disons que ce sont des « lieux-dit », des points d’intérêt. Cela peut donc aller d’un immense et célèbre musée des Beaux-Arts à de simples sculptures à peine discernables dans la rue. Et c’est cette faculté que j’ai donc décidé d’exploiter afin d’explorer Lille (là où j’habite) en partant de la Place de la République. Et dans cet article, je vais donc vous faire le récit de cette exploration dans la jungle Lilloise au travers de quelques découvertes…

Me dirigeant au centre de Lille en métro, c’est à peine sorti de celui-ci qu’une première découverte s’offre à moi. Juste à droite de la sortie du métro direction Place Richebé est érigée la statue de Faidherbe, en l’honneur du général français Louis Faidherbe. Cette statue en bronze, dressant fièrement le général sur un cheval, épée à la main, est posée sur un socle relatant la bataille de Bapaume en 1871 qui s’était déroulée dans la région, au cours de la guerre franco-prussienne. La statue commémore donc la victoire du général français, natif de la ville.

Statue Faidherbe

Après la statue de Faidherbe, les Pokéstop ne manquent pas. Je décide alors de me diriger vers le plus évident ainsi qu’une zone assez dense en la matière. Et le premier point que je rejoins correspond à la fontaine de la place de la République. Elle fait face au Palais des Beaux Arts, dont nous parlerons un peu juste après. Circulaire, faisant vingt mètres de diamètre, cette fontaine à jet d’eau entoure une sculpture composée de trois pierres verticales aux formes étranges. C’est l’œuvre d’Eugène Dodeigne, nommée « Groupe des Trois » et sculptée en pierre de Soignies, roche calcaire de couleur bleu gris dont l’extraction se fait essentiellement en Belgique. Elle est entourée d’un large bassin peu profond rempli d’eau, animé par une dizaine de jets d’eau formant un arc de cercle en direction du bâtiment de la préfecture du Nord. Élément central de la place de la République, beaucoup de gens s’installent autour pour se reposer ou se détendre. Et en période de chasse de Pokémon, de nombreux dresseurs s’y retrouvent également afin de jouer ensemble et profiter des modules leurres (objets du jeu permettant d’obtenir plus de Pokémon dans les Pokéstop).

Fontaine Beaux arts

M’avançant ensuite vers le Palais des Beaux Arts, c’est un élément inattendu mais curieux qui m’arrête. Un PokéStop un peu particulier se situe près de moi et n’a rien à voir avec les grandes sculptures présentées jusqu’à présent. Un simple tag, nommé « Pané Fish » dans le jeu, se trouve près de moi. Enfin, virtuellement parlant, je n’ai pas réussi à trouver son emplacement exact. Mais ce dessin, aussi discret qu’inattendu sur la place lilloise, possède sa petite histoire. C’est une œuvre du street-artiste « Poisson », surnommé ainsi pour ses nombreuses autres réalisations ayant pour figure… un poisson. Selon un article de Nord Éclair, près de trois cents poissons jonchent ou auraient jonché les rues de la métropole. Certaines, probablement comme ce « Pané Fish », ont été effacées par les autorités. Un peu dommage tant cela apporte, comme l’explique l’artiste, de la poésie dans la ville.

Palais des Beaux Arts

Passons désormais à un élément bien plus massif de notre exploration avec le Palais des Beaux-Arts. Inauguré en 1809, ce musée abrite près de soixante mille œuvres dont deux mille sont disponibles à la visite. Ce qui en fait d’ailleurs le plus grand musée concernant les beaux-arts en nombre d’œuvres exposées. Mais ce n’est pas tant ce qu’il contient qui va nous intéresser mais le bâtiment en lui-même. Immense, il s’impose de toute sa longueur sur la Place de la République, faisant face à l’opposé au (grand lui aussi) bâtiment de la préfecture. Niveau architectural, le palais fait la part belle au marbre, conjuguant idéalement la clarté de cette pierre avec cinq immenses vitraux aux teintes bleues et rouges. Détail amusant, entre les colonnes qui parsèment la façade, le jeu me signale un autre PokéStop nommé « L’homme doré sur le Palais des Beaux Arts ». Sa présence, tout à gauche du bâtiment, est assez intrigante tant elle brise la symétrie de l’ensemble.

Direction désormais vers les rues avoisinantes. Nouvel élément insolite que met en avant le jeu : un tag illustrant un renard. Présent sur le flanc latéral d’un immeuble, le tag se fait très discret jusqu’à ce qu’on le trouve. Mais contrairement au tag du poisson, impossible de trouver des informations sur l’artiste. Mais ce ne sera pas le seul élément dont les informations seront particulièrement rares. Un peu plus loin, un autre PokéStop nommé « The Trone » avec pour photo un…cabinet en bois. Impossible encore une fois de localiser précisément l’objet, qui s’agrémente de l’élégante légende « Vous qui venez ici dans une humble posture de vos flânes alourdis décharger le fardeau ». Élégant je vous dis. Continuons avec les éléments originaux. Un immeuble, de six étages, est nommé « Gruyère énorme » dans le jeu. Et pour cause, l’intégralité de ses fenêtres sont ovales et particulièrement nombreuses. Ce qui correspond donc bel et bien à du gruyère mais ne le rend pas beau pour autant. Une sculpture de la Vierge et l’enfant est mise en lumière par le jeu alors qu’elle serait complètement invisible pour quiconque passerait dans la rue. Et pour cause, elle est située à près de dix mètres en hauteur dans une niche de la façade. Un détail discret, surtout dans la petite rue où j’étais et dans laquelle personne ne lèverait la tête.

Poursuivant ma route, je prends la direction de la Grand’Place pour atteindre de nouveaux PokéStop. En chemin, je tombe sur la pyramide de la place Rihour. Une autre fontaine, de forme pyramidale (vous l’aurez deviné). Son style moderne s’accorde avec les bâtiments alentours d’architecture plus ancienne. Des jets d’eau aspergent en permanence la pyramide centrale en verre, l’eau revenant constamment vers l’extérieur. Elle est un point de repère très pratique pour le métro qui n’est qu’à quelques pas d’elle. Arrivant sur la Grand’Place, un nouvel élément très discret est mis en avant. Deux poissons dorés, sculptés à même le bois, surplombent l’entrée du restaurant « La Place ». La sculpture se veut très effacée, n’ayant aucun lien direct avec le restaurant, bien qu’une fois vue, on ne peut plus la manquer. Enfin, je me dirige vers le centre de la place incarné par la Colonne de la Déesse. Immense monument de quinze mètres de haut, il est composé d’une sculpture en bronze et d’une colonne en granit mesurant à elle seule douze mètres. La statue à son sommet représente une femme tenant un boutefeu (bâton qui servait à allumer les canons). Elle fut érigée le 8 octobre 1845, afin de commémorer la résistance lilloise face au siège de la ville par le Saint Empire en 1792.

Colonne de la Déesse

Cette excursion lilloise touche désormais à sa fin. Il y a encore de nombreux points à découvrir dans la ville mais cela serait trop long de tous en parler. Par contre, ce fut très sympathique d’explorer ainsi la ville d’une manière aussi originale. Avec Pokémon Go, trouver les différents PokéStop devient très rapidement un véritable jeu de piste. Et la nature de ces points virtuels, créés par les joueurs d’un ancien jeu de Niantic (les développeurs de Pokémon Go), permet de mettre à égalité des lieux inévitables (le palais des Beaux-Arts…) et de petits éléments quasi inaperçus (le tag du renard, du poisson…). Cela met également en avant des éléments à coté desquels on peut passer régulièrement, comme la statue de Faidherbe juste à la sortie du métro. C’est ainsi un autre aspect amusant du jeu, même si cela reste mineur pour de nombreux joueurs, qui permet de voir le monde qui nous entoure et même s’y familiariser d’une manière nouvelle.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 17 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.



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Ancien membre de l'association.

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