1Q84
Pour ma première intervention dans la section « roman » du Mag’, je vais parler du 12ème roman de Haruki Murakami : 1Q84. Petite information croustillante, le titre est clairement inspiré du roman de George Orwel « 1984 ». En effet, la lettre « Q » se prononce à l’anglaise /kju !/ alors que le chiffre « 9 » se prononce « Kyü » en japonais, d’où la même lecture de 1984 et de 1Q84. Après ce petit intermède, parlons un peu du livre.
Sans surprise, l’histoire se déroule au Japon, en 1984. Nous suivons la progression de deux personnages extrêmement solitaires.
Le premier est Masami Aomamé. Cette jeune femme de 30 ans, professeure de sport, est engagée par une vieille dame afin de supprimer de manière discrète les maris violents.
Le second, Tengo Kawana, a lui aussi 30 ans. Tengo est écrivain à ses heures perdues et entreprend de réécrire le roman « La chrysalide de l’air » d’une jeune auteure prometteuse.
Leurs activités vont les faire glisser discrètement dans le monde parallèle de 1Q84 (ayant pour différence notable d’avoir deux lunes) et changer de manière irrémédiable le sens de leur vie. Ils devront affronter un ennemi commun : la secte des Précurseurs, mi-écologiste, mi-bouddhiste, sous l’influence de personnages surnaturels nommés « Little People ».
Le dernier tome introduit un nouveau personnage : Ushikawa, qui a pour rôle de retrouver Aomame, après sa dernière mission. Lui aussi se retrouve entraîné dans ce monde mystérieux et, sombre de plus en plus dans la solitude.
Bien sûr, avant de me lancer dans la lecture, j’ai parcouru les critiques sur le net et ailleurs, il en ressort que quasiment tous les habitués de Murakami semblent déçus par ce douzième roman. Certains le trouvent lent, d’autres très long ou encore un peu poussif. Sachant cela, je me suis tout de même lancée. Comme je ne suis pas une familière de l’auteur, je n’avais donc aucun a priori sur ses œuvres et, je n’avais aucune attente. Ce qu’il est important de savoir avant de commencer la lecture, c’est que 1Q84 n’est pas une série de romans ayant un fil rouge et développant plusieurs intrigues à chaque volume. Il faut l’appréhender comme un ensemble que Haruki Murakami scinde simplement en trois volumes pour rendre sa taille moins impressionnante.
J’ai trouvé le premier tome extrêmement lent, mais ça n’a pas été pour me déplaire. Murakami pose tranquillement les bases de son histoire et prend le temps de décrire ses personnages. Ce qui nous permet à nous, lecteurs, de mieux comprendre qui ils sont et quelle est leur histoire. Pour être honnête, il ne s’y passe rien de fou. Quand on lit les œuvres de Murakami, on s’attend à être rapidement plongé dans l’étrange, voire même l’absurde. Mais là, l’auteur a décidé d’y aller progressivement. On y découvre les liens qui unissent Aomame et Tengo, ainsi que le glissement tranquille et discret des personnages de l’année 1984 vers le monde de 1Q84 (baptisé ainsi par Aomame). Murakami fait aussi souvent référence au livre de George Orwell et, j’aime bien quand les auteurs font des clins d’œil à d’autres œuvres.
Le dernier tome a été pour moi un vrai calvaire et m’a fait perdre tout mon enthousiasme vis à vis des livres. Dans ce dernier volume, Murakami axe sa réflexion sur le temps qui passe, la solitude, la mort. Difficile de garder le moral après ça. Par chance, l’introduction d’un troisième personnage, Ushikawa, redonne un peu de sang neuf et, nous sauve de la monotonie du duo Aomamé/Tengo. Beaucoup de questions restent sans réponse et c’est assez frustrant.
En bref, même sans avoir lu beaucoup de livres de cet auteur, je ne pense pas que celui-ci soit le meilleur. Nous y retrouvons bien toute la poésie que sait déployer Murakami mais, pour moi, l’alchimie ne fonctionne pas aussi bien qu’avec son précédent roman « Kafka sur le rivage ».
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 8 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.