La Voleuse de Livres de Markus Zusak
Vous avez rendez-vous avec la Mort… « Sinistre ! » me direz-vous, surtout en cette nouvelle année. « Que Nenni ! » vous répondrais-je, c’est même de circonstances avec les frimas de l’hiver qui s’installent enfin. Entendons-nous bien, je ne vous propose pas de rencontrer la Grande Faucheuse, mais juste de vous asseoir au coin du feu, à la manière des veillées d’antan, pour écouter l’histoire que va vous raconter la Mort.
Celle-ci trouve d’ailleurs le surnom qu’on lui donne légèrement ridicule. Même si elle reconnaît arborer un grand manteau, plus pour la commodité de ses grandes poches que pour se protéger du froid, la Mort n’est pas armée… Sauf peut-être d’une grande patience.
Elle se présentera telle une amie, une amante ou une mère à l’instant de votre dernier soupir. Elle fait son boulot du mieux qu’elle peut, accueillant les âmes expirantes, tantôt avec une douceur et une fermeté toute maternelle, tantôt avec tendresse et chaleur. Elle rassure les âmes effrayées, apaise les colériques, console les enfants. Bref, la Mort est bien loin de l’image que l’on s’en fait.
Aujourd’hui, je vous invite à me rejoindre pour la voir dans un rôle qu’elle affectionne, bien qu’elle trouve peu d’auditeurs, celui de conteuse. La Mort n’a que peu de distractions, mais elle est curieuse des humains, surtout de ceux qui la croisent plusieurs fois et la défient ou la regardent bien en face et passent leur chemin. Elle sait que tous lui reviendront, mais elle est fascinée par ceux qui luttent pour la vie.
En l’occurrence, elle va vous narrer l’histoire, ou plus exactement une partie de la vie, d’une jeune adolescente dont elle a croisé la route plusieurs fois et, pour combler les vides, elle s’aide du journal de Liesel, trouvé alors qu’elle recueillait des âmes et qu’elle a conservé précieusement dans une poche profonde.
Allez ! Installez-vous confortablement ! Venez écouter l’histoire de « La Voleuse de Livres »,
cette adolescente, un peu sauvageonne, qui a vu le jour à l’orée de la Seconde Guerre Mondiale, et voit sa vie bouleversée à l’aube de ses dix ans, parce qu’elle n’est pas née dans la « bonne » famille, pour l’Allemagne nazie. Retrouvez aussi un pseudo « Jesse Owen », blond comme les blés et ami de Liesel. Ou encore Hans, son père adoptif, et Rosa, sa mère de substitution au langage si imagé. Tremblez aussi pour Max, jeune juif traqué, qui offrira à Liesel la possibilité d’écrire son journal intime, celui-là même que la Mort utilise pour les passages dont elle n’a pas été témoin.
La Mort est une merveilleuse conteuse, si vous plongez dans ce livre, vous comprendrez ce que je veux dire. Vous partagerez avec elle, l’amusement que nous lui offrons, nous les humains.
Saurez-vous retenir vos sourires face à la complicité de Liesel et Hans ?
Garderez-vous vos éclats de rire devant les bêtises de ces enfants insouciants malgré les rigueurs imposées par la guerre ?
Contiendrez-vous vos larmes aux moments poignants de la vie des personnages ?
Une chose est sûre, la narration ne vous laissera pas indifférent, et vous verrez, son histoire achevée, vous regretterez de devoir quitter la Mort !
Toujours pas convaincu ? Allez, pour les moins courageux, il existe une adaptation cinématographique de cette histoire formidable. Vous y perdrez beaucoup, le réalisateur n’ayant prêté qu’une voix très monocorde et quelque peu abstraite à cette puissante narratrice qu’est la Mort. Il manque aussi quelques détails savoureux à l’histoire de Liesel, mais s’il vous faut cela pour vous convaincre de nous rejoindre au coin du feu, faites donc !
D’autres, bien plus éminents que moi, ont apprécié le récit puisque ce livre a été plusieurs fois primés depuis sa sortie en 2005. Alors vraiment, n’hésitez plus ! Vous ne serez pas déçus !