Vampires coréens
Les vampires au fil des époques
De tout temps, les buveurs de sang ont alimenté l’imaginaire collectif. Que dis-je ! Ce sont les peurs les plus profondes de l’inconscient collectif qui nourrissent elles-mêmes leurs légendes. Ces non-morts ou morts-vivants font frémir ou fantasmer d’innombrables populations à travers le monde et l’Histoire.
De l’antiquité jusqu’à nos jours, les histoires sur les vampires fleurissent allègrement, même si le terme de « vampire » n’est apparu lui que plus récemment, au début du XVIIIe siècle, en Europe. Dès lors, différents auteurs vont se succéder et donner un peu plus corps à ces légendaires revenants, alternant ouvrages sérieux, tentant d’expliquer la réalité (ou non) de ce phénomène, et œuvres fantasmagoriques, peuplant vos cauchemars les plus horrifiques.
Cette popularisation va s’accélérer entrainant une lente dérive « romantique » des histoires de vampires. La multiplication des médias de diffusion n’est d’ailleurs pas étrangère à ce phénomène de mode. En effet, à notre époque, nous sommes parfois bien loin du célèbre Dracula, qui a pour ainsi dire initié ce mouvement à partir du XIXe siècle.
Actuellement, nous retrouvons des vampires accommodés à presque toutes les sauces. Qu’il s’agisse d’œuvres fantaisies écrites pour un public adolescent ou de films à gros budget comme « Entretien avec un vampire », lui-même adapté du célèbre roman d’horreur d’Anne Rice. Autre exemple flagrant avec Van Helsing, qui a été décliné sur plusieurs modes, tant cinématographique, que littéraire, en passant par quelques séries d’animation ou de bandes-dessinées.
La tendance plus récente montre surtout de bien pâles vampires, tourmentés par leur état de non-humain ou tentant de se glisser discrètement dans la vie « normale », avec quelques séries comme Vampires Diaries, True Blood, ou encore la saga des Twilight. Cependant, loin de moi l’idée de dénigrer ces personnages, qui perdent une part de leur aspect effrayant pour gagner un certain charme, sulfureux, pour midinettes en chaleur. Cette « humanisation » n’est pas faite pour me déplaire mais je regrette parfois le côté horrifique. J’en ai retrouvé une bonne partie avec la version plus récente de Justin Cronin que j’ai déjà évoquée pour vous dans un précédent numéro. Par ailleurs, je m’étais déjà intéressée à la vision asiatique de nos légendaires vampires.
J’avoue !
J’ai totalement craqué pour Rosario+Vampire, Blood+ et autres animes du même genre, sur lesquels je ne m’étendrai pas ici, mais il manquait encore un petit quelque chose. Je l’ai trouvé grâce aux dramas coréens. Là, il y a également des « bons » et des « mauvais » vampires. Pour les différencier des humains ? Facile ! Des yeux phosphorescents rouges, la bave aux lèvres dès qu’un humain passe à portée de dents ? Mauvais vampire ! Des yeux luminescents bleus (jaunes ou verts, bref pas rouges) lorsque du sang sourde dans le champ d’un odorat surpuissant ou en cas d’émotion intense ? Bon vampire ! Vous voyez c’est facile… et maintenant, une petite sélection de dramas pour vous mettre en bouche (si je puis dire).
Fan de séries policières ?
Je vous conseille « Vampire Prosecutor ». Cette série en deux saisons vous entrainera dans des enquêtes toutes plus sanglantes les unes que les autres. Avec, cerise sur le gâteau, un procureur vampire !
Vampire bien malgré lui, il utilise ces pouvoirs pour emprisonner les assassins et autres fous sanguinaires. Sa méthode ? Un petit « shoot » avec un échantillon du sang des victimes et il voit leurs derniers instants, mais de façon fragmentaire, dernières images capturées par un cerveau agonisant. Le prix, minime pour un immortel, ressentir la souffrance et vivre ou plutôt mourir avec eux. Pourtant, il doit dissimuler sa nature, et une équipe de choc l’épaule dans ses enquêtes (façon « Experts » en moins prétentieux) pour trouver les preuves et attraper les criminels, guidés par les indices qu’il leur donne. Seul un inspecteur connaît son secret et sait comment il est devenu ainsi. Notre procureur hait profondément ses congénères (enfin la plupart) même s’il a une énorme dette morale envers celui qui l’a transformé, car il l’a mis sur la piste du vampire qui a sauvagement assassiné sa jeune sœur. Des enquêtes menées tambour battant donc, avec en fil rouge, la quête incessante du procureur pour obtenir vengeance. Pas de mièvrerie en vue, sauf la coupe hilarante du procureur adjoint et un humour toujours présent dans les dramas coréens, même les plus sombres. Une évolution aussi constante au fil des épisodes et des saisons dans la compréhension des personnages principaux et les « dessous » du thème de fond.
Cette série s’est vu adjoindre une sorte de suite, moins sombre, plus humoristique, avec « Vampire Détective ». Si on y perd malheureusement pour beaucoup le côté vampire, la série n’en reste pas moins amusante à regarder, ne serait-ce que grâce à son trio de détectives fort attachant.
Fan de séries médiacles ?
Dans ce cas, « Blood » est fait pour vous, avec ce jeune chirurgien de génie, vampire de son état. Paradoxal ? Pas tant que cela. Ici, nous avons affaire à des vampires transformés, non pas par une morsure mais par contamination virale, programmée. Sauf notre chirurgien qui est l’unique enfant, issu de l’union de deux contaminés. La soif de sang reste là, mais si certains s’y plongent avec délectation, notre jeune chirurgien met à profit ses talents innés pour sauver des vies, tout en cherchant à trouver un vaccin au virus et accéder à un état plus humain. Cependant, sa particularité même attise la convoitise de certains vampires, qui voudraient bien profiter de son sang. Entre enquête pour trouver les origines de la contamination, lutte pour la survie des patients et recherches pour trouver une issue définitive au virus vampire, les épisodes s’enchainent, ponctués d’opérations spectaculaires, épicés de quelques combats et saupoudrés d’un soupçon de romantisme, juste assez pour souligner la solitude et le charisme de notre héros. A manger sans faim, pour ainsi dire.
Fan de comédies romantiques ?
Accrochez-vous à vos fauteuils et lancez-vous dans « Orange Marmelade » (disponible sur Drama Passion). Ici, nous sommes très loin de « Twilight » et pourtant la série débute sur quelques mièvreries savoureuses. Cependant, ne vous laissez pas distraire car vous avez plongé dans un monde parallèle ! Ce drama offre un scénario pour le moins surprenant, pour la bonne raison qu’il s’agit de l’adaptation d’un « webtoon » (mais semble un tantinet plus « soft » que l’œuvre originale). Il en respecte également la structure, rarissime sur un drama. Divisé en trois arcs de quatre épisodes, il vous plonge tout d’abord dans une uchronie fantasmagorique mais contemporaine, vous présentant une romance vouée à l’échec entre deux jeunes gens que tout oppose. Le second arc vous ramène à l’époque Joseon, en respectant la même trame. Enfin, le troisième vous ramène dans la première réalité altérée, tout en mêlant des visions du second arc, il nous conduit lentement vers une autre conclusion que les deux premiers.
À vrai dire, ce drama n’est génial qu’en lecture au second degré, même s’il reste intéressant à regarder de par l’originalité de la structure du scénario. Jouant largement sur le tragique dans les deux premiers arcs, il se lance dans une vision totalement idyllique qui transcende les préjugés pour le dernier arc. « Orange Marmelade » porte en lui un magnifique message sur la tolérance et l’acceptation de la différence, avec la musique pour symbolique du partage. Prenant pour prétexte l’intégration des vampires dans la société humaine, il met en exergue les préjugés de race ou de classe, la haine, la peur et autres manifestations néfastes de notre xénophobie intrinsèque.
Tous ces dramas sont disponibles1 en vostfr sur DramaPassion, site officiel des dramas coréens en licence francophone. J’espère que vous vous laisserez tenter par l’un ou l’autre de ces dramas, ou même par tous, car ils diffèrent suffisamment les uns des autres pour que vous y portiez un intérêt renouvelé. En vous souhaitant un bon visionnage, si je vous disais que les vampires sont réellement parmi nous ?
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 18 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.
1 – sauf Blood qui est désormais disponible sur Netflix