The Girl Who Sees Smells ; quand les sens sont chamboulés.

Découvert sur DramaPassion et retrouvé sur Netflix, ce drama coréen de 2015 méritait bien un article. « The girl who sees smells » (titre alternatif : « The girl who sees sents ») ne se démarque pas par son genre (la comédie romantico-policière), mais bien par les particularités de ses personnages.

Le drama est librement inspiré du webtoon éponyme de Maanchwee, paru en 2013. Si l’histoire diffère, elle en garde un scénario assez rythmé. Le générique est d’ailleurs un clin d’œil supplémentaire au webtoon.

Pour ce qui concerne la trame de la romance, je vous invite à relire mon article sur les mécanismes de la comédie romantique. Les principes de base sont respectés mais l’accent n’est pas mis sur cela. C’est l’intrigue policière qui prime ici et, même si elle est cousue de fils blancs, les différentes interactions entre les personnages ne manquent pas de sel.

Pour un petit avant-goût de l’intrigue policière

L’histoire débute lors d’une soirée obscure et pluvieuse sur l’île de Jeju. La jeune Choi Eun-Sol rentre du lycée pour retrouver la chaleur de son foyer. Elle ignore qu’un homme s’est introduit chez elle pour agresser ses parents. Lorsqu’elle franchit le seuil de sa maison, elle se retrouve, tétanisée, nez à nez avec cet inconnu. Reprenant ses esprits, elle réussit à fuir à travers les rues désertes de son quartier. Poursuivie par le criminel, elle traverse, éperdue, une voie plus fréquentée et, est percutée par une voiture.

Dans le même temps, une autre lycéenne de Jeju appelle son grand frère pour lui signaler que son bus a eu un accident. Et le prévenir que les secours la conduisent à l’hôpital, même si elle n’a que quelques égratignures. Le grand frère se précipite aux urgences, cherchant désespérément sa sœur, heurtant même au passage un médecin couvert de sang. Il finit par la retrouver, derrière un rideau tiré, égorgée sur son petit lit d’hôpital. La jeune fille s’appelait Choi Eun-Sol.

Quelques jours plus tard, les policiers découvrent, sur une plage, le cadavre de deux plongeurs, parents de la première jeune fille. Ils sont immédiatement convaincus d’avoir à faire à un tueur en série. Les victimes sont marquées d’un étrange code-barre, scarifiant la peau de leur avant-bras, comme d’autres moins récentes. Le commissaire en charge du dossier retrouve à l’hôpital Choi Eun-Sol, plongée dans un coma profond.

La jeune fille s’éveille quelques mois plus tard, totalement amnésique.

Des personnages dont le cerveau est sens dessus-dessous

Rapidement, on constate en suivant ce drama que les sens sont mis à l’honneur dans la thématique de l’histoire. Ou plus exactement le dérèglement des sens. C’est ce qui fait tout le piment de l’intrigue. Et voici, les personnages principaux qui subissent ces chamboulements :

Choi Eun-Sol (alias Oh Cho Rim) qui lors de son réveil, ne sachant ni qui elle est, ni où elle se trouve, se voit littéralement assaillie par une envahissante et indéfinissable nuée de petites choses, qu’elle seule perçoit. Elle n’est pourtant pas atteinte de folie, en plus de son amnésie. Le choc de l’accident lui aurait donné la capacité de voir les odeurs, ainsi que des yeux vairons.

Lorsqu’on la retrouve quatre ans plus tard, dans la capitale, elle n’a toujours pas retrouvé la mémoire, mais vit normalement sa vie de jeune adulte, cherchant à faire ses débuts comme comédienne dans un petit théâtre. Mais elle porte désormais le nom d’Oh Cho-Rim.

Oh Cho-Rim dissimule ses yeux vairons au moyen de lentilles de couleur et de grosses lunettes noires, et continue d’être assaillie par la vision des odeurs. Une rencontre va l’aider à trouver une utilité à sa particularité qu’elle supporte assez mal.

Si les spécificités de ce personnage sont totalement inventées, elle a cependant une importance significative dans le déroulement de l’intrigue. Même s’il n’est sans doute pas nécessaire de le préciser, au vu du titre du drama.

Choi Moo-Gak est le grand frère de la deuxième Choi Eun-Sol. Suite à cette perte, il tombe lui aussi dans le coma, dont il s’éveille en ayant perdu trois de ses sens. Il abandonne alors son emploi dans un aquarium pour tenter d’entrer à la brigade criminelle, afin d’arrêter lui-même l’assassin de sa petite sœur.

L’analgésie de Choi Moo-Gak semble avoir également anesthésié son esprit, car il se focalise sur l’idée d’arrêter le meurtrier et donc d’intégrer la brigade criminelle. Indifférent à toute autre chose, pouvant passer plusieurs jours sans dormir, jusqu’à s’évanouir dans les lieux les plus improbables, comme dans une supérette lors d’un vol à main armée, alors qu’il n’est qu’un simple agent en uniforme.

Sa rencontre, percutante, avec Oh Cho-Rim va lui ouvrir un bel avenir au sein de la police et lui permettre d’approcher enfin les « vrais » criminels. Depuis lors, il soupçonne que la mort de sa sœur n’est due qu’à un malheureux concours de circonstances, dont il va longtemps ignorer la cause.

Si ce personnage pourrait paraître un peu insipide, il est pourtant hilarant. D’autant plus, lorsqu’il accomplit la part du marché qu’il conclut avec Oh Cho-Rim pour qu’elle l’aide dans ses enquêtes.

Chun Baek-Gyung est un médecin spécialisé dans le traitement de la douleur. Il travaille dans la clinique où sera traité Choi Moo-Gak, suite à sa rencontre avec Oh Cho-Rim, qu’il aura l’occasion de soigner. Pourtant, étrangement, il semble s’intéresser à la jeune femme bien avant de la recevoir. Il ira même jusque sur l’île de Jeju pour récupérer le dossier médical de Choi Eun-Sol.

S’il ne souffre d’aucun trouble des sens, il est un personnage-clé de l’intrigue, y jouant tour à tour plusieurs rôles supposés par les autres protagonistes. Charismatique, il reste cependant mystérieux, et son histoire personnelle n’est dévoilée qu’assez tard dans la série. Il joue également un rôle central dans l’interaction des personnages principaux.

Kwon Jae-Hee est un chef cuisinier, très médiatisé. Lors de sa première apparition dans la série, il n’est que le petit ami d’un mannequin célèbre, portée disparue. Lorsqu’il est avéré que sa petite amie a été victime du tueur aux codes-barres, il devient un temps le principal suspect, mais est vite innocenté par son alibi.

Son restaurant se trouve dans le même bâtiment que la petite clinique de Chun Baek-Gyung, avec lequel il entretient des relations amicales. Il rencontre d’ailleurs Oh Cho-Rim, dans ce quartier, en cherchant son chien. Kwon Jae-Hee va même proposer un emploi à Cho-Rim, pour lui permettre d’arrondir ses fins de mois. Il se lie d’amitié avec la jeune femme, finissant par lui avouer sa prosopagnosie (incapacité à reconnaitre les visages) et lui ouvre les portes de sa maison.

Kwon Jae-Hee est de prime abord très froid, froideur que Oh Cho-Rim attribue à sa maladie, même s’il devient plus chaleureux envers ceux qu’il apprécie et connait. Cependant, cette chaleur pourrait bien n’être qu’une façade. Son attitude calme et posée dissimule en fait un esprit alerte et tortueux.

Une brève plongée dans la réalité des sens chamboulés

Au cas où il faudrait le préciser encore, la capacité à voir les odeurs n’existe pas, donc inutile de chercher désespérément sur le net.

Les yeux vairons (ou hétérochromie) sont réels eux, bien que rares. Pourtant, ils ne sont pas dus à un choc traumatique, mais simplement à une défaillance de la production de mélanine de l’iris et n’ont aucune incidence sur la vision.

Le scénario prend aussi quelques libertés avec l’analgésie (perte du toucher), l’anosmie (perte de l’odorat) ou l’agueusie (perte du goût). Si la première est souvent congénitale, les trois n’ont la plupart du temps pour origine qu’un choc violent crânien ou une lésion cérébrale, et n’ont donc que peu de rapport avec un traumatisme psychologique.

Quant à la prosopagnosie, elle peut avoir trois évolutions et origines distinctes. Lorsqu’elle apparaît à l’enfance, elle est congénitale. Parfois liée à une maladie dégénérative comme Alzheimer, elle est alors progressive. Elle peut aussi survenir brusquement à la suite d’un traumatisme cérébral.

De tous ces chamboulements des sens, seule l’analgésie peut avoir des conséquences graves, car elle met en danger la vie même de celui qui en souffre, puisqu’il ne ressent pas la douleur. Il est curieux de constater que bien que mortelle, cette affection n’a pas de traitement. La science s’est laissée hypnotiser par un autre aspect de l’analgésie, curatif lorsqu’elle est induite sur un temps très court, avec le développement de diverses techniques pointues d’anesthésie et l’évolution poussée des médicaments antalgiques.

Sachant que le principe d’anesthésie existe depuis l’antiquité, même si elle était fort barbare à l’époque, cela laisse quelque peu songeur.

L’impact des sens sur le déroulement de l’intrigue

Les sens, leur absence, leur prégnance, sont omniprésents dans l’intrigue, à de multiples niveaux. Pour vous faire une meilleure idée, je vais vous livrer quelques uns des éléments principaux, mais attention, cela risque de vous dévoiler totalement le coupable, si vous ne l’aviez pas déjà deviné.

Les petites enquêtes qui ponctuent la série ne servent qu’à mettre en valeur l’utilité de l’étrange capacité de Cho-Rim à voir les odeurs. Elles permettent aussi d’en découvrir les limites.

C’est le goût d’une soupe qui va entrouvrir les portes de la mémoire d’Eun-Sol/Oh Cho Rim. On le retrouve avec Kwon Hae-Jee qui présente aussi une émission de cuisine. Ou avec Moo-Gak, qui avale mécaniquement la nourriture ou l’alcool, sans aucune satiété.

L’analgésie va tour à tour servir et desservir Moo-Gak, lors de ses enquêtes. Elle devient même très problématique lorsqu’il croise de trop près le tueur en série en menant son investigation. Elle va s’atténuer au fur et à mesure que sa relation s’approfondit avec Eun-Sol, et il en jouera allègrement pour taquiner la jeune femme.

Kwon Hae-Jee dissimule sa prosopagnosie grâce à une intelligence supérieure, pourtant il ne semble pas la considérer comme un handicap.

Pour conclure

Surtout ne soyez pas déçus que j’aie dévoilé le coupable car le scénario lui-même le fait très tôt dans le drama. En effet, l’énigme du tueur en série n’est pas le principal moteur de l’histoire mais, bel et bien, la façon dont les protagonistes vont aboutir à une fin, grâce, malgré ou à cause des sens.

Outre l’intrigue criminelle et le soupçon de romance, l’aspect caricatural des policiers de la brigade criminelle est savoureusement drôle. The Girl who Sees Sents se regarde sans prise de tête, dans un voyage intéressant au pays des sens.

Faites vous plaisir, vous passerez un agréable moment !


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 23-24 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.

Petit bonus : l’OST du drama à écouter en lisant cet article

Un autre drama, chinois cette fois, est sorti en 2023 sous le même titre, mais il ne s’agit pas d’une nouvelle adaptation, l’histoire étant totalement différente. Seule la capacité particulière de l’héroïne est similaire.



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Rédigé par

Tricoteuse de chiffres IRL. Garde & Petite Main du Mag'zine. Animatrice du Divan dit Vent. Phrase fétiche : « Puissiez-vous vivre des moments intéressants »

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