Miles Morales (Shameik Moore), Peter Parker (Jake Johnson) and Spider-Gwen (Hailee Steinfeld) in Columbia Pictures and Sony Pictures Animations' SPIDER-MAN: INTO THE SPIDER-VERSE.

Spiderman New Generation

Dans un paysage super-héroïque où les films du Marvel Cinematic Universe sont omniprésents, le tout récent Spider-Man : New Generation (Spider-Man : Into the Spider-Verse dans sa version originale) apporte une fraîcheur bienvenue. Et ce, même s’il met en scène un des personnages de comics les plus prolifiques au cinéma, à savoir l’homme-araignée. Déjà, parce que l’on suivra Miles Morales, nouvelle itération de Spider-Man dans les comics. Mais aussi parce qu’on a ici droit à un film d’animation, ce qui est tout de même assez rare au cinéma pour les licences Marvel.

Cela dit, c’est encore insuffisant pour se faire une place face aux blockbusters qui inondent le marché des films de super-héros. Heureusement, Spider-Man : New Generation possède d’immenses qualités, autant visuelles qu’en terme d’écriture.

Aujourd’hui, nous allons donc parler d’un projet créatif ambitieux mêlant hommages à la culture comics, retour aux sources d’un personnage emblématique et une direction artistique complètement folle.

Sorti dans nos salles obscures le 12 décembre 2018, Spider-Man : New Generation ne porte pas son nom pour rien. En effet, il met en scène Miles Morales, qui est actuellement l’incarnation la plus récente de l’homme-araignée dans les comics. Quid donc du célèbre Peter Parker ? Oui… et non.

Le personnage sera bien de la partie mais peut-être pas de la façon dont vous pouvez le penser. Du coté des super-vilains, le Caïd dirigera les opérations et sera épaulé par le Scorpion, le Rôdeur, Dr Octopus et Tombstone, ainsi que le Bouffon Vert.

Cette fois, leur objectif sera la création d’une machine capable d’ouvrir un portail inter-dimensionnel. Et suite à une expérimentation dangereuse et à une féroce bagarre, celui-ci fera venir malgré eux différents spider-man dans l’univers de Miles.

Les heureux élus sont ainsi Spider-Gwen, Peter B. Parker, Spider-Cochon (Peter Porker, notons la finesse de ce nom), Spider-Man Noir (une altération tout droit venue des années 30) et Peni Parker (une version « manga » du personnage).

Voilà pour la base de l’histoire, qui fait déjà usage de manière très référencée à l’univers des comics. Dans ces derniers, il est assez courant d’avoir des univers parallèles pour proposer de nouvelles versions revisitées, voire complètement bouleversées de nos héros.

Par exemple, l’univers cinématographique Marvel se déroule sur la « Terre–199999 » et Spider-Gwen vient de la « Terre–65 ». De fait, chaque spider-héros est introduit avec une séquence presque iconique, narrant son histoire propre. Une manière astucieuse pour à la fois introduire rapidement le personnage tout en lui donnant une aura mythique.

Un autre élément important pour le protagoniste du film, Miles Morales, qui vient tout juste de découvrir ses spider-pouvoirs.

On retrouve là l’histoire de l’adolescent qui doit grandir et assumer de plus grandes responsabilités. Une thématique qui est une des bases mêmes du personnage de Spider-Man, mais ici revisité à la sauce Morales. Le jeune homme manque ainsi d’assurance, et se sent à l’étroit entre les attentes de son père et sa nouvelle école privée, dont l’ambiance détonne énormément avec celle de son quartier. Et quand on attendra de lui qu’il devienne un nouveau « Spider-Man », la confiance lui fera cruellement défaut pour porter ce nouveau statut.

Ce dernier étant d’autant plus pesant que le caractère iconique de Spider-Man est assez ancré dans l’univers de Miles (les comics Spider-Man existent réellement dans la diégèse du film). Tout au long du film et au fil de ses péripéties, il devra réussir à s’affirmer afin de grandir pour finir par écrire, presque littéralement, sa propre histoire. Et après le culte « De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités », Miles a droit lui aussi à sa citation culte via un « Acte de foi » (« Leap of faith » en version originale). Mais il serait injuste de donner toute la lumière au jeune homme, car il n’est pas le seul à grandir au travers du film.

Peter B. Parker est l’autre personnage fort du film, lui que l’on rencontre en « léger surpoids » et complètement au bout du rouleau de la vie. Devenu malgré lui l’instructeur de Miles, sa relation avec son jeune élève le fera lui aussi grandir pour croire de nouveau en ses efforts.

Et si les méchants occupent au final une place assez mineure dans le film, voire générique, cela n’empêche pas à certains d’avoir leur dose de développement. Et aux autres d’avoir tout de même un certain charisme (oui, même le Scorpion doublé par le footballeur Presnel Kimpembe).

N’oublions pas l’humour du film qui est lui aussi très bon.

Les gags sont toujours mis aux bons moments et apporte la légèreté qui fait aussi l’essence des histoires de Spider-Man. Certaines blagues jouent sur les codes super-héroïque, comme la « base scientifique des méchants qui ont forcement un truc pour arrêter leur plan de méchant ». Enfin, saluons le rythme du film, extrêmement dense pour un film de « seulement » cent dix-sept minutes.

Si le film est donc une grande réussite en matière d’écriture et de narration, ce n’est pas encore là sa plus grande qualité. Son point fort, c’est bien cette ambiance sonore et graphique qui lui est unique.

Visuellement, le film propose une direction artistique très colorée, tout en jouant volontiers avec l’ambiance nocturne de New York. En découle un ressenti à la fois très urbain mais aussi « humain ».

Spider-Man est la « petite araignée sympa du quartier » et ça se ressent ici, avec des scènes sur Miles et ses exploits héroïques pleinement ancrés dans le quotidien des New-yorkais.

L’animation, qui peut sans doute perturber au départ (ce qui a été mon cas), passe en réalité très bien. J’avais des sensations de « saccades » en voyant la bande annonce, mais ça s’efface dès les premières minutes du film. Et ce serait dommage de passer à côté d’une expérience visuelle aussi folle que celle proposée par Spider-Man : New Generation.

Non seulement la réalisation est au top, débordant d’idées visuelles : que ce soit pour appuyer son écriture (la présentation de chaque héros via des cases de comics déjà citée précédemment) ou pour ses scènes d’action (la course-poursuite dans le métro, le combat final…). Les références faites aux différents styles d’animation via les autres Spider-Man (Noir, Peni et Peter Porker) sont autant de manières de saluer au sein d’une même production des styles variés. La blague de Peter Porker lors du combat final achevant de prouver le profond amour de ses concepteurs pour ce média.

L’autre gros bout dans le domaine artistique concerne la musique.

Là encore, Spider-Man : New Generation ne lésine pas sur la qualité. Tout d’abord, la bande originale est remplie de thèmes plus puissants les uns que les autres. Certains, comme « The Prowler », « Escape the Subway » ou « Take the Computer and Run » m’auront marqué par leur impact très fort. Rarement un film m’aura autant oppressé rien que par ses musiques. D’autres morceaux sont tout autant réussis mais dans un autre registre, comme le dansant « Are You Ready to Swing ? » pour accompagner une course poursuite dantesque.

Et le long-métrage ne se limite pas à d’excellents thèmes. Il est également ponctué d’excellentes chansons tout au long de l’histoire, marquant chacune des moments forts. L’onirique « Sunflower » nous plonge directement dans l’univers de Miles, dansant et léger, avec lequel il évolue aisément dans son quartier d’origine.

D’excellentes chansons de rap/hip-hop qui se fondent parfaitement dans l’atmosphère très « street » du film. Ma préférée, et l’une des plus marquantes, est le sublime « What’s Up Danger » utilisé à plusieurs reprises et qui achève l’évolution de Miles dans une scène visuellement impressionnante.

Pour conclure, Spider-Man : New Generation renouvelle à merveille le mythe de l’homme-araignée. Avec un Miles Morales, personnage profondément ancré dans notre époque, qui a vécu baigner comme nous dans la mythologie de Spider-Man, le film a su trouver la recette idéale pour un pour un passage de témoin à la nouvelle génération. Et le tout narré au sein d’une superbe symphonie visuelle et auditive comme seule l’animation peut nous en donner. Un film grandiose pour un héros historique qui sommeille au fond de chacun d’entre nous.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 22 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.



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