Skip Beat!
Fiche Technique :
Année : 2002 à ce jour
Magazine de prépublication : Hana no Yume
Genres : romance, drame, comédie
Thématique : école
Public : + de 12 ans
Dessinateur/Scénariste : Yohiri Nakamura
Edition Française (en cours*) : 32/34 – Casterman manga
Edition Japonaise (en cours*) : 35/35 – Hakusensa
J’avais envie de vous présenter ce manga, qui me tient à cœur, car même s’il est destiné essentiellement à un public féminin, les valeurs qu’il transmet et surtout l’évolution de son histoire et de ses personnages pourraient tout autant intéresser un public masculin.
Synopsis :
La légende dit que les dieux ont enfermé, dans un coffre cadenassé, les émotions les plus néfastes et l’ont caché au plus profond de l’âme de chaque enfant à naître. Ce coffre est destiné à rester enfoui et ne jamais s’ouvrir, pour que cet enfant puisse grandir, évoluer et vivre une vie normale et pleine de joies….
La jeune Kyôko Mogami est une jeune fille travailleuse, qui ne consacre aucune soin à son apparence et enchaîne vaillamment les petits boulots, pour payer le loyer de son appartement grand standing. Sa seule et unique passion est la star montante du moment, Shô Fuwa.
D’aucuns la trouvent étrange, mail nul ne connaît son plus grand secret… Cet appartement est en fait le nid douillet qu’elle entretient amoureusement pour son ami d’enfance, Shôtaro, qui n’est autre que le capricieux Shô Fuwa. Elle l’a suivi à Tokyo, abandonnant le lycée, lorsqu’il a décidé de faire ses débuts.
Après une visite houleuse et rapide de Shôtaro, toujours pris par son emploi du temps chargé, Kyoko décide de se rendre aux studios, en lui apportant son dessert préféré en gage de paix. Son petit monde merveilleux va alors s’écrouler car elle surprend une conversation entre Shô et son manager. Elle se rend compte que Shôtaro n’a fait que l’exploiter jusqu’à maintenant, la considérant au mieux comme une esclave, corvéable à merci et jetable à tout moment.
Le choc brise soudainement tous les verrous du coffre maléfique et libère les démons enfermés. Kyoko jure de se venger et entreprend alors d’atteindre le sommet de la gloire pour mieux piétiner Shôtaro. Elle jette son dévolu sur l’agence LME qui, par le plus grand des hasards, est la principale concurrente de l’agence de Shô, pour entamer son ascension vers la célébrité, mais cette quête sera semée d’embuches…
Les personnages
- Kyoko Mogami est une jeune fille de seize ans, économe et naïve, modeste et plus jolie qu’elle n’y paraît. Vive et enjouée, elle s’attire facilement l’amitié des autres, ainsi que leur respect par son côté travailleuse obstinée et dévouée ; et comme elle n’est pas coquette, les filles l’apprécient tout autant, la trouvant loufoque au final. C’est aussi une incurable romantique, qui rêve de vivre dans un conte de fée, avec princesse, château et tout le tralala. Sa transformation sera radicale, elle jure de ne plus jamais aimer et, grâce à ses petits démons intérieurs qui s’incarnent à volonté, elle va manipuler les récalcitrants qui pourraient l’aider dans ses projets. Elle se lance même dans l’occultisme, fabriquant des poupées vaudou à l’effigie de ses ennemis. Malgré tout, son naturel généreux et travailleur refait surface dès qu’elle franchit un cap et, ses brusques changements de personnalité déroutent beaucoup ceux qui l’entourent.
- Shô Fuwa (Shôtaro) est l’ami d’enfance de Kyoko, héritier d’une famille aisée possédant une auberge traditionnelle. Il est beau, capricieux, orgueilleux, grand amateur de femmes mûres et fait bien plus que ses seize ans. Il entraîne Kyoko dans sa rébellion pour couper l’herbe sous les pieds de ses parents, qui veulent en faire son épouse. Cependant, il considère Kyôko comme sa propriété exclusive et ricane lorsqu’elle crie vengeance. Chanteur adulé et compositeur de talent, il a tendance à se reposer sur ses lauriers et aime, plus que tout, les flatteries. Il fait grand mystère de son passé pour protéger son image. Sa colère est immense lorsqu’il voit réapparaître Kyôko, dans l’entourage de son pire ennemi, Ren Tsuruga (autoproclamé cela dit car Ren ignore même jusqu’à son existence au début) et la transformation de Kyôko va l’ébranler, même s’il continue de clamer qu’elle est sa chose, la concurrence devient rude.
- Ren Tsuruga, âgé de vingt ans, est une des stars de l’agence LME, acteur de talent, beau et souriant, toujours poli en surface, il s’avère en fait sombre et introverti, hanté par son passé, entouré de mystères. Travailleur acharné, il voit Kyoko d’un très mauvais œil car il considère ses motivations futiles et insultantes. Ren va cependant changer d’avis face à la détermination de Kyoko, mais surtout, lorsqu’il se rendra compte qu’elle est l’un des meilleurs souvenirs de son enfance, il aura le plus grand mal à rester sévère. Son manager, Yukihito, entremetteur à ses heures, va d’ailleurs jouer les cupidons aussi souvent qu’il le pourra, avec un succès très mitigé à son grand désespoir. Kyôko est très intimidée par Ren, car elle est la seule qui essuie systématiquement son regard le plus noir, ses remarques les plus acerbes. Même si elle joue avec l’effigie vaudou de Ren, son animosité se transforme vite en respect. Elle fera tout alors pour gagner la reconnaissance de son modèle.
- Lori Tarakada, président excentrique de l’agence LME, spécialiste des entrées « en fanfare », richissime, presque enfantin par moment, papy gâteux envers sa petite-fille, Maria. Il possède un grand connaissance de l’âme humaine et est très observateur. Sous ses airs loufoques et tyranniques , il veille avec un amour paternaliste sur ses artistes, même s’il emploie toujours des méthodes peu orthodoxes. Il va donner sa chance à Kyôko, en l’intégrant dans sa nouvelle pépinière de talents, la section « Love Me ». La tenue ridicule de cette section (combinaison rose bonbon avec le nom de la section bien en vue dans le dos), ainsi que sa « formation » vont mettre à mal la détermination de Kyoko ; mais son but la soutient et lui permet d’achever les missions qu’on lui confie, avec plus ou moins de succès. En effet, l’esprit de cette section est d’apprendre à se faire aimer, ce qui va bien sûr à l’encontre des résolutions de Kyôko, mais elle est bien décidée à réussir en contournant le problème.
- Kanae Kotonami, alias « Mam’zelle C’est un scandale » (surnom donné par Kyoko), est une jeune fille froide et distante, dotée d’une mémoire prodigieuse, issue d’un milieu modeste, qui ne vit que pour être actrice. Son rêve la pousse à passer le concours d’entrée de l’agence LME. Elle souffre cependant d’un grave handicap, qui va la propulser dans la section « Love Me », à son grand dam et pour la plus grande joie de Kyôko, qui va employer ses méthodes « spectrales » pour la forcer à accepter. Même si Kyôko l’insupporte et qu’elle fait son possible pour la tenir éloignée, elle va finir par l’apprécier et se confier à elle. Elle sera la meilleure amie de Kyôko, même si elle continue de prétendre le contraire.
De nombreux autres personnages vont ponctuer le récit, au fil des missions de Kyoko pour la section « Love Me », mais aussi lors de ses diverses expériences, tel le couple de restaurateurs pour lesquels elle travaille au début, qui la prennent sous leur aile, la considérant comme leur fille. Ou encore le directeur Sawara qui subit, le premier, la malédiction des « kyokos spectrales », mais va finir par s’attacher à cette jeune fille bizarre. D’autres artistes, acteurs ou musiciens, vont croiser la route de Kyôko, avec plus ou moins de bonheur, ou de malheur (selon le point de vue). Un prétendant « démoniaque » va même la poursuivre des ses assiduités, nous offrant quelques situations vraiment cocasses et ajoutant un peu plus de tension, dans le pseudo triangle « amoureux » initial.
Le scénario
Pour la partie « fleur bleue », je pense en avoir dévoilé suffisamment sur les personnages pour vous appâter mes demoiselles et dames, mais ceci n’est qu’en fil rouge pour pimenter l’histoire. Le vrai scénario se situe plutôt dans l’évolution de Kyoko.
Au départ, l’héroïne pourrait paraître assez mièvre avec sa naïveté « crasse », mais sa détermination est hallucinante. Elle va mettre l’énergie débordante dont elle dispose, non plus au service d’un jeune fat, mais dans l’accomplissement de sa vengeance. Toutefois, elle oublie un peu sa motivation de départ, plongée dans la découverte de son nouveau métier, elle avance lentement mais sûrement et nous révèle peu à peu son talent d’actrice.
Chaque nouvelle mission de la section « Love Me » lui fait prendre conscience des sacrifices qu’elle a consenti depuis son enfance, ou plus simplement des réalités de la vie en général et du métier d’acteur en particulier. Chaque nouveau rôle lui donne la possibilité de déployer son talent inné, même si elle n’en a pas conscience, et fait éclore un peu plus son potentiel d’actrice.
Chacune de ces étapes nous montre aussi une nouvelle facette de sa personnalité, ponctuée, ça et là, des « kyokos spectrales », qui évoluent aussi au fil de l’histoire.
Les autres personnages ne sont pas en reste, et évoluent aussi chacun à leur manière. Nous découvrons le passé de « Mam’zelle c’est un scandale » (sérieux, j’adore ce surnom, il me fait toujours rire). On va aussi assister à quelques changements chez Shô Fuwa, qui reste cependant un grand gamin capricieux, refusant de céder « son jouet » à ses rivaux.
Mais surtout, la mangaka nous tient longtemps en haleine sur le passé du ténébreux Ren, et même si elle nous lâche sa petite bombe vers les tomes 18-19, elle garde encore cacher la part la plus sombre des secrets de Ren. Sa véritable personnalité refait pourtant surface, au fil des chapitres et au contact de Kyôko, qui en fera les frais bien involontairement. Leurs réactions n’en sont que plus savoureuses, car la demoiselle peut parfois se montrer d’une bêtises désopilante dans l’interprétation des émotions de ses interlocuteurs.
D’autres membres « sans cœur » vont intégrer également la section « Love Me », mais je ne vous en dirai pas plus….
Les graphismes
Pour ceux-ci, il y a du bon et du moins bon… Si j’ai particulièrement aimé la finesse des traits dans les phases « sérieuses », je regrette que le décor soit un peu laissé « en friche » à certains moments. Une manie aussi que j’apprécie peu dans les mangas japonais, c’est de « croquer » les personnages de façon caricaturale parfois. Même si dans les phases « spectrales et démoniques » de Kyôko, ou encore dans ses phases « dépressives », cela augmente le contrastes pour ses changements de personnalité.
Autre défaut dans ce manga, si les flash-back antérieurs à l’histoire sont dessinés en pleine page, les flash-back intradiégétiques sont reproduits en miniatures. Ce n’est vraiment pas agréable pour la lecture, et donc soit vous avez une mémoire d’éléphant et vous passez la vignette, soit vous louchez péniblement pour tenter de relire ou vous allez chercher une loupe…
Les graphismes des personnages restent cependant superbes, surtout Kyôko dont je ne me lasse pas de voir l’évolution, tant mentale (dans l’histoire) que physique. Chacun de ses nouveaux rôles la rendrait presque méconnaissable, mais son visage et sa personnalité sont si particuliers qu’on ne peut pas la louper. Les personnages de Ren et Shô sont eux aussi magnifiquement dessinés, même si j’ai une nette préférence pour la silhouette de Ren.
Oh ! Je vous oubliais messieurs ! Si Kyôko a plus l’allure d’une nymphe en devenir, la mangaka nous offre également quelques silhouettes voluptueuses, notamment avec les femmes « mûres » qui gravitent dans l’entourage professionnel de Shô, sans l’exagération douteuse d’un manga ecchi.
La mangaka
Yohiri Nakamura a fait ses débuts en 1993 avec « Yume de Auyori Suteki » dans le magazine de prépublication « Hana To Yume » de l’éditeur Hakusensha. Elle a réellement commencé à percer dans ce milieu grâce à sa série « Tokyo Crazy Paradise » en 1996.
Depuis 2002, elle se consacre à « Skip Beat! ». Elle a d’ailleurs collaboré sur l’adaptation anime, en tant que créateur original. En 2009, elle a également publié un fanbook, intitulé « Skip Beat! Love Me ».
Les adaptations
En 2008, une adaptation anime de vingt-cinq épisodes est sortie des studios Hal Film Maker pour la télévision japonaise, sous la houlette du réalisateur Kiyoko Sayama. Elle déroule l’histoire des seize premiers tomes, avec cependant quelques raccourcis décevant lorsqu’on connaît le manga. L’anime met clairement l’accent sur le côté comique de l’histoire, un peu au détriment de celle-ci. Le manga étant encore en cours, l’anime offre une fin un peu décevant par une petite pirouette scénaristique. Il est licencié en France, et à été édité en DVD par Black Box.
Une adaptation live a également été réalisée par nos amis taïwanais, en 2011, sous le titre de « Glamourous Challenge » (ou « Extravagant Challenge »). Kyoko est rebaptisée Gong Xi et incarnée par Ivy Chen. Le capricieux Shô devient Bu Po Shang, joué par Dong Hae. Le ténébreux Ren est renommé Dun He Lian et interprété par Si Won. L’histoire suit presque à la lettre le manga, qui est dommage car, si les « kyokos spectrales » sont amusantes dans un manga ou un anime, leur présence est un peu incongrue dans un film live. De plus, le surjeu de l’actrice interprétant « Kyoko » est positivement enrageant. Les taïwanais ont vraiment mis l’accent sur la romance entre Ren et Kyoko, mais le drama reste bourré d’humour, donc si on arrive à passer outre ses défauts*, on peut le regarder ne serait-ce que par curiosité !
Conclusion
J’avais découvert cette histoire par l’anime qui m’a laissée sur ma faim, comme beaucoup d’adaptations faites en cours d’édition d’un manga et qui n’offrent malheureusement aucune suite. Je me suis donc lancée dans la lecture du manga, et si les seize premiers tomes sont assez similaires, il offrent également quelques bonus savoureux et la suite de la série est encore mieux.
Mon plus grand plaisir en lisant ce manga a été de voir comment Kyôko s’approprie ses personnages par le biais des rôles qu’elle doit jouer. Bien sûr, je mentirais en disant que la petite romance sous-jacente n’avait pas son importance.
Mais ce sont surtout les brusques changements de personnalité de Kyôko, ses interactions avec les divers personnages et ses réactions parfois disproportionnées qui m’ont souvent fait pleurer de rire et toujours passionnée.
Certes, ce manga est encore en cours, mais on ne se lasse pas de cette comédie parfois émouvante, mais surtout très drôle. Pour ma part, j’attends avec impatience la publication des tout derniers tomes à paraître et j’espère profiter encore longtemps de l’évolution de cette chère Kyôko.
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 10 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici
* la série est toujours en cours avec 47 tomes pour l’édition japonaise et 43747 pour l’édition française