Re:Zero, démystification d’un trop gros succès

Introduction

f93ccb965400fe50ba286c4731f597911458662757_fullJe ne pense pas qu’une présentation de cet anime soit nécessaire tant l’adulation exacerbée de certaines personnes l’ont porté durant des mois entiers, au sommet du paysage de l’animation japonaise en France. Mais malgré toutes les polémiques sur les révélations, les théories les plus farfelues les unes que les autres, sur une hypothétique suite et cette déferlante d’idolâtrie, il est un sujet qui m’a touché, concernant Re:Zero et dont personne ne parle.

Que ce soit par manque d’autocritique face à une œuvre qui les a particulièrement ému, soit par pure faiblesse intellectuelle, rares sont les personnes ayant entrepris une analyse de fond de cet anime et qui auraient pu, par conséquent, déceler les problèmes majeurs, d’incohérence, d’écriture et le bordel scénaristique qu’est Re:Zero.

Vous vous serez douté en lisant le titre, que je n’allais pas être élogieux, comme la majorité des gens, envers une œuvre, beaucoup trop adulée et surestimée.  Mais je vous arrête tout de suite, ce n’est pas parce que je pointe des incohérences que tout est à jeter, mais ça j’en parlerais en conclusion.

Y a-t-il un sens à ce scénario ?

Entrons donc dans le vif du sujet avec le plus gros point noir selon moi, les incohérences scénaristiques. Certains diront que c’est de la branlette intellectuelle, possible… D’autres diront que je me prends la tête, probable… D’autres diront que ce sera expliqué dans la saison 2 et j’ai envie de leur dire : taisez-vous !

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Toutes les œuvres que ce soit dans le cinéma, le théâtre, le manga… DOIVENT se suffire à elles-mêmes et ne doivent en aucun cas, requérir de voir 5 suites, 10 spins offs, 3 OAVs et de connaitre le support original (dans le cadre d’une adaptation), afin que le spectateur puisse la comprendre. Mais aussi, d’avoir une certaine cohérence lorsque tous les éléments du puzzle sont réunis. Et donc se doivent, d’expliquer certaines choses, si elles ne s’expliquent pas d’elles-mêmes. Logique me direz-vous ? Visiblement pas pour l’auteur et les scénaristes de Re:Zero. Mais trêve d’accusations, passons aux faits, les exemples valent mieux que de longs discours.

Dans l’arc que j’appellerai « il faut sauver Emilia » Subaru doit revenir de la capitale, au manoir de Roswall afin d’empêcher le culte de la sorcière de tuer Emilia. Jusque là je ne vous apprends rien, enfin j’espère… Toujours est-il que, lors d’une des boucles de Subaru, on apprend que Puck a le pouvoir de détruire le monde (rien que ça). Donc, si Emilia est en permanence protégée par un esprit qui peut raser cette foutue planète, pourquoi ledit esprit ne protège t-il pas sa maîtresse ?

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Autre incohérence, on sait depuis l’arc du manoir de Roswall, que Beatrice (résidente permanente du manoir, enfin l’anime le laisse supposer) est très certainement la mage la plus puissante de tout le royaume, car elle arrive à tenir tête à Roswall qui est lui (et c’est dit) le mage le plus puissant du royaume. Donc, si Béatrice, qui apparemment affectionne Puck, qui est l’esprit gardien d’Emilia, est si balèze que ça, pourquoi ne défend-elle pas Emillia ? On passera aussi sur le fait qu’elle téléporte Subaru en plein dans les pattes des cultistes, qu’elle sait donc qu’ils arrivent, l’endroit où ils se trouvent et que ça ne choque personne.

exportMais encore, quand les cultistes détruisent le village et massacrent les habitants, pourquoi ne se rendent-ils pas immédiatement au manoir (qui n’est pas très loin, puisque Rem et Subaru font le chemin à pied plusieurs fois) et mettent un temps fou avant d’y arriver ? Ils sont tombés sur un Burger King sur le chemin et ils ont décidé de faire une pause ?

Bref, je n’en citerai que trois, mais sans forcer on peut repérer une douzaine d’incohérences scénaristiques comme celles-ci et ça la fout mal, passé l’effet WAHOU de l’anime, qui certes aura réussi à berner jusqu’au bout certains incrédules, mais qui aura du mal à se faire pardonner par ceux qui arrivent à lire entre les lignes.

Bordel…mais que se passe-t-il dans cet univers ?

Autre gros point noir, l’univers à la limite de l’incompréhensible sur certains aspects. Je vous vois déjà arriver, les gros fans, en me disant que « oui c’est une œuvre de fiction », « oui l’auteur fait ce qu’il veut, c’est son univers », « oui mais… » … Oui mais non !

Comme pour le fait qu’une œuvre doit se suffire à elle-même et se doit d’expliquer ce qui pourrait poser des problèmes à son public afin d’avoir tous les outils possibles à sa compréhension, une œuvre se doit aussi de ne pas partir dans tous les sens, de ne pas se rendre volontairement trop complexe pour les lecteurs. De la complexité, il en faut, de la profondeur aussi, c’est notamment ce qui fait la différence entre les grandes œuvres et les chefs-d’œuvres. Mais comme on dit, trop de complexité, tue la complexité.

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Et c’est précisément ce qui ce passe, dans Re:Zero. Huit péchés capitaux au lieu de 7 ? Bon, pourquoi pas… Y ajouter des sorcières associées (huit donc), bien que ça rajoute un niveau de complexité supplémentaire, pourquoi pas. Donner à ces sorcières des noms de divinités, puisant dans au moins 3 panthéons différents, là ça devient franchement chaud de suivre. Y mixer une histoire de culte avec des Archevêques, des Évangiles, des Phalanges, des Créatures démoniaques, le tout avec des comportements et des allégeances variables, c’est beaucoup trop. Et ajouter des dragons et des mages dans le merdier, c’est la mort de la cohérence. Et là on ne parle que de la sorcière, donc l’un des piliers centraux de l’œuvre, qui se devrait d’être compréhensible.

exportParlons du royaume et de son système politique. Dès l’arc 1 on apprend que l’un des personnages principaux doit concourir à l’élection de la future reine. Oui, on est dans un monde féodal, que ce soit une reine et pas un roi qui gouverne, pourquoi pas. Mais bon, où est passé l’ancienne reine ? Ou l’ancien roi ? Ils sont tombés sur le même Burger King que le culte de la sorcière en chemin un matin ? Qui régente le royaume du coup ? Car bon visiblement ce n’est pas un pays de rigolos non plus, il ne doit pas se gérer tout seul. Comment deviennent éligibles les prétendantes, suffit-il d’être une femme, de défier un chevalier et tout roule ? (OK, vous me direz que c’est à peu près ce qui arrive à Felt mais bon …)

Difficile donc de ne pas se perdre, ni de trouver une certaine incohérence à cet univers, qui semble n’être qu’un amalgame de trucs que l’auteur aime, jetés dans une grosse casserole, en espérant que la cuisson donnera quelque chose de mangeable. Or, pour le moment, c’est loin d’être digeste.

Anime recherche Héros compétent

Bon là on va dire que je tire sur l’ambulance mais bon, il s’est passé quoi, dans quelle tête, et notamment celle de l’auteur du LN, pour qu’on termine avec Subaru ? Sans déconner ?

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Et là je vais être obligé de faire un truc que je déteste et que je ne devrais pas faire, comparer avec une autre œuvre. Mais bon l’exemple est trop parfait, je vais donc, pour cette fois, mettre de coté mes principes. Si vous ne connaissez pas l’œuvre de Hiroshi Sakurazaka : All You Need Is Kill (ndlr; Ophy a écrit un article dessus par ici), brillamment adapté en manga sous les crayons de Takeshi Obata, déjà foncez l’acheter (c’est en deux tomes ce n’est pas la mort) et ensuite lisez le. Vous vous rendrez vite compte que les cheminements et les développements personnels de Subaru et de Keiji sont presque identiques. Les deux sont des perdants (Keiji est militaire, mais bon ce n’est pas John Rambo non plus), les deux obtiennent un pouvoir de boucle temporelle du jour au lendemain, sans savoir d’où il sort, ni comment il fonctionne, ni comment le mettre à profit. Les deux subissent des horreurs indéfinissables qui les forceront à s’endurcir. Les deux tomberont amoureux de la première gonzesse qui passe. Et les deux devront se sortir les doigts pour ne serait-ce qu’espérer se sortir de cette **tarte aux fraises**.

ankkiaSauf que d’un coté, Keiji comprend, apprend et s’en sort vite, allant jusqu’à faire plus de 900 boucles (donc à mourir plus ou moins proprement plus de 900 fois) pour pouvoir gagner UNE SEULE ET UNIQUE BATAILLE. Et de l’autre, Subaru, qui au bout de sa sixième ou huitième mort, se demande encore ce qui lui arrive, fait trois dépressions, se suicide (quel génie), et n’arrive toujours pas, au bout d’une saison, à mettre entièrement à profit son pouvoir, au point de toujours devoir se faire sauver (par Crush, par Rem et par beaucoup d’autres) d’une manière ou d’une autre.

Comment s‘attacher à un personnage qui fait des erreurs aussi grossières, qui semble ne pas avoir les capacités de s’en sortir, ou qui ne s’en donne juste pas les moyens ? Comment apprécier une œuvre, qui n’est même pas portée par son héros mais par des personnages secondaires, voire tertiaires ? Une volonté de l’auteur diront certains. Peut être, mais c’est aussi une volonté de l’auteur  de rendre volontairement incohérente son œuvre, comme expliqué dans la seconde partie. Vous m’excuserez donc d’avoir de gros doutes quant à la capacité de l’auteur à raconter une histoire…

Conclusion

Mais avant d’aller engager des assassins sur le dark web (Akije pose cette arme), sachez que je n’ai pas détesté Re:Zero. Au contraire, certaines mises en scène sont incroyables, le chara-design est excellent, l’univers sonore de l’anime est un des meilleurs de l’année. Donc, non je ne suis pas un détracteur, j’ai aimé Re:Zero !

Mais on en arrive au cœur du problème et c’est là où tout ce baratin voulait en venir, beaucoup, trop, énormément, de gens sont en train de hisser ce titre, au rang d’œuvre culte, alors que vous l’aurez compris en me lisant, comment considérer comme culte, une œuvre avec de telles lacunes sur autant de tableaux.

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La « cultification » spontanée n’est pas un fait nouveau. Rappelons nous de ces œuvres encensées aussi vite qu’elles ont été oubliées (condoléances à Shingeki No Kyojin, Sword Art Online ou No Game No Life). Et c’est selon moi l’un des problèmes de la communauté des fans d’animation et qu’on ne retrouve pas dans d’autres média comme le cinéma, qui est le manque d’auto critique, et d’analyse poussée, sur les qualités et les défauts d’une œuvre. Souvent les gens se contentent de lire un ou deux avis sur quelques sites qui pratiquent la critique du « çé bi1 kar la fille C bae, likez, partagez abonnez vous sisi la famille » ou alors du « J’ai aimé donc c’est bien, un pouce vert sisi la famille » qu’ils prennent comme parole d’évangiles. Et il suffit que plus de 10 personnes partagent cet avis, pour que l’effet de masse « cultifie » l’œuvre en question. L’univers de l’animation japonaise doit contenir plus d’œuvres cultes différentes, que celui du cinéma, de la série télé et de la littérature réunis, c’est dire …

Tout ça pour dire que Re:Zero c’est bien, mais pas au point d’être considéré comme culte. Au fond de vous, vous faites ce que vous voulez, mais essayez de prendre un peu de recul sur ce que vous regardez et vous verrez, un monde d’opportunité s’offrira à vous !

Et mort à Feris !



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Rédigé par

Ancien membre de l'association.

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