Oregairu ; ma romance de jeunesse est mal…

My Youth Romantic Comedy Is Wrong, As I Expected

Bien que le titre laisse penser à une honteuse confession personnelle, le moment n’est pas encore venu de vous révéler mes déboires pendant mes années lycée.

My Youth Romantic Comedy Is Wrong, As I Expected, ou encore Yahari Ore no Seishun Love Comedy wa Machigatteiru en japonais, est un anime produit par le studio d’animation Brain’s Base, connu pour d’autres séries comme My Little Monster ou la seconde saison de Spice and Wolf. Il est probable que vous rencontriez plus souvent la version contractée du titre de l’anime, qui est Oregairu.

Le protagoniste essentiel, Hachiman Hikigaya, 8man ou Hikky pour les intimes, est un lycéen désabusé. Son esprit d’analyse n’a pour égal que sa solitude. À ses yeux, l’hypocrisie qui régit les relations sociales justifie de passer ses études seul en évitant les conflits.

INTRIGUE

Un événement déclencheur va venir bousculer la paisible existence de Hikigaya. Son professeur principal, Shizuka Hiratsuka, souhaite remettre en question sa piètre opinion des relations humaines en lui permettant de rencontrer de nouvelles personnes. Elle l’oblige ainsi à rejoindre le club des volontaires, dirigée par Yukino Yukinoshita. Leur but est simple : venir en aide à ceux qui le demande, et qui le mérite. Seulement, le club n’est composé que de deux membres, et il n’y a pas foule d’étudiants en détresse. La rencontre entre les deux lycéens est pour le moins de mauvaise augure. Yukino met en exergue les « yeux de poisson mort » de Hikigaya, qui réalise ainsi pourquoi elle est couramment appelée la Reine de Glace. Fier de sa solitude, il a durant toutes ces années volontairement brisé les liens qui maintenaient son existence sociale. Quelles vont alors être les conséquences de sa présence dans ce club, plutôt altruiste au demeurant ?

Leur première mission intervient lorsqu’une camarade de classe de Hikigaya, Yui Yuigahama, les sollicite car elle souhaiterait préparer des cookies. Deux manières d’affronter le problème sont alors choisies par Yukino et Hachiman. Yukino essaie d’apprendre à Yui à cuisiner, mais le talent de l’élève demeure trop faible pour réaliser de bons cookies. Hikigaya va alors proposer aux deux filles de quitter la cuisine pendant quelques minutes, le temps qu’il prépare ses cookies mystère. En les faisant goûter aux filles, celles-ci les trouvent moyens, mais acceptables. Il s’agissait en réalité des cookies préparés par Yuigahama. Les actes de Hachiman dépeignent sa conception des relations sociales. Se faire offrir des cookies est extrêmement plaisant, et le goût de ceux-ci est bien souvent secondaire à côté de la joie d’en recevoir. C’est avec ce pragmatisme exacerbé que Hachiman conseillera à Yui de ne pas faire autant d’efforts pour améliorer la qualité de ses cookies.

AIDE-TOI ET LE CIEL T’AIDERA

Il est légitime d’être sceptique suite à cette introduction. L’antihéros Hachiman Hikigaya n’a rien pour lui, est aussi laid physiquement qu’intérieurement. Pourtant, sa démarche est empreinte d’une sincérité qui attire l’attention. Certes, c’est une enflure de la pire espèce, mais son comportement est toujours le fruit de son observation du monde extérieur. La manière dont sont façonnés les personnages le place en parfaite opposition avec les autres lycéens. En un sens, j’ai trouvé cette volonté affirmée de ne pas édulcorer la personnalité ou l’apparence de Hikigaya tellement bien réalisée, que l’anime a réussi à me transmettre un peu de sa solitude, si bien que le dédain que j’ai pu ressentir envers lui s’est transformé en un sentiment plus amical.

La première mission du club forge donc les lignes directrices des membres. Si Yukino privilégie un véritable investissement du solliciteur, pour régler le problème en fond plutôt qu’en surface, Hachiman persiste à dire que seul le résultat importe. Tout moyen est bon pour parvenir à ses fins, quitte à parfois négliger la sensibilité des gens qui l’entoure. Cependant, uniquement porter son attention sur Hikigaya serait une erreur. Yukino est également un cas exceptionnel, et peut se targuer d’avoir aussi fréquenté la solitude.

L’ironie de la situation soulève un point intéressant. In fine, ceux qui viennent en aide aux autres sont sans doute exposés aux problèmes les plus épineux. Il est dit que pour comprendre les autres, il faut d’abord se comprendre soi-même. La tirade est assez révélatrice de l’anime. Les trois membres du club se serviront inconsciemment des difficultés rencontrées par leurs demandeurs pour tenter de résoudre leurs propres soucis.

LA PLACE DE LA ROMANCE

Pour être transparent avec vous, il m’est très compliqué de vous en conter plus sans exposer des éléments cruciaux de l’histoire, donc je vais plutôt vous montrer quelques romances alternatives. Je vous conseille alors d’aller voir l’anime dans un premier temps si le thème vous intéresse, sinon je risquerais de vous gâcher le plaisir de la découverte.

Même si le terme romance est directement cité dans le titre de l’anime, il est plaisant de voir une intrigue amoureuse décousue et bien plus souvent suggérée qu’explicitement dévoilée.

La première concerne Saika Totsuka. Membre du club de tennis, et camarade de Hachiman, Saika semble éprouver de l’intérêt pour Hachiman. Hikigaya n’est de même pas insensible aux charmes de Totsuka.

Hachiman and Komachi Hikigaya in Yahari Ore no Seishun Love Comedy wa Machigatteiru. (My Teen Romantic Comedy SNAFU)

Le seul petit bémol, c’est que Totsuka est un garçon. Oui, un garçon. Hikigaya tombe alors des nues en apprenant la nouvelle. Pourtant, il va souvent oublier cette information, mettant alors Hachiman dans des situations improbables. Habituellement si détaché, il pourrait mettre sa vie en jeu pour conserver le sourire de Totsuka. Je trouve que cette suggestion de yaoi est toujours bien amenée, elle est dépaysante sans pour autant dénaturer le fil de l’histoire. Elle apporte également un trait de caractère inhabituel pour Hikigaya, ce qui est assez rare pour être relevé.

Un autre chemin amoureux pour Hikigaya est sa professeure principale Shizuka Hiratsuka. Célibataire dans la trentaine, elle intervient régulièrement pour prendre des nouvelles de son petit protégé. La vision du monde de Hikigaya la répugne en apparence, mais mon petit doigt me laisse penser que la jeunesse de Shizuka possède quelques similitudes avec celle de Hachiman, et que ses discussions ont pour objectif de corriger les erreurs qu’elle n’a pu éviter. Malheureusement ce ne sont que des spéculations, les motivations du professeur sont pour le moins mystérieuses.

Je dois reconnaître que j’ai un peu triché pour le dernier personnage concerné par une romance. Il s’agit de la petite sœur de Hachiman, Komachi Hikigaya. Je vous arrête tout de suite, leur amour est purement fraternel. La mèche rebelle qui rend un peu niais Hachiman rajoute un petit côté mignon sur elle. Les différents principes qu’il applique au lycée ne sont pas de mise pour sa petite sœur, si bien qu’elle le connaît peut-être mieux que quiconque. L’utilité de Komachi sera aussi relancée lors de sa rencontre avec Yui.

LE CLAP DE FIN EST PROCHE

Oregairu n’a pas été choisi innocemment. Deux saisons sont actuellement terminées, mais le troisième et ultime volet trouvera place dans l’année 2020, et fait partie des animes dont j’attends le plus le dénouement (mais aussi le retour d’Iroha !).

Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup la palette de personnages qui s’ouvrent à nous. La plupart d’entre eux évolueront au fil des épisodes, et confronteront les opinions qu’ils ont pu ériger durant les années. Si l’hypocrisie qu’exècre Hikigaya pourra parfois se montrer visible, il réalisera que sa conception du monde peut être remise en question.

Un autre argument en faveur des relations dans cet anime est que l’information cruciale se situe parfois dans le non-dit. Tout n’est pas explicitement prononcé, il y a beaucoup de nuances à apporter aux paroles, si bien qu’en trois visionnages des deux saisons, je découvre de nouvelles facettes aux personnages.

In fine, j’espère vous avoir donné envie de jeter un coup d’œil à cet anime si vous ne le connaissiez pas, ou de le revisionner si vous avez déjà la chance de le connaître !


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 23-24 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.



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