Nisekoi


TITRE ORIGINAL : Nisekoi

GENRES : /comédie/romance/harem

DURÉE : 18 tomes en France (21 au Japon)

AUTEUR : Naoshi Komi

ÉDITEUR FR : Kaze


En 2016, il est presque impossible de passer à côté de Nisekoi. La dernière romcom/harem du Weekly Shonen Jump est devenue la quasi-référence du genre pour cette décennie. Sa popularité n’est plus à prouver et il est aussi sujet à de fortes critiques. Mais alors, qu’est réellement Nisekoi ?

Édité depuis novembre 2013 en France par Kaze, le manga avait débuté deux ans plus tôt, en novembre 2011, dans le célèbre Weekly Shonen Jump (One Piece, Food Wars ou To-Love Ru). Le manga est dessiné et écrit par Naoshi Komi, un auteur qui avait déjà signé quelques oneshot par le passé. Mais il avait surtout fait Double Arts, une première série avortée, en 2008, dans le Weekly Shonen Jump. L’auteur y avait ainsi montré une certaine maîtrise en terme d’écriture, proposant des histoires drôles et sentimentales.

Et c’est plus ou moins dans cette thématique que l’auteur débutera Nisekoi. L’histoire est simple. Raku, jeune héritier d’un clan yakuza, est contraint de sortir avec Chitoge, jeune héritière d’un gang fraîchement installé. Le but étant d’éviter un conflit sanglant entre les deux familles. Mais la tâche s’annonce compliquée tant les deux jeunes gens ne se supportent pas du tout. Et à cela, il faut ajouter de nombreux personnages secondaires. Notamment Onodera, la principale « rivale » dont est follement amoureux Raku; Tsugumi, amie d’enfance de Chitoge; Ruri, fidèle acolyte d’Onodera; Maiko, ami d’enfance de Raku et pervers fini; Marika, la folle à l’amour un peu trop explicite, et d’autres arrivant au fur et à mesure.

Nisekoi s’inscrit ainsi dans la longue tradition des romcoms, pour « comédie romantique », ainsi que dans le genre harem. Ce sont deux genres qui vont souvent de pair, comme dans Love Hina ou Zero no Tsukaima ou plus classiquement Clannad (qui fait moins dans la comédie). De ce fait, on y retrouve de fortes similitudes, comme dans la construction des personnages ou de l’histoire. Mais Nisekoi est loin de tomber dans la facilité et possède ses propres caractéristiques qui lui donnent une personnalité à part entière.

De le fraîcheur dans le dessin

Une des principales qualités de Nisekoi réside également en son dessin. Naoshi Komi possède un trait fin et élégant, idéal pour ce genre de manga. Les décors ne sont pas particulièrement détaillés mais ils arrivent toujours à poser l’ambiance. Et c’est encore une fois au niveau des personnages que l’auteur s’en tire le mieux.

Pour chaque émotion, il sait donner une expressivité incroyable à ses personnages. Que ce soit par leurs aspects mignons ou cartoons, les expressions reflètent très bien les émotions des personnages. On appréciera également leur impressionnante diversité.

Hormis cela, il n’y a pas grand chose à en dire. C’est clair, particulièrement agréable aux yeux sans pour autant sacrifier les détails. Le tout pour faire la part belle aux personnages dont le design est toujours soigné. On notera aussi les jolies tenues que l’auteur dessine pour les personnages féminins.

Un harem pas si classique

Du point de vue de l’histoire, Nisekoi est ce qu’il y a de plus classique pour une romcom-harem. Ou du moins en apparence. Si son cadre est des plus basiques, mettant en scène ses personnages dans leur quotidien, le manga sait se démarquer par quelques astuces.

L’histoire de Nisekoi se résume assez rapidement. Raku Ichijo, fils de yakuzas, et Chitoge Kirisaki, héritière d’un gang, doivent sortir ensemble pour éviter une terrible guerre de clans. Le problème, c’est que ces deux jeunes gens se détestent viscéralement. Pire : le jeune Raku est déjà amoureux de la belle et tendre Onodera. Un scénario pareil n’a vraiment pas de quoi soulever les foules. Et pourtant, Nisekoi sait l’aborder d’une manière suffisamment subtile pour le rendre agréable.

Si l’on retrouve donc bon nombre de clichés du genre, ils sont écrits avec une petite touche fantaisiste leur apportant un charme nouveau. Le meilleur exemple est le passage aux sources chaudes, dans les premiers tomes. Raku, piégé par le méchant Claude, s’est introduit par erreur dans le bain des filles au sein duquel arrivera Chitoge. Situation classique mais réaction moins banalisée. Si Chitoge est évidemment énervée de se retrouver dans cette situation, elle comprend rapidement que ce n’est en rien la faute de Raku et… l’aidera donc à s’en sortir sans être pris. Nisekoi est rempli de ce genre de tournures, reprenant ainsi bon nombre de situations clichées à sa sauce.

De nombreux personnages

Et si l’histoire du manga est loin d’être complexe, c’est aussi pour mieux mettre en avant ses personnages et leurs relations. Naoshi Komi. sait d’ailleurs créer sans cesse des personnages aussi attachants qu’intéressants. Dans un énorme casting, nous avons tout d’abord le trio de tête, dont on parlait déjà plus haut, avec Raku Ichijo, Chitoge Kirisaki et Onodera Kosaki. Raku est ce qu’il y a de plus classique comme personnage principal pour une romcom/harem mais il fait très bien son travail. Comprendre par là qu’il arrive déjà à toujours avoir une bonne raison pour que de si belles filles soient amoureuses d’un « tel homme ». Chitoge est la tsundere de la série. Si ce stéréotype lui va bien, il serait bien triste de la limiter à une si pauvre définition. Au risque de vous gâcher le plaisir, je dirais qu’elle est avant tout une fille qui déteste Raku, mais qui finira par l’aimer sincèrement. Cette évolution, qui prend forme dans les six premiers tomes, est très intéressante. D’autant plus qu’elle montre que l’auteur a envie de traiter ses personnages avec sérieux. Pour Onodera, c’est encore une fois un profil connu auquel on a affaire. Elle est la fille gentille et réservée, douce et mignonne que tout le monde aime. Raku compris, faisant d’elle la principale rivale de Chitoge. Ce qu’il sera donc intéressant avec Onodera, c’est la manière dont elle devra faire d’immenses efforts pour tenter de faire progresser sa relation avec Raku. Ce qui s’annonce compliqué, surtout vu le nombre de rivales qui arriveront par la suite.

Au trio principal, s’ajoutent ainsi bon nombre de personnages secondaires. Tsugumi, amie d’enfance de Chitoge mais surtout tueuse à gage. Sa relation avec Raku s’incarne davantage dans un amour impossible et muet, qu’elle ne semble pas capable de déclarer. Contrairement à Marika qui n’hésite pas à faire part de son amour fou pour ce « cher Raku » à toute heure. Une folie amoureuse qui est tout de même touchante, tant elle est passionnée. Et plus récemment, ce sont Haru Onodera et Yui Kanakura qui ont rejoint le « harem ». Si cela commence à faire beaucoup, elles ont encore une fois chacune leur intérêt. Surtout Haru, dont l’amour pour Raku est sans aucun doute l’un des plus légitimes. Mais tout ne tourne pas seulement autour de Raku dans Nisekoi. Paula McCoy, partenaire de Tsugumi, permet ainsi de mettre en lumière les changements de cette dernière. Et on ne peut évidemment pas oublier Maiko et Ruri, deux personnages secondaires très classiques encore une fois, mais dont le développement est presque plus intéressant que la trame principale. Et c’est vraiment plaisant de voir tous ces personnages, déjà très sympathiques, être traités avec intérêt et surtout sérieux par l’auteur.

Au final

Nisekoi est une romcom très agréable à lire. On prend rapidement plaisir à suivre les nombreux personnages de la série dans leur vie de tous les jours (à défaut de voir l’histoire principale avancer). Chaque tome est ainsi un concentré de gags qui font régulièrement mouche. Sans révolutionner les romcoms, Nisekoi y apporte tout de même sa petite touche lui donnant une certaine personnalité.

Avec son dessin plein de fraicheur et ses personnages enjoués, le manga est un excellent divertissement. De surcroit, la série prend soin de ses personnages en traitant chacun avec sérieux, même le comparse rigolo qu’est Maiko. Une lecture très agréable et de qualité qui vous fera rire de longues heures.

Et Chitoge, c’est la meilleure.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 16 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.

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