Mr Wolff quand John Wick rencontre Rain Man

016798-jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxAutant le dire tout de suite, je suis un fan, ultra-fan de films d’actions. J’ai grandi en regardant Die Hard ou Lethal Weapon. Vous imaginez donc que j’ai du mal, depuis quelques années, avec la nouvelle vague d’action hollywoodienne, édulcorée, suggérée, sans profondeur ni saveur. Le genre de films où on se débranche le cerveau en entrant dans la salle, et où on se le rebranche (ou pas) en sortant. Mais quelques fulgurances semblent réhabiliter un genre tombé en désuétude depuis l’avènement des films de super-héros à très gros budget. De The Raid à Sicario, par petites touches de pur brio, le film d’action reprend de plus en plus du poil de la bête, et c’est aujourd’hui, très certainement, du meilleur film d’action de l’année dont nous allons parler : Mr Wolff (The Accountant en version originale), film de Gavin O’Connor avec Ben Affleck dans le rôle principal.

Mais de quoi ça parle Mr Wolff ? Bah… de Mr Wolff… Sans déconner me direz-vous ? Et c’est là que le titre VO prend beaucoup de sens : The Accountant, le comptable. Car ce film nous offre un aperçu de la vie de Christian Wolff, simple comptable, difficilement discernable en apparences, qui s’avère en fait, un génie des maths, atteint d’un syndrome d’Asperger, qui offre ses services aux pires organisations criminelles de la planète. Sauf qu’un jour, il accepte, contre sa volonté, un dernier contrat qui risque de chambouler tout son univers.

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L’un des points les plus remarquables de Mr Wolff est le développement des personnages et, surtout de son personnage principal. Là où l’histoire et les principaux archétypes d’un John Wick ou d’un Jack Reacher tiennent sur un post-it et n’occupent que 15 minutes de film. Mr Wolff part de la genèse de son personnage, son enfance, la nature de son trouble, handicap qui deviendra une force. En passant par son adolescence, ses relations familiales tourmentées, jusqu’au présent filmique.

Une mise à nue qui permet au spectateur, non seulement de s’attacher au personnage, mais aussi d’éprouver tout un panel de sentiments à son égard, de l’admiration à l’empathie, en passant par la peur et l’incompréhension, qui font qu’on ne se lasse jamais de le voir évoluer. Le tout appuyé par le jeu d’un Ben Affleck juste parfait dans son rôle. Le reste du casting ne démérite pas non plus, notamment Jon Bernthal, qui arrive à se sortir de son rôle de Punisher, qui lui colle à la peau depuis la saison 2 de Daredevil et qui interprète ici, un mercenaire assassin possédant une personnalité que je qualifierai de « Jokeresque » (Le joker de Batman The Dark Knight). Même les personnages tertiaires, comme celui de J.K Simmons, sont exploités et valorisés dignement, et participent activement au dénouement d’un scénario à la profondeur rare, ce qui est extrêmement inhabituel dans le paysage cinématographique actuel.

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Mais parlons en du scénario, sans vouloir se poser en tant que renouveau du thriller d’action, Mr Wolff est un de ces films arrivant à proposer un scénario aux embranchements multiples, entrecroisés, développés par plusieurs personnages différents, parfois par le biais de flashback, mais qui ne se perd pas, ne sombre dans la facilité à aucun moment, et arrive à rester cohérent et imprévisible de bout en bout. Beaucoup de gens, et moi le premier, reprochons à l’industrie cinématographique de ne plus faire rêver, de trop prendre les spectateurs pour des débiles, à édulcorer des scénarios, souvent déjà pauvres en contenu, jusqu’à l’épuisement, ou encore de se perdre dans l’explication de la moindre chose qui se passe à l’écran.

Et c’est agréable, quand des films comme Mr Wolff, arrivent à garder ce petit élément de mystère, de profondeur et de complexité, qui arrive à tenir le spectateur en haleine de bout en bout. Mais qui ne perdra pas les moins analystes, tout en restant hermétique aux plus observateurs. Et ce, jusqu’au climax final où toutes les pièces du puzzle se mettent en place presque d’elles-mêmes avec leur lot de plus ou moins grandes et étonnantes surprises. De la complexité abordable, la profondeur mesurable, le maintien de l’effet de surprise, cela faisait longtemps qu’un film n’avait pas brillé sur tous ces tableaux en même temps.

The AccountantCoté réalisation, on regrettera une synchronisation labiale douteuse et des doublages plus que hasardeux, à certains moments, en version française. Mais dans sa réalisation globale, Mr Wolff frôle la perfection. De par les nombreux détails cachés dans presque chaque plan, permettant de faire avancer le scénario de manière subtile. Tout ce qui est visible à l’écran, tout ce qui est audible, chaque mot à un sens, n’est pas là par hasard et aura un rôle à un moment ou un autre dans la progression du scénario. Très agréable aussi, l’absence presque totale de trucage informatique, même sur les nombreuses armes utilisées dans le film. Ou encore les chorégraphies des combats et des fusillades ultra-réalistes et brutales. Les deux heures du films passent en un clin d’œil et se suffisent à elles-même. Je n’ai pas éprouvé la sensation de ne pas en avoir eu assez, ou d’en vouloir plus en sortant de la salle, juste une énorme envie de le revoir, en connaissant tout les tenants et les aboutissants de l’histoire, afin de me rendre compte de ce à quoi j’avais pu faire abstraction lors de mon premier visionnage.

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Vous l’aurez compris, en ces temps cinématographiques plutôt pauvres, Docteur Strange étant plutôt moyen, Jack Reacher décevant, et les grosses sorties n’arrivant pas avant le mois prochain. Je ne peux que vous encourager à aller voir Mr Wolff, qui en plus de vous proposer un divertissement d’action de très très haute facture, vous invitera à réfléchir tout au long de la séance et vous permettra d’apprécier, très certainement, l’un des meilleurs rôles de la carrière de Ben Affleck.



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