Gokusen ; La prof yakuza !

Chères lectrices et chers lecteurs, je vais vous présenter ici l’histoire qui m’a ouvert l’univers du drama, il y a un moment déjà. Après avoir visionné GTO, j’étais à la recherche d’histoires similaires.

Sur les conseils de mon plus jeune chaton, j’ai visionné Gokusen, en anime, et j’ai eu un véritable coup de cœur pour Yankumi, la professeure yakuza. Mais je vous la présenterai dans un ordre bien différent de mes découvertes.

Le synopsis

Kumiko Yamaguchi est fraîchement diplômée et débute sa première année d’enseignement. Ce petit brin de femme, avec une autre jeune femme très voluptueuse, a été engagée par le proviseur de l’académie Shirokin, à la surprise des autres enseignants. En effet, cette institution scolaire ne comprend pratiquement que des délinquants. Malgré les tentatives d’intimidation de ses étudiants, Kumiko ne se laisse impressionnée, car elle a un secret. Elle est l’héritière d’un clan de yakuzas et possède une force et une agilité inégalable.

Cependant, pour ne pas être virée du lycée, Kumiko doit cacher sa véritable identité. Parviendra-t-elle à dissimuler son secret à ses étudiants indisciplinées, et à ses collègues ? Mais surtout, saura-t-elle « éduquer » les jeunes qui lui sont confiés, tout en assumant son rôle au sein du clan ?

Les personnages

Yamazuki Kumiko, alias Yankumi (surnom donné par ses élèves) est une jeune femme de 23 ans, petite et menue, portant de fines lunettes, toujours vêtue d’un jogging au lycée. D’apparence frêle, elle cache une force impressionnante. Pour maintenir son secret, elle tente de jouer les ingénues en public, sans y parvenir réellement, car elle passe également son temps à sauver ses élèves de situations dangereuses (« mal » déguisée en vengeur masqué). Elle doit en parallèle tenir son rôle d’adjointe au chef du clan Oedo, lorsque son grand-père ne peut assumer ses responsabilités de « parrain ».

Elle porte d’ailleurs merveilleusement le kimono, et possède un certain charme, malgré un caractère bien trempé, très emporté même, quand il s’agit des membres de son clan. Sa devise pourrait être « qui aime bien, châtie bien » ! Le seul a qui elle montre son côté « fleur bleue » est son béguin depuis l’âge de 18 ans, même si cela semble être un amour à sens unique.

Shin Sawada est le « leader » de sa classe de 1ère 4 (2ème année au Japon). C’est un garçon flegmatique et intelligent, « beau gosse » et bon bagarreur, ayant un grand sens de la « justice ». Il perce rapidement à jour la « couverture » de Yankumi et n’aura de cesse de découvrir sa véritable identité. Intrigué, il va rapidement se trouver impliqué dans les « aventures » de Kumiko. Il va même l’épauler au final, mettant à profit son intelligence, même dans les dangereuses histoires du clan, au grand dam de cette dernière. Shin a un secret, lui aussi, qui va mettre à mal Yankumi et sa famille, dans un premier temps. Mais il sera vite « adopté » par les yakuzas, à sa plus grande perplexité.

Teruo Kumaï, alias Kuma, est le meilleur ami de Shin, ainsi que le « gros dur » de sa classe. Il fait tout ce que Shin lui dit et est le premier qui tente d’intimider Yankumi. Dans le manga, il vit seul avec sa mère, qui est hôtesse dans le club de Mme Wakamatsu. Kumiko va d’ailleurs lui sauver la vie. Suite à cela, sa mère demande à Kuma de bien écouter son professeur principal, sans lui expliquer réellement les circonstances du sauvetage. Le revirement de Kuma va entraîner un effet boule de neige auprès des autres élèves qui finiront par accepter leur professeur si particulier.

Kudô, ancien élève du lycée Shirokin, il cherche à se venger car il a été renvoyé avant la fin de sa terminale. Il garde d’ailleurs une main mise sur les élèves de terminale, malgré son renvoi, et contribue à nombres d’incidents au sein et en dehors du lycée.

D’abord jeune membre du clan Nekomata, il va naviguer parmi les sous-fifres de divers clans pour détruire l’académie Shirokin et, surtout, éliminer Yankumi, dont il s’est fait l’ennemie juré, sans se douter de la puissance réelle de son clan. Leçon après leçon, « tannée » après « tannée » données par Kumiko, sa rage et sa haine augmentent. Il va multiplier les provocations, attisant les rivalités entre clans, dans une escalade infernale, jusqu’à signer son propre arrêt de mort par l’ensemble du monde yakuza (je sais, je vous dévoile tout, enfin presque, ici, mais je vous laisse découvrir ce qui le sauvera d’un sort funeste !).

Le clan Oedo, « famille Kuroda, troisième génération », est dirigé par Ryûichirô Kuroda, le grand-père de Yankumi. Grâce à l’aura de Ryûichirô, le clan possède une grande influence dans le monde yakuzas. Même si, pour certains, il est d’apparence « faible » car il n’est composé de quelques membres à demeure. Malgré leurs aspects terribles, tous les membres du clan sont au petit soin avec Kumiko et la respectent, ils soutiennent tous son désir d’être enseignante. Maître Shinohara est l’avocat-conseil du clan et le grand béguin de Kumiko. Tetsu et Minoru sont les « petits frères adoptifs » de Yankumi (respectivement de un et deux ans ses cadets), et les plus jeunes membres du clan, ils sont aussi ses « souffre-douleurs » et vivent avec elle et son grand-père. Wakamatsu est le premier lieutenant-adjoint, et le seul homme marié, du clan ; son épouse dirige une maison d’hôtesses qui dépend du clan Oedo. Ôshima , premier lieutenant, a été désigné comme la « nourrice » de Kumiko, quand elle est devenue orpheline à l’âge de 7 ans, ce qui explique son côté « brut de décoffrage ». Il est en prison et n’apparaît que sporadiquement au début de l’histoire. Après sa sortie de « taule », c’est Ôshima qui va impliquer Shin dans la vie de la famille Kuroda. Enfin, il y a Fûji, le chien yakuza « doué de paroles », qui lui aussi entraîne Shin dans ses aventures canines plus que douteuses.

Shizuka Fujiyama est la seule autre femme à être professeur au lycée Shirokin. Elle est légèrement plus expérimentée que Kumiko dans l’enseignement. Ses courbes généreuses masquent une détermination qui frôle celle de Yankumi, même si elle a parfois tendance à classifier ses élèves comme du bétail consommable ou non. Elle entreprend de regrouper les plus beaux garçons du lycée dans une chorale. Si la chorale finira par fonctionner, sa composition finale sera assez surprenante. Shizuka a elle aussi un passé douloureux, ce qui explique en partie son enthousiasme, même si elle sera la proie de nombreuses spéculations à cause de lui.

Le manga

Classé « seinen » chez Kazé, le manga est d’abord sorti en prépublication du magazine You de Shueisha, en 2000, et comprend quinze tomes. Il a été complété en 2010 d’un oneshot sous le titre Gokusen – Kanketsu-ken, malheureusement pas édité en France. Ce dernier est un recueil de mini histoires sur les différents personnages du manga original.

Dans l’histoire originale, Yamagushi Kumiko est une jeune professeure enthousiaste qui fait tout pour éduquer ses élèves, tout en assumant pleinement son rôle d’héritière de la famille Kuroda. Malgré ses tentatives de paraître innocente et ingénue auprès de ses collègues et des élèves, elle va vite laisser son tempérament naturel prendre le dessus.

Au cours des deux années sur lesquelles s’étend le manga, on apprend à connaître les principaux personnages, leur histoire. Il se développe aussi pas mal de « romance ». Les prétendants de Kumiko sont parfois très inattendus et, d’ailleurs, cette dernière est d’une naïveté rafraîchissante sur les « choses de l’amour ». Le fait qu’elle ait grandi entourée d’hommes qu’elle « tyrannise » n’y est pas pour rien. Cela donne parfois droit à des scènes totalement hilarantes.

L’une des principales trames de l’histoire joue également sur les antagonismes. D’une part, le bras de fer incessant entre Kudô et Kumiko ponctue alternativement les mésaventures des élèves, mais aussi les ennuis rencontrés par le clan. D’autre part, les machinations du président du conseil d’administration provoque Yankumi. Il cherche à évincer la jeune femme et faire fermer le lycée Shirokin. Mais Yankumi a bien plus d’alliés qu’elle ne le soupçonne, dont le proviseur du lycée qui s’avère ne pas être qu’un pervers pépère.

On voit aussi l’implication grandissante de Shin dans la vie de Kumiko, que ce soit pour l’aider à « sauver » ses élèves, ou à démêler les histoires du clan, qui le pose en « concurrent » de maître Shinohara.

L’histoire alterne donc entre les scènes « classiques », ponctuées de bagarres et d’événements courants, dans un lycée de délinquants et, les joies et dangers d’une vie traditionnelle de yakuza. Si la violence est très présente à tous les niveaux, l’amour et l’humour sont aussi très prégnants. Au fil des chapitres, Kozueko Morimoto nous distille également quelques belles leçons de valeur morale, sur l’amitié, la camaraderie, et le sens de l’honneur, l’importance des traditions, mais aussi sur la tolérance. Il prend le temps d’approfondir le caractère de chacun de ses personnages, principaux et secondaires. D’ailleurs, l’évolution de certains d’entre eux est assez impressionnante, non pas tant par le trait, que par leur attitude. L’effet « Yankumi » est parfois plus efficace qu’un tsunami pour remodeler le paysage « interne » de quelqu’un !

Le style du dessin n’est pas mon favori, pourtant il reste soigné, bien qu’un peu simple à mon goût, surtout pour un seinen. Les décors sont eux aussi assez édulcorés, laissant parler ce côté un peu « brut » que veut l’histoire. Le coup de crayon de Morimoto se rapproche assez d’un style shonen, très caricatural, ce qui rend chaque personnage parfaitement identifiable, même lors des flash-backs dans la jeunesse de certains.

Certains tomes s’offrent des chapitres « bonus » savoureux avec les aventures de Fûji, notamment. J’ai littéralement dévoré le manga, il développe bien plus loin la vraie vie de Yankumi et c’est un régal de le lire jusqu’au bout… Il approfondit aussi certains des personnages secondaires, ajoutant du relief à l’histoire. J’espère qu’un jour le oneshot sera traduit, car c’est avec regret que j’ai dû « quitter » l’une de mes héroïnes favorites et ses amis.

L’adaptation anime

L’anime comprend treize épisodes de 23 minutes, qui respecte relativement l’histoire. Cependant, le sous-directeur Sawatari y a une importance bien plus capitale, se posant en principal antagoniste de Yankumi. Il ne sera pas sans rappeler le principal dans GTO et je doute que ce soit un hasard du scénario.

Quelques personnages importants du manga sont cependant laissés de côté. On y perd donc beaucoup du sel du manga. Même si Fûji est mis à l’honneur dans l’anime, car il suit Kumiko partout. Telle une ombre bienveillante qui rattrape les « bourdes » de Yankumi quand elle sauve ses élèves, il peut être aussi gaffeur parfois. Le chien yakuza « philosophe » affiche toute sa dimension comique dans l’anime.

L’anime s’achève un peu en eau de boudin, sur Shin qui s’oppose « officiellement » à maître Shinohara. Cette scène ne se présente pas de la sorte dans le manga, même si l’anecdote du sauvetage y existe bel et bien, et se situe au volume 7 de l’histoire originale. La seule fois où Kumiko tombe malade et perd une « bagarre ».

J’ai bien aimé la version anime, mais après avoir tout vu et lu, elle n’est pas ma favorite. Sauf pour l’inénarrable Fûji !

L’adaptation drama

La transposition en drama n’est pas très fidèle au manga, cependant cela s’explique par la longueur. En effet, il existe trois saisons, ainsi qu’un film. Le scénario ne pouvait qu’en être transformé car les dramas s’attachent plus à l’interaction de Yankumi avec ses élèves (et à ses amourettes à sens unique), et aux bagarres. La différence notable y est que Kumiko refuse de s’impliquer dans le clan, donc les rares scènes avec le clan Oedo sont très « familiales » et ne sont là que pour soutenir l’image « yakuza » de Yankumi.

La particularité aussi réside dans le fait que Yankumi « hérite » toujours de la pire classe du lycée (soit la seule emplie de délinquants juvéniles). Le seul point commun est que Kumiko doit garder sa véritable identité secrète, ce qui donne des scènes cocasses lorsqu’elle emploie des termes de yakuza dans ses discours enflammés.

D’aucun dirait que les saisons suivantes sont trop répétitives, ce qui est vrai en soi, car c’est ce que ce type de drama demande. Cependant chaque saison reprend des éléments inédits, tirés du manga, et non exploités dans les saisons précédentes. Et aligne dans son casting de jeunes acteurs très prometteurs, dont Matsumoto Jun et Oguri Shun pour la première en 2002, Kamenashi Kazuya et Akanishi Jin pour la seconde en 2005, Miura Haruma et Kiriyama Akito pour la troisième en 2008.

Au fil des trois saisons, on retrouve des éléments du manga, répartis très différemment. Nakama Yukie y incarne une Yankumi tout aussi énergique (Je ne suis peut-être pas très objective, car j’adore cette actrice que je trouve belle, talentueuse et drôle). Kuma (Waji Tomohiro) est également un personnage qui sert de fil conducteur pour ces trois saisons, même si son histoire personnelle diffère de celle du manga. L’éternel « sous-directeur » Sawatari (Namase Katsuhisa) sert également de relais entre les saisons, alors qu’il ne revêt pas cette importance dans le manga, mais est mis en avant par l’anime.

La première saison débute comme le manga, à peu de chose près, mais se déroule assez différemment. On y retrouve bien sûr Shin Sawada et Kuma, le clan Oedo et le principal Sawatari, et bien entendu le lycée Shirokin.

Ainsi, Kudo n’apparaît qu’à la deuxième saison. Cependant, son personnage n’est pas développé entièrement. Elle démarre trois ans après les débuts de Yankumi, dans la chronologie de l’histoire, dans un tout nouveau lycée, avec, donc de tous nouveaux élèves.

La dernière saison, quant à elle, débute six années après la fin de la première. Elle reprend nombre d’éléments des saisons précédentes, comme les thèmes musicaux. Elle livre également plus de fan service, avec des clins d’œil plus nombreux au manga d’origine.

Le film, diffusé en 2009, se déroule l’année qui suit la saison trois et rassemble nombre des acteurs des trois saisons. Le scénario est construit comme une ultime aventure avec Yankumi et ses élèves.

Cela ressemble à un hommage et marque un point final à la série.

Pour conclure

Comme je l’ai dit en introduction, j’ai découvert Gokusen, d’abord en anime. Puis, dans l’espoir de côtoyer plus longuement Yankumi, j’ai trouvé les dramas. Dont j’ai d’abord visionné certains en version sous-titrée anglaise, c’est vous dire à quel point j’étais « accro ». Je n’ai lu que très récemment le manga et il a désormais ma préférence sur ses adaptations.

L’histoire rappelle énormément GTO, vous ne manquerez pas de faire le parallèle avec les dramas ou l’anime. Mais le manga lui a sa propre vie, suffisamment palpitante pour faire oublier toute comparaison. D’ailleurs, à part le fait d’un professeur qui sort de l’ordinaire, Kozueko Morimoto a su créer parfaitement le personnage d’une femme forte et déterminée, avec juste le minimum de naïveté pour lui éviter le phénomène « divinisation ».

J’espère que vous pourrez vous lancer dans l’histoire de Gokusen avec le même bonheur, et surtout les mêmes fous rires que moi. Bonne lecture !


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 26-27 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.



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Rédigé par

Tricoteuse de chiffres IRL. Garde & Petite Main du Mag'zine. Animatrice du Divan dit Vent. Phrase fétiche : « Puissiez-vous vivre des moments intéressants »

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