Godess of Fire – petite histoire sur la poterie coréenne

Chers lecteurs, je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais personnellement, il existe un artisanat qui a, de tout temps, éveillé mon admiration. Artisanat ! Que dis-je ! Il s’agit plutôt d’un art à part entière : la poterie. Si à l’époque préhistorique, elle avait un but purement utilitaire, elle a pris ses lettres de noblesse à l’Antiquité. De la simple poterie brute de terre cuite, elle s’est transformée en faïence, céramique et porcelaine, par le savoir-faire et la passion des artisans qui la pratiquaient.

Le sujet est pourtant trop faste. Aussi, vais-je me contenter, pour ce numéro, de vous entraîner dans l’univers de la céramique asiatique, mais surtout coréenne, par le biais d’un magnifique drama, disponible en vostfr sur le site de DramaPassion (site spécialisé dans la diffusion de dramas coréens).

Depuis le temps que nous nous fréquentons, vous n’êtes pas sans connaître mon goût prononcé pour l’Histoire (oui, avec un grand H, mais aussi un petit). Depuis moins d’un an, j’ai eu l’occasion de trouver nombre de dramas coréens, largement inspirés de faits historiques, et plus précisément sur l’ère Joseon, tous plus intéressants ou amusants, les uns que les autres. Goddess of Fire est celui qui m’a cependant apporté le plus de surprises et, surtout, m’a dû à la somptuosité et à la finesse de l’artisanat asiatique.

CONTEXTE HISTORIQUE

L’époque qui nous intéresse se situe à la fin du premier tiers de l’ère Joseon. Cette longue période allant de 1392 à 1910, a connu plusieurs ages d’or, entrecoupés de longues périodes de troubles.

Avec l’avènement du roi Yi, fondateur de la dynastie qui domine cette ère, l’art du céladon de l’ère Goryo (céramique typique à la glaçure verte ou bleu-gris, ressemblant à du jade) s’est perdu mais les céramistes coréens continuent de produire de magnifiques céramiques bleues et blanches.

Goddess of Fire se déroule donc sous le règne du roi Seonjo (1567-1608), qui se voulait un monarque éclairé, et s’achève lors des premières invasions japonaises, en 1592, lorsque le shogun Hideyoshi Toyotomi décide d’envahir le territoire coréen afin de s’assurer une base terrestre dans ses projets de conquête de la Chine.

Les japonais de l’époque n’étaient pas non plus indifférents à la poterie, mais ne possédaient pas les techniques chinoises ou coréennes, permettant d’obtenir ce fini lisse et brillant sur leurs céramiques. Aussi, les porcelaines de Joseon avaient une grande valeur monétaire, d’autant que les plus fines ne sortaient que des ateliers royaux.

PLANTONS TOUT D’ABORD LE DÉCOR

Deux potiers vont s’affronter devant le roi pour le titre de maître potier de l’atelier royal de Punwon, font un rêve étrangement similaire – deux personnalités diamétralement opposées leur fait accueillir ce songe, avec horreur pour l’un, avec joie et bonhomie pour l’autre.

Le concours tourne au drame, lorsque la reine manque mourir avec son enfant à naître, suite à une allergie à l’un des composants de la glaçure recouvrant la porcelaine de notre gentil potier (Yu Eul Dam). Accusé de trahison, il ne doit son salut qu’à l’intervention plus qu’hypocrite de son concurrent (Yi Kangchon) et surtout à la naissance miraculeuse du jeune prince.

Dans le même temps, sa fidèle assistante donnera naissance, en secret, à une petite fille dans l’âme du four de potier, après avoir échappé à la mort programmée par Yi Kangchon, pour limiter sa propre descendance à son seul fils, Yi Ukdo, à cause d’une prédiction, et surtout pour faire taire la malheureuse qui connaît le véritable traître.

Sorti de prison, Yu Eul Dam n’aura que le temps de prendre le nouveau né, avant que le four ne s’écroule sur la jeune mère. Ainsi, Yu Eul Dam va élever l’enfant du feu, Yu Jung, comme la sienne. Sans de son pire ennemi, car sa nature généreuse ne lui permet même pas d’imaginer l’ampleur de l’ambition monstrueuse et haineuse de celui qu’il considère comme un ami.

LA NAISSANCE D’UNE PIONNIÈRE ?

Ne craignez rien, ici nul secret pour vous, puisque cela résume le premier épisode. Mais secrets il y a bien, et de haute importance, puisque tout un chacun en connaît une petite partie dans le drama et ils servent de fil rouge à l’histoire. Pour « pimenter », s’il est besoin d’un petit côté mélo, la lutte d’une jeune fille contre les préjugés sexistes et les tabous religieux d’une époque et d’un milieu masculin, la découverte par Yu Jung de ces vérités contribuera à lui ouvrir les yeux sur les réalités sordides de la vie et forgera aux feux les plus ardents le caractère de cette potière de talent, présentée dans le drama comme une pionnière.

Yu Jung, grandit donc heureuse et choyée, auprès de Eul Dam, qui ferme les yeux sur nombre de ses caprices, tout comme son frère de lait, Kim Taedo ou son amie d’enfance, Shim Hawlyong. A treize ans, elle montre déjà un certain talent, pouvant réparer presque à la perfection toute poterie qu’elle brise. Cependant, ce bonheur va s’effriter avec l’arrivée subite des princes héritiers dans son village, et notamment du second, Kwanghae. Ce qui attirera l’attention du roi, et donc de Yi Kangchon, sur la retraite paisible de Eul Dam. L’univers de Jung éclate finalement en morceaux lorsque son père est assassiné sous ses yeux. Elle ne pensera dès lors qu’à la vengeance et fera croire à son suicide pour pouvoir se préparer à l’accomplir.

Elle se réfugie auprès du vieux maître de son père, Maître Mun, qui lui enseignera tous ses secrets pour distinguer les différentes argiles et autres éléments pour les glaçures, afin de fabriquer des céramiques. Elle apprend vite et reparaît sous les traits d’un jeune apprenti aux portes de la poterie royale, dirigée par Yi Kangchon. Dans un premier temps, nul ne la reconnaît, ni son ami d’enfance, Kim Taedo, ni le prince Kwanghae qui supervise Yi. Pourtant, son secret finit par être découvert, et cela entraîne une escalade dans l’affrontement entre Jun et Kangchon.

Les complots politiques ont fait perdre une grande part de son objectivité à Kangchon mais son expérience, sa position et le talent de son fils le laisse confiant, voire partiellement aveugle aux dons de Jung. Il s’apprête à écraser comme un insecte la fille de son plus grand rival. Pourtant, la révélation du mensonge de Jung fait remonter à la surface nombre de secrets bien plus sombres, tout en montrant aux yeux de tous l’excellence et la sincérité de la jeune fille.

LA VRAIE VIE DE BAEK PA SUN (ALIAS YU JUNG)

Il est évident que le drama prend de grandes libertés avec la véritable histoire de Baek Pa Sun, qu’elle voile pudiquement en renommant l’héroïne. Il n’en reste pas moins véridique que cette femme était une pionnière de son époque et avait une grande force de caractère. Si le drama s’attache surtout à l’adolescence de cette héroïne, en faisant l’impasse sur la partie la plus glorieuse de sa vie, il reste néanmoins fidèle à quelques vérités historiques tout en faisant fi de la réalité chronologique, car il s’achève avec l’enlèvement de Pa Sun et d’autres potiers par l’envahisseur nippon.

Elle est kidnappée avec son mari, Kim Tae Do, lors des invasions japonaises en Corée, et ne reverra jamais son pays natal. Installée tout d’abord à Dakheo, avec son époux qui prend le nom de Shinkai Shintaro. Au décès de celui-ci, en 1618, elle part pour Hiekoba, entraînant avec elle, plusieurs centaines de potiers et fondant un atelier axé sur la céramique, alors qu’Arita était le centre de la production de la porcelaine blanche, et dirigé par Yi Sam Peyong,

Elle exercera avec passion et fierté son art de la céramique, et participera activement à promouvoir le savoir-faire coréen au Japon avec ses compatriotes potiers. Baek Pa Sun s’est éteinte à l’âge honorable de quatre-vingt-seize ans. Un monument à sa mémoire fut érigé en 1705 par son arrière-petit-fils.

QUELQUES MOTS DE PLUS SUR LE DRAMA

Pour conclure, je voudrais revenir sur le drama. S’il ne se veut aucunement historique, car très romancé, il n’en reste pas moins intéressant à suivre. Que ce soit par l’intrigue, mais surtout par la qualité du jeu des acteurs.

Par exemple, Moon Geun-Young (qui incarne Yu Jung) s’est entraînée très sérieusement à l’art de la poterie. Vous pourrez donc voir en direct « live » toutes les étapes de fabrication d’une céramique ou d’une porcelaine. Découvrir aussi par la même occasion quelques « secrets » sur la composition de la glaçure. Bref, vous immerger dans la glaise ou l’argile, sans pour autant vous salir, elle l’a fait pour vous !

L’affrontement entre Eul Dam et Kangchon, puis entre la fille et le fils, vous offriront également pas mal d’émerveillement pour vos mirettes, puisque le drama n’est aucunement avare d’étalages de magnifiques porcelaines et céramiques en tout genre, des plus rustiques aux plus raffinées.

J’espère que ce petit aperçu vous aura plu et vous donnera envie de plonger un peu plus profondément dans cette histoire en allant visionner Goddess of Fire.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 17 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.



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Rédigé par

Tricoteuse de chiffres IRL. Garde & Petite Main du Mag'zine. Animatrice du Divan dit Vent. Phrase fétiche : « Puissiez-vous vivre des moments intéressants »

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