FLCL
Titre original : FLCL
Réalisateur : Kazuya Tsurumakiµ
Durée : 6 OVA de 25 minutes
Genres : comédie/drame/science-fiction
Année de production : 2000
Studios : Gainax & Production I.G
En 2017, nous verrons (si tout va bien) la suite assez inattendue de FLCL (ou Fuli Culi). Et pour cause, elle arrive plus de dix-sept ans après la série originale. Et si, comme moi, vous êtes assez réticents face à ces suites incongrues, vous pouvez vous rassurer en sachant que Kazuya Tsurumaki et Yoshiyuki Sadamoto, respectivement réalisateur et character designer de la série originale, reprendront leur poste pour ce projet. De même pour le groupe the pillows qui reviendra travailler sur les musiques de la série. Pour ce qui est de FLCL premier du nom, il s’agit d’une série de six OAV (Original Video Animation), sortis entre avril 2000 et mars 2001. Chaque épisode durant une petite demi-heure, il est facile de s’enchainer l’intégrale en une soirée (armé d’une pizza et d’une télévision, format 4/3 de préférence). C’est une coproduction des studios Gainax (Neon Genesis Evangelion, Tengen Toppa Gurren Lagann) et Production I.G (Space Battleship Yamato 2199, les Ghost in the Shell et plus récemment Haikyū!! ou Guilty Crown).
Bref, des studios qui pèsent désormais lourd dans l’histoire de la japanimation. La série fut quant à elle réalisée par Kazuya Tsurumaki, qui fut impliqué sur de nombreuses séries de Gainax et travaille maintenant sur la nouvelle série de films Evangelion, où il occupe de nombreux postes (dont celui de coréalisateur avec Masayuki, sous la tutelle d’Hideaki Anno). Dans le staff, on retrouve pêle-mêle de grands noms, comme Hiroyuki Imaishi (storyboard, directeur de l’animation), Yoh Yoshinari – qui réalise actuellement Little Witch Academia chez Trigger – (storyboard, animation), Sushio (animation clé) et Hideaki Anno (animation clé, mecha design). Je pourrais continuer des heures comme ça, une bonne partie de la crème de Gainax et Production I.G ayant travaillé sur la série.
L’histoire de FLCL peut sembler improbable et c’est normal, elle l’est. Mais en gros, elle peut se résumer ainsi : un jeune garçon, Naota Nandaba, fait la rencontre inopinée d’Haruko Haruhara, qui le renverse en moto. Accident qui a pour effet de donner une bosse à notre protagoniste (logique), qui devient une corne (logique ?) avant d’en faire sortir deux robots (euh…) qui se battent. Le gagnant, avec une télévision en guise de tête, rejoint la famille Nandaba. Et ce n’est que le premier épisode. Autant dire qu’il faut s’accrocher et ne pas être très exigeant en terme de réalisme, tant FLCL est une série qui part en roues libres. Chaque épisode met ainsi en scène des événements qui ne semblent avoir aucune logique, allant de nouveaux combats de robots (géants) à la chute improbable d’un satellite. Le tout sur fond de vie quotidienne. Une phrase revient régulièrement pour décrire Mabase, la ville de la série : « Il ne se passe rien de spécial ici, seulement l’ordinaire ». Description assez improbable alors qu’on frise plutôt l’improbable. Au fait, je vous ai dit qu’une usine en forme de fer à repasser surplombait la ville ? En réalité, le délire va beaucoup plus loin. La série est une sorte de laboratoire à ciel ouvert dans lequel on aurait réuni les plus grands savants fous de l’époque. De nombreuses scènes font penser à des délires d’enfants, comme « hé là, tu vois, il y a un énorme mécha qui arrive pour défoncer la ville puis t’as Haruko qui se ramène en ‘bunny girl’ volant sur sa guitare électrique ! ». Et le pire dans tout ça, c’est que FLCL parvient à transmettre une véritable philosophie. Parce que derrière ses airs de vaste bazar, FLCL arrive tout de même à développer de nombreux thèmes liés à l’adolescence. Ça peut aller de la confiance en soi aux relations amoureuses, en passant par l’absence du grand frère de Naota qui lui pèse. Les relations difficiles avec les parents sont aussi illustrées par des dialogues au summum de l’incompréhensible. Ainsi, en usant beaucoup du second degré et de la métaphore, FLCL parvient à parler de ses thèmes avec une sincérité particulièrement efficace.
L’autre gros bout qui fait tout le sel de FLCL (hé ça rime), c’est son animation, sa réalisation et sa musique. Tout comme son récit, le visuel est une expérience de tous les instants. On a ainsi le droit à des scènes assez folles, comme au premier épisode quand Haruko percute le pauvre Naota avec son Vespa. Le mélange entre les décors 3D et la « caméra » tournant autour des personnages donnent un superbe effet de profondeur à la scène, mettant alors en avant une action précise (ici d’un baiser). On retrouve cet effet dans le troisième épisode, en beaucoup plus violent cette fois-ci. En bizarrerie visuelle, l’utilisation de planches de manga pour mettre en scène des dialogues en est une autre tout aussi originale. Surtout utilisée lors des diners chez Naota, elle permet de dynamiser visuellement des scènes de repas trop souvent monotones ailleurs. Il y a un tas d’autres originalités au niveau de l’animation ou de la réalisation, c’est un peu la marque de fabrique de la série après tout. Et toutes ces fantaisies sont ainsi rendues possibles par le format OAV, bien plus propice aux expérimentations qu’à une série prévue pour être diffusée à la télévision. Espérons d’ailleurs que cet esprit soit conservé pour la suite dont je vous ai parlé en début d’article. Enfin, comment ne pas parler de la superbe, que dis-je, magnifique bande originale composée par the pillows ? Les chansons rock produites par le groupe s’intègrent incroyablement bien à l’animation, au point de former ensuite une nouvelle entité parfaitement liée. Et je parle bien de chansons, car ce sont uniquement des chansons, utilisées de la même manière que des thèmes, qui parsèment les épisodes. On ne parle pas non plus d’« insert song ». Et elles apportent grandement à l’ambiance de la série, avec ses airs mélancoliques et/ou survoltés. Idéal pour l’histoire d’adolescent troublé dans un monde fou que raconte FLCL.
Pour conclure, je ne peux que vous inviter à jeter un œil à cette œuvre, désormais culte dans l’histoire de la japanimation. Surtout que les six OAV s’enchainent facilement en une soirée (j’arrête de forcer). FLCL, c’est un anime dans le pur esprit Gainax : on tente des trucs un peu bizarres, ça part dans tous les sens, mais au final on essaye quand même de raconter quelque chose de fort. Un pur divertissement qui ne délaisse pas son propos. Une véritable valeur qui perdure aujourd’hui, même si l’équipe s’est éparpillée. Mais si cela vous intéresse, des séries comme Space Patrol Luluco (par Imaishi avec le studio Trigger) qui parle astucieusement d’acceptation de soi ou du projet Japan Anima(tor)’s Exhibition produit par Hideaki Anno qui consiste en une série de (très) courts métrage (trois à vingt minutes), tous réalisés par une personne différente (le trente-cinquième épisode, Cassette Girl, est dans un esprit assez similaire à celui de FLCL) et toutes les productions Gainax/Trigger devraient grandement vous intéresser !
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 18 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.