Tpiu, mangaka

Le 4 décembre 2020, nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir, dans nos salons Discord, une jeune artiste talentueuse. J’ai nommé la mangaka française, Tpiu, dont vous pouvez retrouver les œuvres sur mangadraft.com, mais aussi la suivre sur son compte Twitter ou Facebook.
À cette occasion, Tpiu a généreusement accepté de répondre aux questions de l’équipe de Mag’zine, représentée par notre rédac’chef, Esenjin, ainsi que deux de nos rédacteurs : Lord Shi-Woon et Kittyscats.
Tout d’abord, pour permettre à nos auditeurs/lecteurs de mieux connaître Tpiu, nous l’avons fait parler un peu d’elle et de ses goûts :
(Kittyscats) Tu publies sous le pseudo de Tpiu, est-ce qu’on peut être indiscret en te demandant : pourquoi ce pseudo et comment tu l’as choisi ?
(Tpiu) Le nom vient d’un personnage de roman qui s’appelait Ipiu Timinel et que les autres personnages appelaient Piu ou Ipiu. J’ai trouvé ça très mignon. À la base, c’était donc Ipiu, jusqu’au jour où une amie a écorché mon pseudo en lisant « Tipiu » sur ma dédicace. J’ai trouvé que cela sonnait mieux et c’est ainsi devenu Tpiu tout simplement.
(K) Envisages-tu de continuer à l’utiliser ou publieras-tu un jour sous ton vrai nom ?
(T) Oui, parce que Tpiu, ce n’est pas vraiment « moi », j’ai un peu l’impression de m’être créée un personnage. Puis, cela me permet aussi de séparer le privé du professionnel et c’est un pseudo que j’aime bien.
(K) As-tu un genre de prédilection dans tes lectures ? Si oui, lequel ?
(T) Oui, moi, c’est complètement le style fantaisie. J’adore ça, surtout tout ce qui est dans l’univers médiéval. Après, ça dépend aussi de ce que tu entends par lecture. Je lis énormément, j’adore les romans. En manga, je suis un peu plus ouverte, du moment qu’il y a un bon scénario et de beaux dessins.
(K) Dans ce cas pourrais-tu nous conseiller un roman ou une série de romans ?
(T) « Les Archives de Roshar » de Brandon Sanderson, un chef d’œuvre !
(K) Qu’est-ce qui t’attirait dans les BD/Mangas à ton jeune âge ? As-tu les mêmes motivations/passions aujourd’hui ?
(T) Les BD, j’ai tout de suite aimé ça. Quand j’étais en primaire, je faisais déjà des petits dessins, des histoires imagées et, par la suite, c’est devenu des mangas. Ce qui m’attirait, c’était le côté histoire avec des dessins et cela me plaisait tant que c’était bien dessiné.
À partir du lycée, mon ambition était d’être publiée au Japon, j’étais très motivée. Je me suis beaucoup investie là-dedans, mais maintenant cette motivation s’est un peu tarie avec le temps.
(K) Que penses-tu des webtoons ?
(T) J’en ai lu un peu, mais sans plus, parce que je n’aime pas trop la mise en page et trouve le style de lecture un peu étrange. Après, je n’ai pas vraiment d’opinion là-dessus, parce que je n’en ai pas lu assez pour avoir un avis constructif.
(Esenjin) Du coup, on va revenir un peu sur les mangas : as-tu un mangaka ou un dessinateur favori ?
(Tpiu) Non, parce que j’en aime beaucoup trop. Mais en mangaka, je dirais qu’il y a Iromu Arakawa, l’auteur de Fullmétal Alchemist, et Kazue Katô, de Blue Exorcist. Tant pour le dessin que pour le manga, je les admire profondément.
(E) En dehors des BD ou des mangas, est-ce qu’il y a un artiste ou un courant artistique qui t’inspire particulièrement ?
(T) Hors des BD, encore une fois, il y en a énormément auxquels je m’intéresse pour leur différent style. Mais s’il faut en citer quelques uns, il y a Yumei que j’aime beaucoup et aussi Nesskain. Ce sont les premiers noms qui me viennent en tête, sinon j’en ai beaucoup d’autres qui m’inspirent. Dans les classiques, à part Alfons Mucha, je ne vois pas trop. Du moins, rien de particulier ne me vient en tête, là comme ça.
(E) À partir de quel âge, as-tu commencer à dessiner ?
(T) C’est venu tout de suite, dès que j’ai su tenir un crayon : je dessinais.
(E) As-tu suivi une formation spécifique pour le dessin ou menais-tu ta passion à côté d’études plus généralistes ?
(T) J’ai fait ça à côté… À côté de pas grand chose, en fait, si ce n’est dessiner. J’ai juste suivi des études de japonais, mais le dessin est quand même resté mon activité principale.



(Lord Shi-Woon) Sur ton profil Mangadraft, il est mentionné que tu es l’assistante de Tony Valente, le créateur du manga français « Radiant ». Comment as-tu rencontré Tony Valente ?
(Tpiu) Petite précision, le profil sur Mangadraft n’est pas vraiment à jour, je ne suis plus son assistante. Je l’ai été pendant deux ans, du tome 9 au tome 12. Je l’ai rencontré, comme la plupart des gens, au moment de la sortie du tome 1. A cette occasion, il était en dédicace à JapanExpo. Du coup, j’ai fait la queue et, lors de notre rencontre, il était tellement gentil que j’ai pu lui parler de mon travail. Je lui ai même remis ma carte. Surtout qu’à ce moment-là, je débutais, ce n’était pas super. Mais il est allé voir mes travaux et il a adoré. On est donc resté en contact, il m’a demandé de faire une illustration pour le tome 2, dans la rubrique « chez les invités » et m’a ensuite recontacté au tome 9 parce qu’il avait besoin d’aide. C’est vraiment quelqu’un de sympa.
(LS) Du coup, concrètement, en quoi a consisté ton métier d’assistante auprès de lui ?
(T) Rien de sensationnel, je faisais juste les trames. Les trames, ce sont les zones de gris qui servent d’ombre. Du coup, il m’envoyait ses planches pré-préparées et cochait chaque endroit que je devais tramer. Je savais globalement ce qu’il fallait faire, par exemple les cheveux ou autre. Je réalisais les trames à partir du même logiciel et je les lui renvoyais.
(LS) Il faut bien préciser que l’activité de mangaka demande énormément de travail de préparation sur les planches. Ce qui m’amène à la question suivante, pour l’aspect matériel, quel serait selon toi le parfait attirail du dessinateur de manga en herbe ?
(T) Cela dépend si le dessinateur travaille en traditionnel ou en numérique. Sinon en traditionnel, il faut une planche, une plume et de l’encre. Après, moi, je n’ai pas commencé directement avec la plume, mais avec un stylo. Donc, pour débuter, ce serait mieux de commencer avec un stylo. Des stylos spécifiques pour dessiner, une règle pour faire les cases et un crayon. J’ai commencé avec rien, il faut se lancer, après on trouve un peu son propre matériel. C’est propre à chacun.
(LS) Disposes-tu d’un matériel fétiche / porte-bonheur ?
(T) Non, pas du tout, même en cherchant, je n’ai pas de matériel fétiche.
(Kittyscats) J’ai une question d’un auditeur qui demande comment tu ressentais la pression dans ton travail d’assistante de Tony Valente.
(Tpiu) Au début, j’étais un petit peu… pas stressée, mais il fallait que je réalise correctement les planches. Ce n’était pas vraiment compliqué, donc il n’y avait pas de réelle pression. Et puis,Tony est cool. Au début, il m’a aidé à prendre en main un logiciel que je n’avais jamais utilisé. Donc, il m’a appris comment faire les trames. Il y avait une ambiance très positive, dès que j’avais un problème, je pouvais lui envoyer un message. Du coup, j’étais très fière de pouvoir travailler sur ses planches.
Mais globalement, c’était assez facile à gérer. Lorsqu’il m’envoyait ses planches, je réalisais les trames tout de suite et les lui renvoyais, comme ça c’était fait. A chaque fois, il me disait « ah, mais tu vas super vite », mais au moins je n’étais pas en retard.
Il y avait quelques périodes où il fallait aller très vite. Par exemple, au moment d’une JapanExpo, l’un des tomes devait bientôt sortir, mais tout le travail n’était pas encore terminé. Tony m’avait envoyé pleins de planches et il fallait que je les trame, on s’est dépêché. Surtout que je n’étais pas forcément chez moi à ce moment-là, donc je prenais mon ordinateur portable et ma tablette, pour pouvoir travailler dessus. Mais au final, le tome n’est pas sorti le bon jour.
Globalement, il y avait une bonne ambiance, pas de pression. J’insiste là dessus, Tony est super gentil et cool. Parfois, j’ai commis des erreurs dont il ne m’a pas forcément tenu rigueur. Du coup, j’étais un petit peu gênée par celles que j’avais pu relever sur le tome : je lui demandais alors « mais pourquoi tu ne me l’as pas dit ? ». Surtout que le tome 9 ou 10, si vous cherchez bien, il y a une page où on trouve une case avec une croix tramée, une zone que j’avais oublié de faire. Tony m’a dit qu’il n’avait pas fait attention non plus, et il ne l’a vu qu’une fois que tout avait été imprimé.
Nous sommes ensuite revenu plus en détail sur son parcours, avec ses débuts dans le fanzinat :
(K) Vers quel âge t’es-tu vraiment lancée dans le style manga ?
(T) À onze ans. Dès que je suis rentrée au collège, j’ai rencontré des jeunes qui lisaient des mangas. Du coup, c’est vraiment à ce moment là que j’ai commencé à en lire. J’avais envie de faire comme tout le monde et c’est comme ça que j’ai commencé à dessiner des mangas.





(K) Et tu as démarré dans le fanzinat à ce moment là ?
(T) Non, beaucoup plus tard, j’ai commencé au lycée.
(K) Pendant ce temps-là, avais-tu un soutien de la part de tes amis/proches/famille pour t’aider à avancer ou t’améliorer ?
(T) Oui, ma famille, enfin plus particulièrement, mes parents. Ils m’ont toujours soutenu dans mes dessins, sans vraiment penser que je voudrais en faire mon métier. Si j’avais besoin de tel feutre ou telle feuille, ils étaient toujours là pour me les payer. Ils ont été un gros soutien. Pour les amis… Globalement, les gens soutenaient pas mal ma passion.
Après, c’était un peu plus compliqué quand j’avais pour objectif d’aller au Japon, les amis étaient plus surpris : « Hein, tu veux aller au Japon ! Pourquoi tu fais pas ça en France ? ». C’était différent.
(K) Ophy nous fait part d’une anecdote intéressante : tu aurais dessiné sur un mur ?
(T) Oui ? Quel mur ? Ah (rires), ce mur là ! J’avais dessiné sur le mur de la chambre de mon neveu, sauf que la famille a déménagé. Et la personne qui s’est installée ensuite a repeint les murs. Et voilà, pour une journée de travail… (rires)
(K) Quelles étaient tes principales inspirations à l’époque ?
(T) One Piece, j’étais à fond là-dedans (rire). Maintenant, j’aime plus du tout. Mais c’était mon gros manga bien-aimé à cette époque là, avec Naruto, etc…, mais surtout One Piece.
(Esenjin) On va plutôt parler de la manière dont tu t’es éditée. Entre auto-financement et financement participatif, est-ce que pour toi il y a une méthode meilleure que l’autre ?
(Tpiu) L’auto-financement, c’est tout seul. Je ne saurais pas dire quelle serait la meilleure méthode… Si t’es riche, l’auto-financement, oui. Autrement, ça sera plutôt le financement participatif. Je ne sais pas si j’aurais un avis constructif sur ce sujet.
(E) Et si tu avais un point positif ou négatif à ressortir de chaque méthode ?
(T) Quand j’imprimais mes petits fanzines moi-même, c’était pas extrêmement coûteux. Et je rentrais toujours dans mes frais quand je les vendais après en convention. Mais c’était pas un gros bénéfice.
Puis, au moment où je me suis lancée dans l’édition de Tpiutopia et le Roi des Chapeaux (donc de vrais mangas en gros), là c’était pas le même budget. J’étais contente d’avoir un financement participatif. Et, en plus, quand on reçoit tout ce soutien, autant au niveau du budget qu’au niveau moral, ça motive vachement et cela permet de faire un beau projet. Surtout que parfois le financement participatif atteint des objectifs bien plus élevés que ce qui était prévu, et cela permet de faire d’autres choses dans ce projet.
(E) Du coup, j’ai jeté un œil sur Ulule et j’ai vu que tu avais obtenu plus de 200 % pour Ada. Ce qui en fait un gros succès. Mais est-ce que tu as aussi connu des échecs ?
(T) Non, enfin si quand je débutais. Pour mon premier financement participatif, j’ai reçu un peu plus que prévu et cela s’est bien passé, tout a bien été livré. Là, j’ai eu le double de l’objectif, c’était carrément cool. Donc, si ça ne concerne que le financement participatif, je n’ai pas eu d’échec.
Par contre, à côté, je fais beaucoup de concours, et il y a eu, par exemple, celui de Monaco, à la convention Magic. C’était un concours de mangas, avec en jury le Jump+, et j’étais dans les finalistes. Il fallait que j’aille à Monaco (c’est loin, c’est cher), à mes frais, présenter mon oneshot au jury, avec un Powerpoint. J’y suis donc allée en finançant moi-même le trajet, les frais de restaurations, l’hôtellerie, tout ça… c’est pas donné. Je suis donc passée devant le jury, ça mettait un peu la pression, bref le gros stress. Il y en a quelques uns qui ne sont pas venus. Et au final, je n’ai rien gagné, je suis repartie comme ça, bredouille, un échec total autant personnel que professionnel.
(E) Je suis assez étonné d’apprendre que le transport et la nourriture n’étaient pas pris en charge.
(T) Ah, ça m’a foutu en rogne… Surtout qu’on était juste trois parmi les cinq finalistes… non, six exceptionnellement. Les deux autres présents ont eu un prix, mais pas moi. Et celui qui a remporté le premier prix n’avait même pas fait le déplacement. J’ai eu un peu les boules…
(E) Du coup, pour revenir sur le milieu du fanzinat, est-ce que c’est difficile de percer au début ? Est-ce que tu aurais éventuellement des conseils à donner à des gens qui voudraient se lancer ?
(T) Il faut s’accrocher. Parce que forcément, la première convention n’est pas terrible. Le bouquin n’est pas forcément très bien fichu, parce qu’on ne sait pas trop comment réaliser la mise en page, comment faire un joli livre. Et quand on a un stand, ben forcément, il n’est pas très décoré au début. Donc, c’est vrai qu’au départ, on galère, on ne rentre pas forcément dans les frais. Mais, au fur et à mesure des conventions, on s’améliore et après normalement, ça va mieux. Le meilleur conseil que je puisse donner, vraiment, c’est de s’accrocher.
Après si vous êtes doué en marketing, n’hésitez pas à mettre en valeur le stand. Parce que c’est comme ça qu’on attire l’œil des gens, avec une belle présentation. Moi, je n’y suis pas très douée, c’est pas mon délire. Enfin, en « marketing », je ne sais pas si c’est le terme adéquat. Mais il faut savoir se mettre en valeur, appeler les gens, les faire venir pour leur présenter son travail : « je fais-ci, je fais-ça ». Il faut être courageux et persévérant.
(E) Et au niveau de la création d’un manga, est-ce que tu commences ton travail par les personnages (l’aspect visuel et leur personnalité), ou plutôt par le synopsis, l’univers, le décor ? Est-ce que tu as une méthode de travail ?
(T) Pour l’instant, je n’ai fait pratiquement que des oneshots, donc je ne pourrais pas donner des conseils au niveau d’une histoire longue. Quand je crée une histoire, je me donne toujours une idée. En prenant l’exemple de mon oneshot du Tremplin Ki-oon : mon idée c’était d’avoir une sirène et une histoire avec une épée. C’est donc parti comme ça. Après, j’ai commencé à créer mon personnage, puis les idées viennent au fur et à mesure. Donc, en général, je le refais plusieurs fois, avec les personnages secondaires, etc. Au départ, le personnage masculin, qui apparaît dans mon oneshot, était censé être un bébé. Puis finalement, ça a beaucoup changé. Une fois mon histoire bien en tête, je sais comment celle-ci va se dérouler, en général, quelques notes suffisent : 1ère étape, il se passe ci, 2ème étape, il se passe ça. Après, je travaille sur le storyboard. Et une fois que c’est fait, je peux attaquer les planches.
(E) Au niveau du dessin des personnages, selon toi, quels sont tes points forts ?
(T) Hum, je dirais les visages, les expressions des visages. Je pense que c’est ça que je réussis le mieux.
(E) Du coup, tu disais que tu faisais presque que des oneshots. À peu près combien de temps pour faire un projet ?
(T) Cela dépend de la taille du projet. Là, par exemple, maintenant que j’ai terminé mes planches de Ada, j’ai envie de participer au concours de Mangadraft et je l’ai commencé il y a une semaine. Mais, c’est juste onze pages. J’ai terminé les crayonnés de chaque page, donc je vais pouvoir passer à l’encrage. Ça devrait être l’affaire de deux semaines, à peu près.
Mais dans le cadre d’une plus grosse histoire, je dirais un mois. En oneshot, cela dépend du nombre de pages en fait. Plus l’histoire est ambitieuse, plus cela demande de travail. Alors qu’une histoire courte, il faut qu’elle aille vite. Il ne faut pas s’attarder sur les détails, donc cela nécessite moins de travail. C’est toujours du « ça dépend », en fait. Globalement, pour un oneshot, je dirais un mois, un mois et demi, deux mois, grand max.
(E) On a des auditeurs qui demandes si tu préfères bosser sur des histoires courtes (des oneshots) ou plutôt sur des histoires longues ?
(T) Je n’ai pas encore eu l’occasion de réellement travailler sur des histoires longues, à part Ada. Mais Ada, c’était particulier, surtout que ce n’était pas vraiment mon histoire à moi, sauf à la fin. Si je travaille sur des oneshots, c’est principalement pour participer à des concours ou décrocher un contrat.
Mais, je meurs d’envie de commencer une histoire longue, de raconter des choses. Avec une histoire courte, on est très vite limité. Du coup, ça me démange quand je fais un oneshot. Chaque fois, j’ai envie de raconter pleins de choses, mais je ne peux pas parce qu’il faut faire le tri. Donc, oui, j’ai hâte de me lancer sur une histoire plus longue et plus ambitieuse.
(E) Au niveau manga et bande dessinée, à part le sens de lecture ou le format, existe-t-il des techniques différentes qui distinguent l’un ou l’autre, ou est-ce deux formats relativement semblables à tes yeux ?
(T) Pour moi, une BD et un manga, ça n’a rien à voir. C’est vraiment deux styles complètement différents. Rien que la mise en page, ce n’est pas du tout la même chose. Avec une BD, les pages sont tellement immenses, qu’on peut dessiner beaucoup plus de choses en une seule page, comparé à un manga. La mise en page n’est pas la même, le traitement de l’histoire aussi n’est pas le même. C’est une approche de la narration qui est totalement différente.
Je trouve vraiment que la BD et le manga ont chacun quelque chose de singulier à nous montrer. Puis même, au niveau du dessin, cela n’a rien de comparable. Après, cela dépend du type de BD, parce que maintenant, on trouve des dessins au style un peu hybride… En général, je ne suis pas très fan. J’aime bien les bonnes BD comme Les Schtroumpfs ou Johan et Pirlouit. Ça, c’était une autre époque (rire).






(Lord Shi-Woon) En 2015, tu pars rencontrer des éditeurs au Japon : était-ce un voyage sur un « coup de tête » ou quelque chose qui était longuement réfléchie ?
(Tpiu) Tout était planifié depuis un certain temps. En fait, j’avais prévu d’aller au Japon depuis bien longtemps. Tout le monde a envie d’aller au Japon (rire). A ce moment-là, j’avais déjà fait deux ans d’étude de japonais, en LLCE, mais j’ai arrêté parce que je n’y arrivais pas.
Bref, j’y suis allée un mois, dans l’optique de visiter le Japon, et surtout pour rencontrer des éditeurs. Du coup, j’avais même préparé un oneshot à l’avance.
Parce que je savais, grâce à un ami qui était aussi dans le métier, que j’allais participer à une convention de manga, dans laquelle il y avait des exposants « étrangers ». D’ailleurs, j’ai pu rencontré Tony qui était exposant lui aussi.
J’en ai donc profité pour présenter mon nouveau oneshot, et un ancien. Je les avais même imprimés en mode doujin, là-bas. Lors de cette convention, j’avais un stand où je vendais mes mangas, et il y avait aussi des éditeurs, genre Kodansha, Shueisha, et bien d’autres. Et, j’avais un interprète qui était là pour aider tous les étrangers qui avaient envie de prendre rendez-vous auprès des éditeurs. J’en ai ainsi profité, c’était ma première vraie rencontre avec des éditeurs. Donc, c’était vraiment le rendez-vous comme dans Bakuman : je viens avec mes planches, je les présente avec mes deux mains, il les lit et donne son avis.
Voilà, donc oui, c’était tout planifié et préparé. Et j’ai passé un mois là-bas.
(LS) Quand tu les as rencontré, quel type d’accueil as-tu reçu des éditeurs japonais vis-à-vis de ta démarche ?
(T) Celui de la Shueisha a été très cool, il a beaucoup apprécié ce que j’avais fait et s’est montré très gentil, en me prodiguant ses conseils et tout. On est même resté en contact, il m’avait donné des conseils sur mon oneshot Draak. Les autres aussi étaient sympas. Celui de Kodansha l’était un peu moins, en me disant qu’il fallait absolument que j’apprenne le japonais, tandis que celui de Shueisha m’a juste dit de changer de traducteur. C’était très différent comme rendez-vous en fonction des éditeurs.
Mais globalement, ils sont très ouverts à l’étranger. Toutefois, ils n’apprécient pas tellement les styles hybrides, moi non plus d’ailleurs. Si on a un style de dessin trop occidental, qui n’est pas celui d’un « manga pur », ils ne vont pas aimer et vont forcément demander à changer le style de dessin. Mais, à part ça, ils restent très ouverts.
(LS) Le fait de rencontrer ces éditeurs-là, est-ce que cela a eu une influence sur ta façon de dessiner ?
(T) Sur ma façon de dessiner, pas trop. Au niveau technique, ils m’ont donné quelques conseils sur les mises en page ou l’agencement de certains plans, mais globalement ça n’a pas trop changé. Ce sont surtout leurs conseils concernant la narration et la manière d’engager mon histoire qui m’ont beaucoup aidé.
En ce qui concerne le métier de mangaka, après tous ces rendez-vous, j’étais trop contente. Dès je suis rentrée, j’ai justement fait mon oneshot de Draak. Par la suite, j’ai même été dans les finalistes du concours du Jump+, qui m’a recontacté après. A partir de là, c’était la folie. Enfin, la folie, c’était cool.
Du coup, je suis repartie au Japon, dans l’optique d’y rester un an. Mais après trois mois là-bas, je me suis calmée car j’ai eu le mal du pays. Et puis, Tokyo, hum…, je préfère quand même la campagne. C’est une autre vie, c’est spécial le Japon : je ne suis pas faite pour y vivre. Mais j’aime beaucoup ce pays et j’ai tout le temps envie d’y retourner.
À ce moment-là, j’avais toujours envie d’être publiée là-bas, mais depuis la France. Je suis donc rentrée, tout en restant en contact avec mon responsable éditorial, avec lequel j’échangeais par correspondance. C’était plus simple.


(LS) Justement, tu parlais du concours du Jump+, a-t-il été un vrai tremplin ou le ressents-tu comme une simple étape de ton parcours ?
(T) Ça n’a pas réellement été un tremplin, parce que ça n’a pas vraiment abouti. Mais, grâce à ce concours, j’ai eu un responsable éditorial, mon tantô, qui a été de très bons conseils et a souhaité organiser une rencontre. Et là, pour le coup, c’était vraiment comme dans Bakuman, je suis allée dans le bâtiment de Shueisha et, les bureaux étaient vraiment classes.
On m’a offert une bouteille d’eau (parce que je ne bois pas de café), mais il était débordé à ce moment-là et m’a donc demandé de revenir la semaine suivante ; car il voulait vraiment travailler avec moi et me rencontrer afin qu’on en parle. Par la suite, il m’a amené au restaurant en taxi où j’ai pu lui présenter mes storyboards, préparés la semaine précédente.
C’était vraiment génial et je pensais enfin toucher au but. Car ça faisait plusieurs années qu’on échangeait ensemble : j’envoyais mes storyboards mais c’était rejeté à chaque fois. Donc, je recommençais, en suivant les conseils et en corrigeant mes erreurs, mais il y en avait toujours d’autres. Et là, le dernier que j’ai envoyé, c’était l’année dernière.
Ça a été traduit par un ami qui le faisait bénévolement. Sauf que la traduction était très approximative : mon tantô m’a donc demandé de travailler avec quelqu’un d’autre. J’ai donc trouvé un nouveau traducteur, mais celui-ci devait être rémunéré. Et, là, c’était juste trop, j’ai donc laissé de côté le Japon. Ça n’a donc pas vraiment été un tremplin, mais plutôt une étape de mon parcours pour l’instant. Une expérience riche mais compliquée et un peu décevante, parce que j’étais vraiment proche de mon objectif à ce moment-là.
(LS) Est-ce que tu préfères plutôt travailler en solo ou avec un éditeur ?
(T) Un éditeur japonais, ça ne me dérange pas du tout, parce qu’ils sont très professionnels et, je ne m’inquiète pas sur les conseils qu’ils vont me donner. Après les éditeurs français, je ne connais pas trop. Mais globalement, je préfère travailler avec un éditeur. Parce qu’en solo, ça veut dire qu’il faut s’occuper de tout : imprimer son livre, le vendre. Franchement, c’est un autre métier et c’est pas mon truc. Moi, j’ai juste envie de dessiner mon histoire et laisser l’administratif aux éditeurs.
(LS) Avec l’expérience, j’imagine que cela induit un degré d’exigence plus élevé d’un point de vue « logistique » pour concevoir et réaliser un dessin. Selon toi, ce facteur peut-il constituer une limite à ce qu’un dessinateur pourrait produire ?
(T) Joker.
(LS) Ce n’est pas toujours évident de sortir de sa zone de confort, mais t’es-tu déjà essayée à un style / technique de dessin situé à l’opposé de ce que tu fais habituellement ?
(T) J’ai déjà essayé oui. Le manga, c’est cool, mais, artistiquement parlant, ce n’est pas ce que je préfère. J’ai essayé d’avoir un autre style, en tentant d’autres choses. Mais, par manque d’expérience en dessin globalement, je n’y suis pas arrivée alors que j’adorerais.
Nous nous sommes ensuite penché plus en détail de ses œuvres :
(Esenjin) Pour tes débuts, comme de nombreux mangakas en herbe, tu te lances dans les doujinshi : quelles sont alors tes principales inspirations ? Par exemple, pour Draak, La Ronce de Noël ou Les Enfants du Soleil ?
(Tpiu) Pour la Ronce de Noël, vous vous doutez bien que je me suis inspirée de Noël (rires). J’ai toujours plus ou moins de sources d’inspirations . Pour Draak, j’avais juste envie de dessiner des dragons et des dragonniers.
Pour les Enfants du Soleil, par exemple, je n’ose pas trop dire de quoi je me suis inspirée, parce que sinon on va me dire que j’ai fait carrément du plagiat. Le film n’est pas très connu, ce qui est honteux parce que ce film est complètement sous-coté, il s’appelle « les enfants de la Pluie ». C’est une histoire entre deux peuples complètement différents, c’est donc un peu le même contexte que mon oneshot. Au départ, je voulais une histoire qui s’appellerait « Les enfants du soleil » et je me suis inspirée de ce film-là, et, si vous voulez voir, regardez-le, parce qu’il est génial. C’est un dessin animé français qui m’a beaucoup marqué et, un peu, une de mes principales sources d’inspiration dans toutes mes histoires.
(E) Au niveau des travaux que tu as réalisé jusqu’à maintenant, c’était plutôt un travail solo ou collaboratif ?
(T) J’ai fait une collaboration. C’était pour un fanzine, d’un petit éditeur. Je ne sais pas si on peut appeler ça un éditeur, mais c’était pour le compte d’exposants comme moi en conventions, qui rassemblaient des artistes dans des fanzines. À cette occasion, j’avais réalisé un oneshot qui s’appelle Kejia,dont le scénario avait été écrit par une amie. Vous pouvez le retrouver sur Mangadraft sous le nom « les contes de Méphisto ». C’est un vieux oneshot, et c’est le seul issu d’une collab’. J’ai arrêté après, car c’est moi qui faisait pratiquement tout et que je préfère créer mes propres histoires.
(E) Du coup, où peut-on se les procurer aujourd’hui ? Si on veut lire toutes tes œuvres, est-ce que c’est possible ?
(T) Si vous recherchez du format papier, ça ne sera pas possible. Autant les fanzines que les mangas, je n’ai pas prévu de réimpression pour l’instant, mais vous trouverez presque tout sur Mangadraft.
(E) Du coup, sur les réalisations que tu as faites jusqu’à maintenant, tu as une certaine fierté, un certaine nostalgie ?
(T) Non, pas spécialement. En fait, pour la plupart de mes histoires, je les apprécie pendant un ou deux ans. Après, quand je me relis, je n’accroche plus du tout, car je vois toutes mes erreurs et je me dis « comment j’ai pu faire cette daube ». J’ai réalisé la plupart quand j’étais plus jeune ; puis mes goûts ont beaucoup changé. Du coup, aujourd’hui, je me dis que ces histoires m’ont permis de m’améliorer. Je suis toujours contente de les faire lire aux gens, mais je n’en suis pas particulièrement fière. Quoique, il y en a quand même une dont je suis assez contente : c’est la Ronce de Noël, celle-là, j’accroche toujours.
(E) Avec Tpiutopia, classé shonen/global manga, tu as regroupé plusieurs de tes mini histoires : quelle était ta motivation pour faire ce recueil, comment as-tu sélectionné les œuvres que tu y a mis dedans ?
(T) J’y ai mis pratiquement tous les oneshots que j’ai fait. Les seuls qui manquent, ce sont les plus vieux (Ils sont vraiment vieux). Cela faisait longtemps que je voulais faire un recueil, avec un minimum de qualité. En fait, j’avais surtout envie d’avoir un vrai manga. Certes, il y a eu le Roi des Chapeaux, mais j’ai une préférence pour mes oneshots : c’est pour cette raison que j’ai souhaité publier ce recueil afin d’avoir le plaisir de les lire. Et puis, ça me permettait d’avoir, en plus du Roi des Chapeaux, un livre de moi…
(Lord Shi-Woon) Conjointement, tu publies en oneshot, un autre shonen, Le Roi des Chapeaux. La prépublication s’est étalée sur ans, quelles ont été les principales évolutions au fil de la réalisation de ce manga ?
(Tpiu) J’étais lycéenne en première lorsque j’ai travaillé sur le premier chapitre de cette histoire. J’étais donc jeune et mon dessin n’était pas terrible. Au départ, c’était juste censé être un oneshot ; mais comme l’histoire avait plu, j’ai décidé d’en faire un deuxième chapitre l’année suivante.
Il y a eu une amélioration tant au niveau du dessin que de l’histoire. Entre le premier chapitre et le dernier, je suis passée du lycée à la fac : ça a vraiment été le passage de l’adolescence à l’âge adulte. J’ai grandi et j’apprécie l’évolution qu’il y a eu.
(LS) Envisages-tu une suite ou ne souhaites-tu vraiment pas revenir sur cette histoire ?
(T) Non. Parce qu’elle était cool cette histoire, j’adore mon personnage d’Archibald que j’ai envie de reprendre dans d’autres récits. Mais le Roi des Chapeaux, ça reste une histoire shonen et je me suis beaucoup éloignée de ce style là. Il y a des shonen que j’aime bien (ça dépend lesquels), mais ça ne m’amuse plus autant qu’avant. Je n’ai plus tellement envie de faire des histoires de ce type et donc de reprendre le Roi des Chapeaux. Mais, on reverra peut-être (sûrement) Archibald, parce que je l’aime beaucoup.
(LS) Le personnage principal, par sa personnalité un peu loufoque, pourrait nous en rappeler un autre célèbre dans l’univers du manga. Hasard ou inspiration ?
(T) On parle de Luffy ? Ce n’est pas du tout lui, mais, comme à ce moment-là, je lisais beaucoup One Piece, forcément il s’est retrouvé dans ce personnage. Mais c’est un hasard, ce n’était pas voulu. C’est juste que One Piece avait une grosse influence sur moi, à cette époque.
(Kittyscats) Avec Ada ou les Mystères de Cendréclat, tu réalises un de tes projets le plus long, avec sept chapitres. La publication du volume papier et prévu vers quelle date ?
(Tpiu) Normalement début 2021, probablement en janvier ou février. Mais, avec la situation actuelle, je ne sais pas si je pourrais passer commande chez un imprimeur de façon efficace, vu que certains auteurs comme moi n’arrivent pas non plus à contacter les leurs. Donc, sûrement en début d’année. (ndr : le volume est actuellement à la vente sur la boutique de Tpiu)


(K) Le titre et l’histoire ont évolué en cours de route. Quelle influence a eu l’avis des lecteurs dans ton scénario ?
(T) Au départ, on a trouvé une idée avec les lecteurs. J’ai donc brodé mon histoire à partir de là, en ayant une idée globale de la suite et je l’ai appelé Les héritiers d’Agïone. Tout le premier chapitre a été fait sans l’avis proche des lecteurs et, après ça, j’ai lancé le deuxième. Sauf qu’à ce moment, je postais mes travaux au fur et à mesure (seulement quatre pages par exemple), en demandant l’avis aux lecteurs sur ce qui allait se passer ensuite.
Mais, du coup, on s’est énormément éloigné de mon idée de base. J’étais un petit peu déçue sur ce point car ça n’avait même plus rien à voir. Je ne gérais plus vraiment le scénario, jusqu’à la fin où j’ai repris les choses en main. C’était sympa à faire car l’évolution s’est malgré tout révélée intéressante. Mais, du coup, le titre a changé car ça n’avait plus rien à voir et j’avais envie de garder celui-ci pour un autre projet.
(K) Justement tu parlais d’inspiration. À la base, c’était une proposition des lecteurs ou tu avais déjà une idée générale ? Est-ce que tu avais une inspiration particulière aussi pour la réalisation des personnages ?
(T) Non. Après, beaucoup compare mon personnage à Korra, de Avatar. Bien sûr, j’adore cette série, ça m’a donc peut-être un petit peu influencé, mais ce n’est pas du tout volontaire. J’avais juste envie de faire des personnages dans la neige et qu’ils aient tous un peu les même tenues. S’il faut citer quelque chose, je dirais que le film d’animation Origine m’a un peu inspiré. Parce que dans ce film là, qui n’a rien avoir avec l’histoire de Ada, j’aimais bien les tenues des habitants du village. Je les trouvais cool et, du coup, je voulais faire un peu pareil dans Ada mais, globalement, ça a été la seule source d’inspiration.
(K) Combien de temps en moyenne te fallait-il pour réaliser une planche ? Est-ce qu’il y avait des difficultés notables au cours de la réalisation ?
(T) Les planches de Ada sont très bâclées. C’était une histoire sans réel enjeu pour moi et c’était plus pour le plaisir que je le faisais. Il fallait que je publie chaque semaine, mais ça ne me prenait vraiment pas beaucoup de temps.
Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières et, lorsqu’il y en avait, je me débrouillais pour les contourner. Par exemple, dans cette série, je ne me suis pas embêtée pour les décors. Personnellement, je n’aime pas du tout les planches que j’ai faites, car je ne sais pas dessiné de décors. Une histoire avec de jolis décors, ça rend tellement mieux.
(K) L’histoire s’achève-t-elle vraiment sur le 7ème chapitre ? Ou envisages-tu ? Ou un même spin-off ?
(T) Non, non, et non : il n’y aura pas de suite. Ada était vraiment un projet particulier et je suis contente de l’avoir terminé, car ça fait une bonne grosse histoire, un bon pavé de 239 pages. Pour être honnête, j’en avais un peu marre sur la fin, parce que je ne gérais plus vraiment le scénario.
Maintenant, tout ce dont j’ai envie, c’est d’avoir une série chez un éditeur. Celle-ci sera quand même un peu liée à Ada, car je vais repartir de mon idée d’origine pour cette histoire, qui reprendra aussi le titre de base : Les Héritiers d’Aglione.
L’héroïne s’appellera Adalise, ce n’est pas forcément une suite, ni même un spin-off, mais on retrouvera peut-être un chouïa d’Ada, mais vraiment un chouïa.


Pour conclure, nous avons bien entendu aborder les questions sur la façon d’envisager l’avenir pour Tpiu :
(K) Puisqu’on parle d’avenir, as-tu déjà des idées pour tes prochains projets ?
(T) Les seuls projets que j’ai, là, maintenant… Il y a le oneshot du concours de Mangadraft mais, ça, c’est un tout petit truc. Sinon, j’attends juste des réponses, parce que j’ai envoyé mon dossier d’édition à plusieurs éditeurs.
(K) Tu penses que ça pourrait être un vrai manga « long » avec plusieurs tomes ? Ou tu ne penses pas être prête pour le moment ?
(T) Ah, si, si, si… j’aimerais bien créer une histoire plus longue. Le problème, quand on est édité chez un éditeur français : c’est qu’on réalise d’abord des trames pour trois tomes seulement. Donc, pour l’instant, je dois penser une histoire en trois tomes. Et seulement si ça marche bien, je pourrais envisager une histoire plus longue.
(K) Tu voudrais la faire dans quel style ? Fantaisie ?
(T) Oh oui, toujours partante si c’est en fantaisie !
(K) Si ce n’est pas indiscret, quel genre d’éditeurs français de mangas as-tu contacté ?
(T) J’ai contacté Ki-oon, même si je savais que c’était fichu, n’étant arrivée que deuxième au Tremplin. Après, j’ai aussi contacté Ankama et Kana, mais je ne peux pas en dire plus, car c’est confidentiel. Voilà… J’aimerais bien me lancer « professionnellement », parce que je ne suis pas fan du fonctionnement en auto-entrepreneur.
(K) Donc une vraie carrière en tant que mangaka en France, ou tu veux toujours absolument aller travailler au Japon ?
(T) Le Japon, ça serait mieux. Mais, pour l’instant, j’aimerais bien avoir au moins un contrat chez un éditeur français, et peut-être plus tard envisager le Japon.
Là, j’ai envie de me lancer et il faut que je démarre quelque chose parce que je stagne depuis un certain temps sur les oneshots.
Ainsi s’achève cette interview, qui a durée plus d’une heure ! Suite à cela, après avoir échangé en toute liberté avec les auditeurs présents sur notre Discord, Tpiu s’est prêtée à notre jeu du Tête à tête (comme dans le pilote du Divan dit Vent), que vous aurez en bonus à la fin du fichier audio.
Très chère Tpiu, je te remercie, au nom de toute l’équipe de Mag’zine, de nous avoir consacrer un peu de ton temps. Nous te souhaitons le plus de réussite possible.
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Sources images : ©Tpiu
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 26-27 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.
NdR : Fin mai 2024, nous avons enfin eu la joie de retrouver Tpiu, aux éditions Kana, avec son tout nouveau manga Les héritiers d’Agione, dont 3 tomes sont déjà parus. Notre chère invitée entre enfin dans la cour des grands. Nous lui souhaitons une belle et longue carrière !

