Demon Slayer, sombre cruauté.
« Demon Slayer » (ou encore « Kimetsu no Yaiba ») est un manga en vingt-et-un tomes, écrit et dessiné par Koyoharu Gotōge et pré-publié dans le magazine Weekly Shōnen Jump entre le 15 février 2016 et le 18 mai 2020.
En France, l’œuvre est publiée sous le titre « Les Rôdeurs de la nuit » aux éditions Panini Manga, entre août 2017 et janvier 2018. Depuis septembre 2019, l’éditeur publie une nouvelle édition, cette fois-ci sous le titre « Demon Slayer ».
L’adaptation anime est confiée à l’excellent studio « ufotable » et diffusée pour la première fois au Japon entre le 6 avril et le 28 septembre 2019, dans un format de vingt-six épisodes. Dans cet article, je vous présenterai l’anime, dont la suite est attendue avec un film annoncé pour le 16 octobre 2020 !
L’histoire
Nous sommes au Japon de l’ère Taishô, au début du XXème siècle : Tanjirô Kamado est l’aîné d’une fratrie de six frères et sœurs, vivant avec leur mère dans les montagnes. C’est un adolescent responsable qui, depuis le décès de son père, subvient sans relâche aux besoins de sa famille. Malgré le climat froid et hostile des montagnes, lui et les siens parviennent à vivre heureux ensemble.
Afin de leur offrir un festin pour le nouvel an, Tanjirô descend en ville pour y vendre son charbon. Le jeune homme est apprécié des habitants et leur vient en aide tout en leur proposant sa marchandise. Il ne tarde d’ailleurs pas à nous dévoiler son don : un odorat « extrasensoriel », qui lui permet de capter des odeurs imperceptibles aux narines des uns et agissant tel un sixième sens.
Après avoir écoulé tout son stock, la nuit tombe et Tanjirô s’apprête à regagner les hauteurs. Sur le retour, il sera interpellé par Saburô, un vieil homme vivant seul aux portes de la ville. Celui-ci le met en garde sur le fait que la route est dangereuse et que les « démons vont sortir » : il demande ainsi à l’adolescent de passer la nuit chez lui et de repartir plutôt le lendemain matin.
Intrigué par les paroles de Saburô, Tanjirô le questionne sur les démons : il apprendra qu’ils ne se révèlent qu’à la tombée du jour pour dévorer les humains mais aussi qu’il existe des pourfendeurs de démons pour les chasser.


Le jour levé, notre héros regagne son foyer et à l’approche de celui-ci : il sent une odeur de sang inhabituelle. En accourant jusqu’à chez lui, Tanjirô est pris d’effroi en trouvant sa sœur Nezuko, gisante devant l’entrée et baignant dans une mare de sang. La macabre découverte ne s’arrête pas là car, à l’intérieur, les corps ensanglantés et sans vie des autres membres de sa famille sont disposés ici et là.
L’état de Nezuko laisse penser qu’elle peut encore être sauvée. Tanjirô s’empresse alors de la porter en ville afin qu’un médecin lui vienne en aide. Le jeune homme est alors loin de se douter que sa propre soeur a été changée en démon et que son instinct va la pousser à l’attaquer. Croyant vivre ses derniers instants, notre héros sera alors secouru par Tomioka Giyû, un habile pourfendeur de démon qui va être en mesure d’apaiser Nezuko. Tanjirô va alors se donner pour objectif de rendre à Nezuko sa nature humaine et, sur les conseils de Tomioka, il se rend au pied du mont Sagiri afin d’y trouver un certain Urokodaki Sakonji.
L’adaptation
Confier l’adaptation de « Demon Slayer » au studio « ufotable » était déjà en soi la garantie d’une animation de qualité. En visionnant l’anime, mes attentes se sont confirmées : je n’ai pas pu m’empêcher d’être séduit par son animation irréprochable et l’esthétisme singulier de ses dessins. « Demon Slayer » dispose d’un style graphique qui lui est propre, avec un constant souci du détail apportant du relief à la fois aux décors et aux personnages.






Nous nous faisons le compagnon de voyage de Tanjirô et traversons avec lui les épreuves qui se dressent devant lui. L’anime est bien rythmé et la qualité d’écriture du récit est telle que je n’en ai pas perdu un seul instant. L’intrigue progresse, tout en développant la construction des personnages.
On se prend inévitablement d’affection avec Tanjirô et Nezuko mais aussi avec toute une myriade de personnages attachants, qui ont chacun leur propre histoire à raconter. Du chétif Zen’Itsu à l’impulsif Inosuke, l’écriture du récit et celle de ses personnages nous donnent envie d’en découvrir toujours plus. On se délecte avec intérêt des aventures de nos héros dans un univers sombre, où la dualité entre les humains et les démons a cristallisé les conflits durant des siècles.
La force de la relation entre Tanjirô et sa soeur, bien que changée en démon, est la preuve qu’une cohabitation entre les deux espèces est possible. Un profond amour fraternel les unit, l’un pour l’autre : ils sont la seule famille qui leur reste et vont donc se protéger mutuellement pour préserver ce lien inestimable. Le chemin sera semé d’embûches, à plusieurs reprises ils devront faire leurs preuves, convaincre ceux mettant en doute leur détermination en les amenant à reconsidérer leur point de vue. Certains leur prêteront main forte et deviendront même de précieux alliés par la suite.
On retrouve ainsi des thèmes récurrents du shônen, tels que la famille, l’amitié et le dépassement de soi. Le combat n’est pas en reste et constitue la part belle de l’anime. Fluides et dynamiques, les scènes de combat sont un pur régal. À cela s’ajoute des effets graphiques de toute beauté lors des techniques de sabre de Tanjirô : le flot des vagues n’est pas sans nous rappeler les dessins d’estampes japonaises et introduit une certaine élégance dans les confrontations, qui s’en trouvent alors presque chorégraphiées.
Les musiques
La bande son de l’anime accompagne merveilleusement bien son intrigue. Celle-ci parvient à nous immerger dans son univers jusqu’à même sublimer les scènes à fort potentiel émotionnel ! Il s’agit pour moi d’un point fort de la série.
GÉNÉRIQUES
Indroduction : Gurenge interprété par « LiSA »
Fin : From the edge interprété par « FictionJunction feat. LiSA »
Que retenir au final ?
Même si j’avais connaissance du succès retentissant de « Demon Slayer », dont les ventes au Japon ont surclassé ceux de « One Piece » en 2019 : c’est de ma propre initiative que je me suis laissé entraîner dans cet univers. Certes, cela fait quasiment plus d’un an depuis la fin de la première saison mais j’ai eu tout le loisir de m’en délecter, sans avoir à patienter entre chaque épisode ! Et franchement, je n’ai pas été déçu.
J’ai trouvé en « Demon Slayer » un univers sombre et cruel, où suite au massacre des siens, le protagoniste devient pourfendeur de démons dans le but de les combattre mais surtout pour trouver un moyen de rendre à sa soeur, sa condition humaine. Là où dans l’univers de l’anime, certains vouent une haine viscérale aux démons, le fait que sa propre soeur ait été changée en un des leurs va permettre à Tanjirô de tempérer son opinion : tous les démons ne sont pas forcément de sanguinaires mangeurs de chair humaine.
Il ne va donc pas céder à la facilité en acceptant une vision aussi manichéenne, où l’extermination serait l’unique solution, mais il va constamment tenter de « sentir » ce qui les a poussé à devenir ainsi. La compréhension est certainement le chemin le plus dur à aborder mais elle apporte son lot de profondeur aux personnages. Tanjirô ne pourra s’empêcher d’éprouver de la compassion envers ses adversaires vaincus et ce, même vis-à-vis de ses plus cruels ennemis, pour lesquels la vie n’a pas non plus été tendre par le passé.
J’ai passé un excellent moment à visionner les vingt-six épisodes composant cette première saison et retraçant les six premiers tomes du manga. À présent, je trépigne d’impatience pour voir la suite, qui sortira au format d’un film le 16 octobre prochain. Par ailleurs, je nourris également l’espoir que l’adaptation anime puisse se faire sur l’intégralité du manga : c’est un chef d’œuvre qui vaut le coup d’œil, vous avez ma parole !
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 25 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez également écouter l’épisode n° 2 du Divan dit Vent juste ici.

