American Vampire
Titre original : American Vampire
Début de publication : Mai 2010
Nombre de volumes : 7 (en cours)
Édition : Panini Comics & Urban Comics1 (FR)
Scénario : Scott Snyder & Stephen King
Dessin/ Mise en couleur : Rafael Albuquerque / Dave McCaig
Bonjour. Pour ce dix-huitième numéro de Mag’zine, je vous invite à découvrir avec moi la série American Vampire, à travers ma lecture du tome un. J’ai sous-titré cet article « la renaissance du mythe ‘vampire’ » car, à la lecture de ce premier livre, j’ai vraiment l’impression que l’on retourne aux racines du « vampire » de Lord Byron et John Polidori avec le personnage de « Lord Ruthven » (Le Vampire, 1819).
Avant tout
Bien loin des versions mielleuses de cette dernière décennie au cinéma, Stephen King écrit d’ailleurs dans la préface « Quelques exemples de ce qu’un vampire ne devrait jamais être : un détective pâlichon qui boit du Bloody Mary et ne travaille que la nuit ; un giton mélancolique de la Nouvelle-Orléans ; une adolescente anorexique ; un éphèbe diaphane aux yeux de biche. Alors, que devrait-il être ? Un tueur, ma poule. Un tueur à sang froid assoiffé de sang chaud. Un méchant ou une méchante. Un chasseur. En d’autres termes, un Américain noctambule ».
On trouve donc naturel ces traits dans le personnage principal de l’histoire, Skinner Sweet, un assassin et dévaliseur de banque, sévissant aux États- Unis dans les années 1870-80.
L’histoire et les personnages
En 1880, Skinner Sweet est escorté au Nouveau-Mexique, où il est prévu qu’il soit exécuté, après s’être fait attraper lors de son dernier braquage. Aidé par des complices qui feront dérailler le train qui le transporte, ils tenteront de fuir, mais se feront très vite rattraper par Mr Percy, le propriétaire de la banque ayant essuyé la dernière attaque de Sweet.
Cependant, il se trouve que Mr Percy est le descendant d’une longue lignée européenne de vampires. Laissant pour mort son braqueur, après l’avoir mordu, il l’enterre dans un terrain devant être prochainement inondé pour devenir un lac artificiel. Seulement Skinner Sweet arrivera à sortir en 1909 de sa prison aquatique et, cherchera à se venger de ce cher Bram Percy.
L’autre personnage charismatique de ce volume, est Pearl Jones. Actrice qui essaie de se faire sa place à Hollywood. Elle fera la rencontre de Chase Hamilton, acteur, qui l’invitera (en 1925) à une soirée où seront présents des producteurs. Il se trouve toutefois qu’elle a simplement été livrée sur un plateau d’argent, à des vampires européens, qui semblent avoir une grande influence dans l’économie américaine.
Elle sera « sauvée » par Sweet, qui ira la retrouver à la morgue, afin de lui donner de son sang.
Il y a bien quelques autres personnages emblématiques, mais je préfère vous laisser les découvrir, au risque de vous spolier des passages intéressants.
Contexte et univers
L’histoire se déroule dans une Amérique en plein « boom » économique. Les vampires du Vieux Continent semblent franchir l’océan, afin d’avoir la main-mise sur ce qui s’annonce être un nouvel eldorado. Après une négligence de l’un d’entre eux, naît une nouvelle espèce, des vampires américains, dont font partie Skinner & Pearl, qui ne craignent (entre autres) ni l’eau, ni le soleil. Une lutte sans merci se dessine donc dans ce nouveau paysage en pleine évolution.
Cette bande-dessinée fait le parallèle avec l’« Amérique iconoclaste » et son « coté obscur », ayant soif de pouvoir et d’argent, comme l’écrit Stephen King. Scott Snyder écrit en outre : « l’aventure de Skinner est certes celle du premier Vampire Américain, mais c’est aussi une histoire qui parle de nous, les Américains. Qui parle de ce qui nous rend effrayants et admirables, monstrueux et héroïques ».
Ces deux auteurs, détestant notamment Twilight, vous dépeignent un univers plus noir, une histoire plus dure et des personnages plus cruels. Avec American Vampire, on signe pour un voyage qui ne sera pas de tout repos. Ici, les vampires sont terrifiants et bestiaux, sauvages et insaisissables.
Toujours plus loin
Non content de nous offrir une histoire à la fois originale et repuisant à la source de ce qu’est initialement un vampire, via le personnage de Skinner Sweet, ils abordent des thèmes et sujets variés comme la marche vers l’Ouest, la deuxième guerre mondiale, etc.. Une revisite de l’Histoire, avec des vampires prêts à tout pour le monopole, à travers leur propre histoire et évolution au fil des siècles, car oui, les vampires étant immortels, on se permet d’utiliser avec brio une temporalité étalée sur une longue période.
Ils se permettent même de petits clins d’œil, le plus évident peut-être, celui à Dracula de Francis Ford Copola, avec la réplique de Percy « Le sang est la vie » (en français dans le texte original), faisant écho à « Le sang est la vie et j’en ferai la mienne ». Pour les autres, je vous laisse le plaisir de les découvrir.
Le dessin
Avec ce premier numéro, nous avons un dessin signé Rafael Albuquerque et une mise en couleur de Dave McCaig. Le trait simple et précis est sublimé par des couleurs en harmonie avec les scènes. Le bleu de la nuit et le rouge du sang se mêlent au teint brun et verdâtre d’un univers pesant et anxiogène.
La mise en page intelligente met à l’honneur de grandes illustrations, soignées et détaillées, avec une dynamique, sublimant les personnages. Il y a une certaine « esthétique » de l’image qui ressort, donnant une patte singulière et forte, qui fait l’identité de American Vampire. Un vrai régal pour les yeux.
Pour finir
Pour l’anecdote, je suis tombé sur cette bande-dessinée totalement par hasard, lors de ma visite aux Utopiales 2016 (Festival International de la Science-Fiction, à Nantes). Il s’y trouve pendant l’évènement, une grande librairie, dans laquelle j’aime déambuler. Et c’est en me perdant dans ces allées, que la couverture si particulière d’American Vampire, m’a interpellé.
En feuilletant rapidement quelques pages, j’ai pris une grosse claque. « **crévindiou** que c’est beau » me suis-je dit. De plus en plus intrigué, je me décide à lire la préface, qui de suite me fait dire « O.K., ça va être du lourd » et la lecture du premier chapitre m’en a convaincu. Je repartis le tome un en poche. Heureux d’avoir trouvé ma perle rare, avec une histoire qui traite des vampires comme il se doit, et non pas comme des gringalets ahuris. Des **crévindiou** de tueurs, mon gars !
Vous l’avez compris, la BD American Vampire est à se procurer au plus vite. D’autant plus si vous êtes fans, tout comme moi, du « mythe vampirique ».
Truc écouté pendant la rédaction de l’article : la BO de Highschool of the Dead.
Publié sous le pseudonyme Sangigi-Esenjin-Fuchsia
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 18 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.
1 – Cette édition n’est plus diffusé que par Urban Comics et comprend 10 volumes en tout. Pratiquement épuisé, il va falloir explorer les occasions.