Mother’s Rosario, le meilleur de Sword Art Online
S’il y a bien une série, dont je n’arrive pas à m’expliquer l’engouement phénoménal, ni le poids dans les différentes strates de la culture otaku, c’est Sword Art Online. Comme je l’ai dit dans mon précédent article sur la « cultification des œuvres », je ne conçois pas qu’on puisse hisser à ce rang, des œuvres accusant de trop grosses lacunes sur des tableaux aussi importants que le scénario ou la cohérence. Ou encore des œuvres qui, passé l’effet de mode, ne sont encore importantes que dans les sphères restreintes des fans les plus « hardcores ». Mais il ne s’agit pas de refaire le débat ici, car comme dans toute œuvre, il y a du bon, et dans le cas présent du très, très bon. Attardons nous donc sur Sword Art Online Mother’s Rosario, 5ème arc de la saga Sword Art Online, dont le premier tome vient de sortit en France, aux éditions OTOTO.
Résumé : Alors que la tension retombe, suite aux événements de Phantom Bullet et de Calibur, Asuna entend parler d’un joueur, extrêmement puissant, nommé l’épée absolue, qu’aucun autre joueur, même Kirito n’a réussi à battre en duel. Asuna bien décidée à faire mentir les pronostics, tente sa chance et s’attirera l’amitié de ce joueur et de sa guilde, dont tous les membre renferment de lourds secrets. Asuna devra aussi en parallèle, affronter les assauts répétés de sa mère, qui n’apprécie guère ce que sa fille est en train de faire de sa vie.
Actuellement seul le premier tome de la série est disponible en France, or afin de bien vous faire comprendre pourquoi cet arc est sans doute le meilleur de toute la série, je vais devoir faire appel à des choses qui ne sont dévoilées que dans le tome 2. Ceux qui ne désirent donc pas se faire spoiler peuvent se rendre d’ores et déjà à l’avant dernier paragraphe. Pour les autres, voici de quoi il retourne.
SAO Mother’s Rosario brille par son traitement des personnages. Préférant Asuna à un Kirito ridiculement trop fort et intelligent, le titre ne retombe pas dans les travers de facilité qui ont pu décevoir dans les précédents arcs. Les destins croisés de Yuuki et Asuna, diamétralement opposés dans les faits : une jeune fille riche de bonne famille, n’ayant pas grand chose à craindre de la vie d’un coté ; et de l’autre, une adolescente malade, en fin de vie, emprisonnée dans sa chambre d’hôpital, se lient étroitement grâce aux thèmes de la liberté et du choix. Si Yuuki n’a pas le choix et est volontairement enfermée dans le jeu, afin d’obtenir les libertés que sa condition dans le monde réel lui refuse, Asuna elle, choisit volontairement de s’enfermer dans le jeu afin d’échapper à ses obligations familiales. Ce qui est paradoxal quand la volonté d’Asuna, et de tous les joueurs de SAO, a un jour été de sortir du jeu à tous prix.
Le titre nous questionne donc sur nos choix. Existe-t-il des situations où nous n’avons pas le choix ? Asuna semble impuissante face à sa mère qui en vient presque à décider elle-même du futur époux de sa fille. Mais Asuna est-elle vraiment dépourvue de choix ? Dépourvue de choix comme l’a été Yuuki, qui n’a pas choisi d’être malade et de ne pas pouvoir profiter pleinement de sa vie, malgré le mirage d’existence que lui procure le Medicuboide. « N’avons-nous pas toujours le choix ? » est l’une des grandes questions de Mother’s Rosario.
De plus, le traitement des nouvelles technologies et des jeux vidéo comme objets de culture, d’évasion et même de soin est particulièrement bien retranscrit. Faisant écho à la quête de sortie de SAO des protagonistes dans le premier arc de la série, l’une des quêtes de Kirito et d’Asuna sera de permettre à Yuuki de s’extraire de son univers virtuel, afin de pouvoir observer le vrai monde. Si l’utilisation du Medicuboide, en des temps où les jeux vidéo sont encore considérés, par une partie de l’opinion, comme des pertes de temps abrutissantes, permettent ici d’offrir une vie à une jeune fille démunie. Asuna se rendra compte qu’aucun monde virtuel ne remplacera le réel, et qu’une prison, même dorée, reste une prison, elle-même vivant emprisonnée au quotidien sous le joug de sa mère.
Au niveau du dessin, le trait fin et l’accent mis sur les visages, et notamment les yeux, nous permettent de saisir toute la charge émotionnelle des scènes, ce qui sert magnifiquement un scénario riche en émotions. Le découpage et l’importance apportés aux détails permettent de ne pas se perdre, notamment dans les scènes d’action qui étaient brouillonnes dans les précédents arcs. On retrouve aussi tout ce qui fait le charme de Sword Art Online, des portraits magnifiques, chaque personnage dans chaque situation semblant avoir fait l’objet d’un traitement particulier qui donne presque l’impression de feuilleter un artbook. Le rythme est rapide, mais pas trop, et offre plusieurs possibilités de relecture, notamment au niveau des détails cachés dans les dessins. Le titre n’est pas trop bavard, malgré quelques pages d’explications riches en texte et il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents arcs de SAO avant de commencer celui-ci (même si cela représente un plus non-négligeable).
Vous l’aurez donc compris, s’il n’y avait qu’un seul arc de Sword Art Online auquel porter une attention toute particulière, ce serait celui-ci. L’édition de très bonne facture d’OTOTO et le fait que la série ne comporte que 3 tous petits tomes devraient finir de vous convaincre (enfin j’espère). SAO Mother’s Rosario fait partie de ces mangas qui vous questionneront et vous offriront plusieurs profondes séances de montagnes russes émotionnelles, ce qui reste rare dans le monde du manga. Un titre à lire absolument !