Lucifer no migite
Fiche technique :
Année : 2010
Catégorie : Seinen
Mag. Prépublication : Morning
Genres : Action, Suspence, Médical
Public : + de 14 ans
Dessinateur/Scénariste : Naoki Serizawa
Edition japonaise : Kodansha
Edition française : Ki-Oon
Format : 6 tomes
Prix conseillé : 7,65 €
Synopsis :
Yû Katsumi était un jeune médecin prometteur. Après trois années passées en Afrique pour une ONG, il rentre au Japon en marginal. Pris par les aléas d’une guerre civile, il s’est vu contraint de tuer pour sauver sa vie.
Il en éprouve tellement de remords qu’il se juge trop perverti pour pouvoir encore exercer en tant que médecin, et se qualifie même de meurtrier. Pour ne jamais oublier « son crime », il s’est fait tatoué un ange déchu sur la main et le bras droit. Il passe désormais son temps à boire, errant dans Yokohama sans but précis.
Par un concours de circonstances, il se réveille un jour dans la clinique du Docteur Minamoto. Cette rencontre va bouleverser sa vie car il se voit contraint de remplacer l’unique docteur de la clinique au pied levé.
Personnages :
Le Docteur Minamoto est un chirurgien renommé, propriétaire d’une petite clinique à la réputation douteuse, mais disposant d’une salle d’opérations très high-tech.
Sous ses airs peu orthodoxes, c’est un homme profondément humain, soucieux de ses semblables et prêt à tendre la main, sans faire de distinction de classe ou se voiler la face sur l’hypocrisie du monde en général et, de l’univers hospitalier en particulier. Suite à un accident cérébral, il ne va plus pouvoir exercer pour un moment et confie donc sa clinique à Yû.
Yû Katsumi est doué pour la chirurgie, intelligent et curieux. Il comprendra vite le fonctionnement de la clinique, malgré sa mauvaise volonté de départ. Il n’en perd pas pour autant son goût pour la boisson, car il trouvera là aussi quelques complices et compagnons de libations.
Il saura déployer autant son talent que sa sagacité, et finira par accepter la mission confiée par le Dr Minamoto, en la menant à sa façon.
Eriko Sakura est une jeune réceptionniste, qui semble calme et timide. Elle s’avère être totalement amnésique et plutôt douée avec des instruments chirurgicaux.
Elle intrigue énormément Yû et va devenir une assistante précieuse au bloc, malgré son absence de passé. Elle ne manquera pas non plus de le réprimander lorsqu’il se livrera à quelques excès avec ses compagnons de beuverie.
Shôko Nanami est une jeune femme médecin, exubérante, aux idées bien arrêtées sur les fonctions et obligations de son métier. Elle quitte le CHU où elle était interne sur un coup de tête, et viendra épauler Yû, un peu par hasard.
Ryûsei Okita est un jeune et séduisant anesthésiste qui n’a pas eu de chance dans la vie, lui non plus. A la suite d’un accident, il est devenu unijambiste et ne peut plus exercer. Contrairement à Yû, il a réussi sa reconversion en parieur professionnel et Don Juan impénitent. Yû fera tout son possible pour le convaincre qu’il peut toujours être médecin et l’intégrer à son équipe.
Funaki fait partie du menu fretin d’un grand clan yakuza. Sa première rencontre avec Yû est pour le moins violente. Cependant, il se voit contraint de quitter le clan. Yû lui sauvera la vie à plus d’un titre et Funaki deviendra l’homme à tout faire de la clinique parce qu’il n’a pas trop le choix, mais aussi pour remercier Yû.
Les acolytes de Yû ne font pas parties des personnages principaux, mais je tenais à les citer car ce sont les boute-en-train du manga :
Ils squattent allègrement la salle d’attente de la clinique Minamoto. Ils sont toujours partants pour lever le coude gratuitement et possèdent un humour légèrement douteux.
Ils n’en ont pas moins un grand cœur, et savent se montrer très utiles et attentifs à autrui quand la nécessité se fait sentir.
Le graphisme :
Les dessins sont absolument splendides. Naoki Serizawa a un grand souci du détail autant pour ses personnages que dans ses décors. Il parvient merveilleusement à nous transmettre l’univers sombre de quartiers mal famés, du monde yakuza, de la petite clinique Minamoto. Et parfois, il illumine notre lecture par les traits angélique d’un personnage secondaire, comme la petite Nagisa, qui appelle Yû Katsumi : « Monsieur l’ange ».
Le scénario :
Naoki Serizawa nous livre, ici, une croustillante peinture de société. Mêlant allègrement le milieu médical et le milieu yakuza, il ne dépeint pas seulement les vicissitudes de la vie d’une petite clinique et de ses patients, ou la violence potentielles des Yakuzas.
Il nous transmet aussi la bonté des hommes envers leurs semblables dans des circonstances pourtant tragiques, l’espoir qui peut fleurir même au milieu du plus immonde tas de fumier, le courage de ceux qui luttent au quotidien, qui gardent une certaine droiture, malgré les entorses à la morale du « politiquement correct » ou même à la loi. Il ne manque pas de pimenter le tout de nombreuses touches d’humour.
Au travers du personnage de Yû Katsumi, le mangaka nous fait vivre les joies, les peines, les regrets mais aussi les prises de conscience d’un jeune chirurgien de génie, qui ne pourra pas renier sa propre vocation sans renier son humanité.
Il nous maintient en haleine au fil des tomes, nous faisant découvrir petit à petit l’étendu du « crime » de Yû, ainsi que les autres acteurs de cette tragédie, tout en instillant savamment les opérations en urgence ou dans des situations précaire et, les intrigues savoureuses, telles que « qui est vraiment Eriko ? », « comment une morte peut-elle être encore en vie ? » et j’en passe.
Jusqu’au tome 5, où Naoki introduit un ultime personnage, qui pourrait être nous, lecteurs, avec une journaliste intrépide qui se pose la question essentielle : « qui est vraiment Yû Katsumi ? ».
Le mangaka :
Naoki Serizawa est né en 1976. Il a une formation de photographe et a fait de la création artistique.
Il débute dans le manga en 2000, en tant que dessinateur et scénariste, avec « Shiro, détective catastrophe », puis enchaîne en 2002 par « Samurai Man ». Il connaîtra un véritable succès avec son manga « Saru Lock » (2003-2009) qui sera d’ailleurs adapté en série TV.
Entre-temps, il participe également à plusieurs animes en tant que directeur de la photographie tels que « Yumeiro patissière », « Sumomomo Momomo », « Ishoni Training 026 », « Ishoni Sleeping »….
Après « Lucifer no Migite », il participe en tant que dessinateur à l’adaptation manga, scénarisé par Capcom, « Resident Evil : Marhawa Desire », qui sert de transition dans la célèbre saga entre « Resident Evil 5 » et « Resident Evil 6 ».
Le magazine Weekly Shônen Champion annonçait pour l’hiver 2014 la poursuite de cette collaboration, avec une nouvelle adaptation intitulée « Resident Evil : Heavenly Island ».
Conclusion :
Le séduisant Yû m’a conquise, tout autant que les personnages qui l’entourent, leurs histoires et l’univers même de ce manga. J’espère sincèrement que Naoki Serizawa mettra de nouveau en scène les aventures de Yû et des médecins de la clinique Minamoto.
Je n’ai qu’un seul regret, c’est que le manga s’achève en seulement six tomes. A ce jour, il n’est adapté ni en anime, ni en drama et c’est bien dommage. D’ailleurs, je vous invite à le dévorer sans modération.
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 9 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.