Liselotte et la forêt des sorcières
Publication : 2011 – en cours*
Volumes VO : 5 chez Hakusensha
Volumes FR : 5 chez Delcourt
Auteur : Natsuki Takaya
Genre : /romance/fantastique/
Note : 7,5/10
Principalement connue pour Fruits Basket en France, Natsuki Takaya sérialise depuis 2011 sa dernière série : Liselotte et la forêt des sorcières (Liselotte to Majo no Mori).
Même si on reste dans le surnaturel, on s’envole dans un univers déconnecté du nôtre : un monde fantastique, presque médiéval. Des cinq tomes parus, que pouvons-nous en dire ?
Plantons le décor
Pour des raisons obscures, Liselotte est exilée dans une province, à des lieues d’un petit village. Elle se retrouve livrée à elle-même, en compagnie de ses deux domestiques, Anna et Alto, des enfants jumeaux.
À la lisière d’une forêt, on raconte que l’endroit où elle s’est installée fait partie des terres appartenant aux sorcières… De nombreux mystères vont faire surface, à commencer par ce mystérieux jeune homme qui se fait appeler Engetsu et qui ressemble énormément à Enrich, l’ami d’enfance de Liselotte, dont elle est aussi amoureuse.
Le premier tome démarre de manière assez laborieuse : on saisit assez vite le caractère des personnages et l’univers, mais l’auteure n’est pas très claire sur la manière dont elle veut mener l’histoire. On commence donc par des révélations assez prévisibles alors que, paradoxalement, le lecteur est toujours un peu plongé dans la confusion. Comme on peut s’y attendre de la part de Takaya, chaque personnage va avoir une histoire qui lui est propre avec son lot de drames : c’est un peu ça qu’on aime avec elle, il faut dire !
Il y a tout d’abord Liselotte, personnage principal, typiquement l’héroïne un peu naïve et pleine de joie de vivre. Rien qui ne casse trois pattes à une licorne. On ne sait pas vraiment les raisons pour lesquelles son frère l’a exilé ; et si on apprend plus tard qu’elle a été accusée de trahison, on ne sait toujours pas, actuellement, si c’est vraiment le cas, ni quelle est la véritable cause de cette punition. Il y a pourtant un indice de plusieurs hectares dans le manga : la forêt des sorcières. Il est assez peu probable que cet élément ne soit là que pour décorer et apporter un peu de magie à l’univers de Liselotte.
Engetsu est un personnage assez silencieux et difficile à saisir : il semble sans cesse cacher des choses et, il en sait certainement plus que ce qu’il montre. Lui aussi a l’air d’en avoir pris pour son grade lors de ses quelques années de vie et le personnage s’annonce beaucoup plus sombre que la façade gentille qu’il laisse paraître. Au final, seuls les personnages secondaires sont honnêtes et pour la plupart tout aussi ignorants que nous, ce qui nous permet de nous sentir un peu moins seuls sous la couverture.
L’univers est judicieusement dosé : il y a du fantastique, certes, mais ce n’est pas pour autant la porte ouverte à une magie omniprésente, facilitant le manga à la manière d’un Deus ex machina. Les sorcières elles-mêmes n’utilisent pas, pour le moment, leurs pouvoirs à tout va pour faire le beau temps ou pleuvoir de l’argent (dommage, ce serait fort pratique !). Ce n’est, en outre, pas une solution pour résoudre tous les problèmes, et tant mieux : l’histoire perdrait sinon tout son intérêt !
On en sait encore peu sur ces créatures, et comme Liselotte, on se retrouve à s’accrocher au peu de légendes connues pour tenter d’ébaucher l’intrigue qui se forge autour de la jeune fille. C’est au final un des seuls éléments qui nous lie vraiment à elle, car il faut bien avouer qu’on ne peut pas tous s’identifier à la gentille petite fille pleine de joie de vivre, à moins d’être grand amateur de shôjo.
La bonne nouvelle, c’est qu’on retrouve l’humour propre à Takaya, qui a tendance à provoquer quelques fous rires lorsqu’on ne s’y attend pas, ou tout simplement de détendre le lecteur. Il n’est toutefois pas omniprésent : Liselotte et la forêt des sorcières n’est pas une comédie, en tout cas, beaucoup moins que Fruits Basket par exemple. L’univers se veut assez sombre, avec quelques zones éclairées par des sourires et des romances mielleuses.
L’histoire d’amour ne présente cependant pas tant de péripéties et de surprises que ça : on est sur un schéma assez classique, si ce n’est que pour une fois, pas de rival à l’horizon malgré cinq tomes de planches ! Et il faut dire que ça fait du bien. Les triangles amoureux avec pauvre mec obstiné qui n’a pourtant aucune chance, c’est assez lassant même s’il s’agit d’un classique shôjo ; même s’il y a un risque pour qu’on y ait le droit à un moment… Pour l’instant, croisons les doigts.
La romance n’est pas pour autant dénuée d’intérêt : prévisible certes, mais pimentée au fil de l’histoire par le caractère et les événements tournant autour d’Engetsu. Je n’en dirai pas plus, mais si vous trouvez qu’il ressemble un peu trop à une lavette, vous allez finir par l’apprécier au fil de votre lecture.
Graphismes
Takaya n’a plus rien à prouver depuis bien longtemps. Son trait fin est parfait pour le genre shôjo, chaque personnage est dessiné avec délicatesse et son style ravira tous les fans, comme d’habitude. Elle possède un talent particulier pour composer les pages : parfaitement équilibrées entre le noir et le blanc, très bien découpées pour piéger le lecteur dans les différents rythmes de l’histoire. Liselotte et la forêt des sorcières se lit aisément et rapidement, avec des ambiances réfléchies et ressenties.
Les illustrations en couvertures sont toutes aussi parfaites que le reste : il n’y a malheureusement pas grand chose à redire d’une mangaka avec vingt-trois années d’expérience.
Conclusion
Liselotte et la forêt des sorcières est une œuvre habile, tant sur la narration que dansson univers : amoureux des contes de fées y trouveront leur compte, sans pour autant sombrer dans la facilité ou le cliché. Il s’agit en outre d’une romance sympathique, pas trop appuyée, et d’une histoire bien ficelée, malgré un démarrage un peu difficile. Passé le premier tome, la série nous porte facilement et, pour cette raison, elle est incontournable pour les fans de shôjo, ainsi que ceux qui le sont moins !
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 14 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.
*manga stoppé