Le combat ordinaire

Dans la série « si je ne devais avoir lu qu’une seule bande dessinée », ce serait certainement « Le combat ordinaire » de Manu Larcenet.

Mais, qui est-il ? Emmanuel Larcenet est né le 6 mai 1969, à Issy-les-Moulineaux. Avant de devenir un dessinateur de talent, il étudie le graphisme au lycée de Sèvres et fréquente ensuite une école d’arts appliqués. Mais, Larcenet a plus d’une corde à son arc, puisque, parallèlement à ça, il officie comme chanteur dans un groupe punk : Ze Zobbies.

Ses premiers dessins sont publiés en 1994, dans le magazine Fluide glacial. Ses histoires sont imprégnées d’absurdes, de non-sens et d’humour parodique. Pour ne pas en rester là, à partir de 1997, Larcenet passe par la maison d’édition « Les Rêveurs de Rune » pour publier des œuvres plus intimes. En 2000, il crée quatre séries (dont le fameux « Retour à la terre ») qui lui permettent de toucher un public plus large. La consécration arrive en 2004, avec « Le combat ordinaire », qui obtient le prix du meilleur album au festival d’Angoulême.

Pourquoi « Le combat ordinaire » et pas une autre ?

Tout simplement, parce que cette bande dessinée est un concentré de tous les sentiments que nous, humains, pouvons ressentir tout au long de notre vie. Le combat ordinaire est la description d’un moment de la vie de son héros, Marco.

Marco est un jeune photographe, névrosé, souffrant de crises d’angoisses. Son histoire commence par sa séance de psychanalyse et son désir d’y mettre fin après plusieurs années de suivi. Et voilà, le ton est donné, à la fois drôle et touchant. S’ensuit le quotidien de Marco : une visite à son frère pour se remonter le moral, une à ses parents pour prendre des nouvelles et constater que son père n’est plus exactement celui qu’il était. Il se pose des questions quant à son métier et son désir de photographier qui s’amenuise.

La rencontre avec Émilie qui donnera un nouveau tournant à sa vie, car « tout est mieux avec elle que sans ». Cependant, son environnement change et, le déstabilise, quand Émilie veut que leur relation évolue, que le passé d’un de ses amis surgit. La bêtise et la cruauté du monde feront le reste. Comme le dirait Larcenet : « C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible ».

Le combat ordinaire est une invitation à la réflexion et à l’introspection. Larcenet aborde, avec beaucoup de tact, de nombreux thèmes qui nous touchent tous, à un moment ou à un autre de notre existence, comme l’amour du travail, l’engagement amoureux ou encore l’acceptation du passé et de la maladie. C’est aussi l’histoire d’une renaissance. Le combat ordinaire, c’est l’aveu discret de petites faiblesses qui touchent tout un chacun et que nous n’osons jamais avouer publiquement.

La puissance de cette bande dessinée est aussi due au dessin, qui est un peu surprenant au premier abord.

Il semble fouillis, fait à la va-vite, mais il n’en est rien. Sous cette apparence se cache un dessin plein de tendresse et tout en finesse, où chaque expression du personnage nous touche au cœur et, où les paysages nous invitent à la rêverie.

Larcenet enrichit son propos en introduisant, à plusieurs divers moments, quatre planches aux teintes sépia, nous mettant dans la peau de Marco. Il aborde ainsi quatre de ses sujets d’angoisse, à savoir la conduite sur les autoroutes, ses relations avec ses parents (et son enfance), les déterminants possibles de ses crises d’angoisses et sa relation avec les femmes.

En bref, cette bande dessinée est un chef d’œuvre à mettre entre toutes les mains. On ne s’en ressort pas indemne, on n’a pas forcément le sourire, mais il y a comme un bizarre sentiment de confort et de bien-être.

Fiche technique :

Titre : Le combat ordinaire
Auteur : Manu Larcenet
Édition : Dargaud (intégrale)
Année de parution : 2010


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 7 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.



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