Isabella Bird ; femme exploratrice

Chers lectrices et lecteurs, voici l’occasion de suivre les pas d’une femme peu ordinaire, qui a su transcender sa destinée terne et douloureuse, grâce à ses voyages. Je vais vous parler d’Isabella Bird, femme exploratrice, que vous pourrez découvrir grâce au manga de Taiga Sassa, paru aux éditions Ki-oon.

La vraie histoire d’Isabelle Bird

Isabella Lucy Bird était une exploratrice et écrivaine du XIXe siècle. Née le 15 octobre 1831, dans le Yorkshire, d’un pasteur anglican, elle a vécu une enfance maladive et a lutté toute sa vie contre divers maux. Son problème pouvait avoir des origines psychologiques, car lorsqu’elle voyageait, ses douleurs s’atténuaient.

Sur les conseils d’un jeune médecin, qui deviendra bien plus tard son mari, elle entreprit un premier voyage, en 1854, chez des cousins en Amérique. À son retour, elle publia anonymement un roman « The English Woman in America », en 1856. Par la suite, elle voyagea aussi au Canada et en Écosse. Chaque retour en Angleterre la voyait revenir à cette vie morne de souffrances continues. Elle finançait ses voyages, grâce à ses écrits, sous forme épistolaire.

Ce n’est qu’à partir de 1872, qu’elle prit le parti de se lancer dans de grandes explorations. Elle visita tout d’abord l’Australie, puis Hawaii (les îles Sandwichs). Elle publia un second livre intitulé « The Hawaiian Archipelago », en 1875. Elle retourna ensuite sur le continent américain pour explorer les Rocheuses, dont elle tira un troisième livre « A Lady’s Life in the Rocky Mountains », en 1879, traduit en français en 2004 par Hélène Hinfray, aux éditions Payot, sous le titre « Une anglaise au Far West : Voyage d’une femme dans les Rocheuses ».

Elle partit pour le Japon, dont elle tirera un roman « Unbeaten Tracks in Japan » (disponible en e-book VO), en 1880. Elle visita l’Inde, ainsi que le Tibet, pour lequel elle publiera un récit intitulé « Among the Tibetans », lui aussi traduit en français, en 2008 aux éditions Fédérop, par Jean-Paul Blot sous le titre « Chez les Tibétains ».

Elle voyagera également en Asie Mineure, à travers la Turquie, la Perse et le Kurdistan, ainsi que les villes de Bagdad et Téhéran. Elle explora aussi le Maroc, avec les Berbères, ainsi que la Chine et la Corée. Lorsqu’elle mourut le 7 octobre 1904, elle planifiait un nouveau voyage en Chine. Première femme à entrer dans la Royal Geographic Society, elle est largement reconnue pour les récits de ses explorations.

Taiga Sassa et son inspiration

Taiga Sassa est un nouveau venu dans le monde du manga. À moins de trente ans (source Ki-oon), les voyages le passionnent et il a même participé à une exploration de la jungle du Sri Lanka. C’est un touche à tout qui a travaillé dans l’aide aux personnes handicapées mentales et s’est spécialisé dans ses études sur l’histoire moderne de l’Angleterre.

C’est d’ailleurs là qu’il trouve la source de son inspiration pour son manga « Isabella Bird, femme exploratrice », car Isabella est un personnage marquant de l’histoire de ce pays. Et il n’est pas le seul à avoir voulu retracer la biographie de cette femme surprenante ou à s’en inspirer.

À partir du récit épistolaire de l’héroïne elle-même sur son voyage au Japon et sa rencontre avec le peuple Aïnous, Taiga Sassa nous offre ici une œuvre à la fois pétillante par son histoire et majestueuse par la grande qualité de ses dessins, dont je vous laisse juge par les quelques planches et couvertures que vous pouvez voir en illustrations.

Initialement publié en 2013, dans le magazine Harta, le manga est actuellement en cours de publication, aux éditions Kadokawa depuis 2015, et comprend pour le moment cinq tomes. Les éditions Ki-oon publient assez rapidement chaque volume traduit, depuis fin 2017.

Le manga : Isabella Bird, femme exploratrice

L’histoire démarre au départ de Miss Bird pour le Japon en 1878 (an II de l’ère Meiji) et son arrivée au port de Yokohama a déjà de quoi la surprendre : « j’ai l’impression d’avoir débarqué sur une autre planète » écrit-elle.

Accueillie par James Hepburn (connu pour son système de transcription du japonais), elle entreprend avec son aide de chercher un guide-interprète. Après plusieurs désillusions, elle tombe par hasard sur Tsurikichi Ito. Le jeune homme taciturne correspond en tout point à ce qu’Isabella recherche, mais son flegme apparent sera mis à rude épreuve par le caractère curieux et les débordements chaleureux de la jeune femme.

Le premier but d’Isabella est bien évidemment de découvrir Yokohama et les merveilles que la ville recèle, avant d’entreprendre le voyage en train vers Edo. Les explications de son guide ne manquent de la surprendre et de l’enthousiasmer.

Grâce à l’aide active de Sir Henri Parks, consul britannique au Japon, elle obtient le laisser-passer magique qui lui permet de quitter Yokohama et d’entreprendre un voyage quasi inédit à travers le Japon pour aller à la rencontre du peuple Aïnous. Un laisser-passer qu’aucun occidental avant elle n’a obtenu, comme lui explique le plénipotentiaire puisqu’il lui donne le droit de libre circulation à travers tout le pays.

Démarre alors les préparatifs pour s’équiper afin de voyager léger et d’entreprendre son expédition dans les meilleures conditions, à travers des chemins dont son guide s’avère lui aussi parfois très ignorant. Pourtant, l’ingéniosité d’Ito et sa soif d’apprendre combleront ses lacunes. Le courage, l’entêtement et l’expérience de Miss Bird feront le reste.

Les traditions et coutumes du Japon d’avant l’ère Meiji sont encore bien présentes au moment où Isabella entreprend son voyage et c’est bien ce qui intéresse et intrigue la jeune femme, qui va découvrir un peuple généreux et courageux, avec une philosophie de vie qui la charme souvent, même si certaines coutumes ont de quoi choquer une anglaise élevée de façon puritaine.

Peu à peu, Ito apprend à apprécier son étonnante patronne, et lorsqu’il finit par se rendre compte de l’état réel de santé de celle-ci, ils sont déjà presque au milieu du trajet insensé qu’a concocté Miss Bird. Au fil du temps, Isabella va se féliciter de son choix de guide, même si elle aime beaucoup taquiner le jeune homme sur sa gourmandise et ses petites manies de citadin.

Le voyage va s’avérer également rude et périlleux. La misère laissée dans les campagnes par les guerres récentes ne lassera pas de surprendre les deux compagnons de route, offrant un contraste saisissant avec la richesse des cités les plus importantes. Les intempéries, mais aussi les routes quasi inexplorées qu’Isabella choisit, viendront également compliquer le voyage entrepris.

Pourtant, ce ne sont pas là les seuls ennuis qui attendent ces deux voyageurs. L’ancien employeur d’Ito réclame, à force menaces, son guide et la santé d’Isabella se dégrade rapidement, à cause des difficultés du voyage. Avec le dernier volume paru, nous arrivons à une sorte de sommet de ses difficultés, lorsque Isabella s’évanouit de fièvre.

C’est aussi l’occasion pour Taiga Sassa de nous parler du passé de son héroïne à travers ses rêves, nous montrant sa vie morne et faite de douleurs en Angleterre et le voyage à Hawaï qui lancera sa passion pour l’exploration.

Pour conclure

J’ai vraiment apprécié ce manga, non seulement il s’agit de l’histoire vraie d’une femme hors du commun, même si elle est un peu romancée, mais aussi la richesse du trait de Taiga Sassa est un vrai régal pour les yeux.

Je suis impatiente de la parution du prochain volume depuis que j’ai découvert cette histoire fin 2017. Et j’espère que vous vous laisserez tenter vous aussi.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 22 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.



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Rédigé par

Tricoteuse de chiffres IRL. Garde & Petite Main du Mag'zine. Animatrice du Divan dit Vent. Phrase fétiche : « Puissiez-vous vivre des moments intéressants »

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