Goblin Slayer – un aventurier (peu) ordinaire
Chères lectrices, chers lecteurs, je vous invite aujourd’hui à découvrir un univers fantastique et moyenâgeux aux côtés d’un aventurier peu ordinaire : le Crève-Gobelins (ou Goblin Slayer).
J’ai découvert cette histoire avec l’anime du même nom, mais ce qui m’a définitivement conquise, ce sont bel et bien les romans d’origine, écrits par Kagyu Kumo et illustrés par Kannatsuki Noboru.
Un univers simple et efficace
L’univers de Goblin Slayer est des plus classiques dans le genre « Aventures », avec sa Guilde d’aventuriers, sa magie, ses monstres, ses démons, ses diverses races humanoïdes, ses héros. Bref, si vous aimez ce genre d’histoires, vous ne serez pas dépaysés !
Si la structure « terrestre » de cet univers est donc des plus simples à appréhender, l’envers du décor n’en est pas moins efficace : les dieux pour passer le temps font rouler leurs dés et décident de distribuer malédiction ou bénédiction aux êtres peuplant la surface (ou en dessous) en fonction du résultat. Certains sont malicieux (de leur point de vue) et d’autres bienveillants. En résumé, rien de nouveau sous le soleil : les dieux s’amusent, les mortels avancent comme ils peuvent.
Une fois cela admis, il ne vous reste plus qu’à subir les caprices des dieux, partir à l’aventure ou poursuivre droit devant soi un unique objectif, comme le Crève-Gobelins. Car même les dieux ignorent l’avenir de cet être insignifiant, tout comme il ne se préoccupe pas des volontés de ces divinités.
Les aventuriers sont divisés en plusieurs rangs de Porcelaine à Argent. Les rangs supérieurs sont réservés à ceux qui combattent pour les rois et tuent les « gros » démons, bref aux héros ou héroïnes.
Un mode narratif (peu) ordinaire
Kagyu Kumo a choisi pour conter les aventures de ses personnages un mode narratif assez particulier. D’apparence ordinaire, Kagyu Kumo rend sa narration étrangement immersive, alternant combats et scènes de la vie courante, mais surtout il réussit un exploit inédit, ne nommant aucun de ses personnages, sans pour autant perdre le lecteur.
En effet, les personnages principaux ou secondaires ne sont désignés que par leur titre ou classe ; adjoint de sa race, de son rang, voire de son arme de prédilection. Ceci nous offre malgré tout un florilège de personnages hauts en couleur, que vous n’aurez aucun mal à visualiser dans les romans.
Si cela vous perturbe, pas d’inquiétude, le nombre de personnages secondaires est assez limité, puisque les histoires se focalisent sur la ville qui sert de base au Crève-Gobelins ; à quelques exceptions près, lorsque sa traque obsessionnelle d’extermination l’entraîne dans des lieux éloignés. Les personnages principaux se centrent sur le Crève-Gobelins et l’équipe qui le suit, soit un total de cinq aventuriers de quatre races différentes.
Pour ce qui est du style, les chapitres de l’œuvre originale alternent agréablement entre la vision des dieux et les aventures des protagonistes, tout en prenant le temps d’approfondir les différentes relations entre deux « batailles », sans oublier un soupçon de romance. Le ton reste léger malgré la violence intrinsèque des différentes aventures, car ponctué d’un humour savoureux passant par toutes les nuances du plus burlesque au plus noir.
Une entrée en matière sans équivoque
Que ce soit les romans ou l’anime, l’introduction est des plus directe, voire carrément violente : la jeune Prêtresse rejoint un groupe de Porcelaines pour traquer du gobelin. Sans aucune expérience, ils s’introduisent dans un repère caverneux et meurent dans d’horribles souffrances (dépecés, violentés, empoisonnés, démembrés – faites votre choix). Seule la jeune Prêtresse en réchappe, grâce à l’arrivée providentielle du Crève-Gobelins (qu’elle prend pour un monstre à première vue).
Si vous survivez à ce baptême infernal, à l’instar de la jeune Prêtresse, alors vous êtes fin prêt pour suivre le Crève-Gobelins. Cet aventurier d’apparence impassible, exterminant du gobelin presque comme un automate, n’en est pas moins profondément humain. Sous une armure crasseuse qui lui vaut le mépris de beaucoup mais protégeant son corps solide aux nombreuses cicatrices laissées par ses aventures « gobelincides ». Son côté laconique, voire mutique, n’est que le reflet de sa recherche incessante d’efficacité, avec un brin de timidité. Son heaume, qui ne le quitte presque jamais, masque un homme encore jeune, au passé torturé, vieilli par la maturité de l’expérience, plus que par l’âge et le temps.
Vous ne pouvez que vous attacher à cet aventurier un peu frustre mais au cœur d’or. Si beaucoup le « moquent », peu sont ceux qui lui tourneraient le dos s’il le demandait, bien qu’il n’en ait pas conscience. Il sauve les victimes des gobelins ou les achève avec miséricorde selon leur espérance de survie, sans laisser paraître la moindre émotion. Il poursuit sans faillir sa quête personnelle (et peut-être vaine) : éradiquer la race gobeline.
L’œuvre originale
L’œuvre originale comprend actuellement seize romans dans sa version japonaise et est toujours en cours d’écriture depuis 2016. Avec seulement sept romans traduits, la version française est un peu à la traîne, puisque le dernier est sorti en septembre 2023, parus aux éditions Kurokawa.
Pour les principaux personnages, vous trouverez bien sûr le Crève-Gobelins, mais aussi la jeune Prêtresse, le Shaman Nain, l’Archère Elfe et le Prêtre Lézard. Tous sont de rang Argent, sauf la jeune Prêtresse que nous découvrons lors de sa toute première aventure en tant que Porcelaine et qui va progresser au fil des aventures.
Les premiers tomes (de 1 à 5) développent l’univers et présentent les différents personnages au fil des aventures et des histoires intercalaires. Approfondissant les caractères de chacun, ils se dévorent sans faim, tant par le style que par la richesse des divers caractères et interactions entre les protagonistes.
Si les aventures se résument essentiellement à des traques aux gobelins, elles sont malgré tout variées quant aux lieux ou aux divers moyens d’extermination imaginés par le Crève-Gobelins, qui s’adapte à toutes les situations, voire ne cesse d’anticiper les évolutions et malveillances de ces « petits » démons.
On constate au fil des tomes une nette « sociabilisation » du Crève-Gobelins, qui ne peut plus avancer bille en tête en solitaire, ou presque. Il doit tenir compte de ses compagnons d’aventure, même s’il mène sa troupe de manière un peu tyrannique, plus par sa politique « ne dévoile pas tes intentions » que par son autorité naturelle due à sa grande expérience exterminatrice.
A partir du tome 6, l’histoire se focalise un peu plus sur les personnages qui gravitent autour du Crève-Gobelins, notamment la jeune Prêtresse qui gagne véritablement sa place au sein du groupe, en s’affirmant un peu plus. On y découvre aussi de nouveaux personnages, et une nouvelle dynamique pour la ville qui lui sert de base. Le Crève-Gobelins, sans perdre son charisme de tueur, y gagne en humanité.
Avec le tome 7, le groupe d’aventuriers compte bien embarquer le Crève-Gobelins dans une véritable aventure, sans cesse repoussée, à l’occasion d’un mariage elfique. Mais le pari n’est pas gagné, car les gobelins sont toujours là où on ne les voudrait pas.
Je n’ajouterai rien pour les romans, sauf l’éternel : « A quand la suite ? »
Les adaptations manga
A peine sortie, l’œuvre originale a connu un tel engouement que Kagyu Kumo a pris du retard dans son écriture, en participant à l’adaptation du manga éponyme, dès 2016, dessiné par Kurose Kousuke. Le manga est d’ailleurs arrivé en France dès 2018. Comprenant quatorze tomes dans sa version japonaise, l’édition française chez Kurokawa (Seinen) suit de près, puisque le quatorzième volume est sorti en décembre 2023. Je ne m’étendrais pas plus sur cette adaptation, car je ne l’ai pas lue. Comme l’œuvre originale, le manga est toujours en cours.
Un second manga a vu le jour en 2017, servant de préquel à l’histoire originale, sous l’intitulé Goblin Slayer Side Story – One Year, scénarisé par Kagyu Kumo, mais avec Sakaeda Kento au dessin. L’histoire suit les débuts du Crève-Gobelins, lors de son entrée dans la Guilde. La version japonaise comprenant onze volumes est toujours en cours, la version française aux éditions Kurokawa (Seinen) ne contient que dix tomes, le dernier ayant paru début novembre 2023. En attendant la suite des romans, je vais me pencher sur cette série, mais je ne l’ai pas encore achetée.
En 2018, une série courte sort au Japon, sous le titre Goblin Slayer – Brand New Day, avec seulement deux tomes. La série est traduite en France en 2021, aux éditions Kurokawa (Seinen). Scénarisé par Kagyu Kumo, le manga est dessiné par Ikeno Masahiro. L’histoire s’attache plus aux scènes de la vie courante de l’œuvre originale, entre repas et conseils aux jeunes aventuriers, de brèves pauses entre deux massacres de gobelins.
En 2019, un nouveau spin-off sort en manga sous le titre Goblin Slayer Gaiden 2 – Tsubanari no Daikatana, avec six tomes (et toujours en cours), sous la plume de Kagyu Kumo et les crayons de Aoki Shogo pour la sérialisation (et Minakuchi Takashi pour le pilote), avec Iack au chara-design. L’histoire suit les aventures de la Vierge à l’Épée et de son groupe, dix ans avant que le Crève-Gobelins ne fasse ses débuts. Seuls trois tomes sont sortis en France aux éditions Kurokawa (Shonen), dont le dernier en janvier 2024.
En 2022, un nouveau manga Goblin Slayer – A Day in the Life sort aux éditions Square Enix, adaptant l’histoire du douzième volume du roman, mais n’a pas encore été traduit en France. Le mangaka est Matsume Daichi avec Kannatsui Noboru au chara-design.
L’adaptation anime
Le succès de Goblin Slayer ne s’est pas démenti, puisqu’à l’automne 2018, sort la première adaptation anime de l’œuvre originale, en simulcast en France, toujours disponible sur Crunchyroll.
Développé par le studio WHITE FOX, la série est réalisée sous la houlette de Takaharu Ozaki (Persona 5 The Animation – The Day Breaker ; Bastard!! Heavy Metal, Dark Fantasy), et une bande originale composée par Kenichirou Suehiro (The Eminence in Shadow ; Isekai Oji-san ; Golden Kamui ; Re:Zero ; Shadows House).
La chronologie de cette première saison est un peu différente des romans, puisqu’elle intercale une aventure du tome 3, tout en reprenant l’intégralité du premier tome.
Un film d’animation sortira en 2020, sous le titre Goblin Slayer : Goblin’s Crown. Il est disponible sur ADN depuis début octobre 2023. Développé également par le studio WHITE FOX, il compte toujours Takaharu Ozaki à la réalisation et Kenichirou Suehiro pour la BO. L’histoire se concentre sur une aventure du 5ème tome.
Enfin, après cinq longues années d’attente, la seconde saison de Goblin Slayer est sortie l’automne dernier et a été diffusée en simulcast en France par ADN. La série est développée par le studio Linden Film, mais reprend le staff d’origine avec Takaharu Ozaki toujours à la réalisation et Kenichirou Suehiro pour la BO. L’histoire démarre à partir du sixième tome de l’œuvre originale, introduisant un nouveau personnage des plus horripilants et se poursuit sur d’autres aventures, inédites pour le LN paru en France.
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai découvert le Crève-Gobelins avec la première saison de la série animée, c’est un travail de qualité mais il n’avait fait que m’ouvrir l’appétit pour cette histoire passionnante. Le film est tout aussi magnifique. La seconde saison n’est pas en reste en offrant de nouvelles aventures tout aussi trépidantes.
Pour conclure
En deux mots, comme en cent, j’ai tenté de vous allécher sans vous dévoiler toute l’histoire. Je n’en rajouterai donc pas plus, si ce n’est : « Lancez-vous ! »