Bernard Werber

Un peu de chauvinisme ne faisant pas de mal, je vais vous faire découvrir un de mes auteurs contemporains français favoris, j’ai nommé Bernard Werber.

Pourquoi chauvinisme ? Tout simplement parce qu’il est toulousain comme moi ! Et il est le maître incontesté d’un nouveau genre littéraire, mélange entre récit d’aventure, anticipation, roman scientifique et fable philosophique.

Quelques mots sur cet auteur de génie

Bernard Werber est donc né à Toulouse en 1961. Dès son plus jeune âge, il se passionne pour le dessin, mais surtout l’écriture et l’exploration de points de vue insolites et fait ses premiers pas dans les méandres de la science fiction.

Après des études en criminologie à Toulouse et de journalisme à Paris, il se lance dans une carrière de journaliste scientifique. Il n’abandonne pas pour autant sa passion première et, au bout d’une dizaine d’années, il publie un premier roman « Les Fourmis », en 1991. C’est le début d’une longue carrière en tant qu’écrivain, récompensée par de nombreux prix dès le départ.

Cet auteur prolixe nous plonge dans la grande aventure de la science et de la prospective, ses sujets de prédilection étant l’évolution de la société humaine en général et de l’être humain en particulier.

Non content d’innover dans un nouveau genre littéraire, il se lance aussi dans un style peu usité à l’époque, et inégalé à ce jour, je veux parler de la narration à voix multiples et chronologies décalées. Cela donne une architecture très particulière et apporte une grande dynamique au récit.

Werber en use et en abuse au point de vous faire palpiter le cœur au même titre que les aventures de ses héros. Ses centres d’intérêts sont multiples et il n’hésite pas à vous les faire partager au travers de ses romans, en même temps qu’il vous livre ses réflexions et projections sur des sujets aussi variés allant de la vie sociale et intime des insectes jusqu’à l’exploration de l’univers, en passant par le grand mystère de l’« après-mort », les origines de l’Homme, la mécanique du rire, les phénomènes parapsychiques et j’en passe.

Lorsque Werber explore un domaine du savoir, il le développe à fond. Tout en « vulgarisant » les notions les plus techniques pour rendre compréhensible le plus abscons des sujets, il déroule allègrement le fil de sa réflexion sur le thème choisi. S’il fait parfois preuve de cynisme (ou d’un froid réalisme, selon le point de vue), il est toutefois doté d’un immense sens de l’humour. Humour qui vous prendra peut-être à contre-pied au détour d’une intrigue dense, ou se fera noir et grinçant, mais vous ne pourrez certainement pas retenir votre sourire, voire votre fou rire, même dans les phases les plus déprimantes de certains récits.

Mais Bernard Werber ne saurait se contenter d’une seule casquette, comme vous l’aurez sans doute deviné. Non content d’écrire des romans, il s’est également essayé au théâtre (avec « Nos amis les humains » en 2003 entre autres) et au cinéma, dont un long métrage produit par Claude Lelouch : « Nos amis les Terriens », sorti en 2007. Il a également scénarisé des bande-dessinées, issues de ses romans ou aux histoires totalement originales. Par extension logique, chez Werber en tout cas, vous pourrez même admirer sur son site, ses tableaux peints. De plus, il parfait chaque année ses connaissances et s’attache encore et toujours à élargir sa pensée. Comme il le dit lui-même :

« Il est temps de sortir des clivages bipolaires habituels avec un monde officiel et un monde irrationnel. Il y a des faits, il y a des événements et il importe d’en parler normalement sans passion, ni exclusion systématique. Le monde n’est pas dans une simple dichotomie « j’y crois — j’y crois pas”. Il y a la place pour une troisième voie qu’on pourrait résumer à une phrase : “je ne peux pas encore l’expliquer mais ça ne m’empêche d’y réfléchir et de voir si cela ne pourrait pas avoir une utilité”. »

Un petit tour d’horizon de sa bibliographie

Bernard Werber a publié plusieurs cycles ayant tous des sujets fort différents les uns des autres. Cependant vous trouverez toujours, au fil de vos lectures, des clins d’œil ou des références à ses autres romans. Vous pouvez bien sûr explorer ses univers sans suivre l’ordre chronologique de publication, mais il vaut mieux avoir une petite idée des livres ou cycles « clés ».

Quasi incontournables, les ouvrages de référence à connaître absolument, même si leur lecture n’a aucun caractère obligatoire, les feuilleter devrait vous procurer quelques plaisirs spirituels :

– « L’encyclopédie du savoir relatif et absolu » (1993) : il s’agit d’une sorte de recueil de citations sur différents sujets. Werber vous en offre de nombreux extraits dans tous ses romans, mais ce livre en lui-même est déjà un concentré de joies subtiles pour tout cerveau assoiffé de culture.

Une « actualisation » est sortie en 2009 sous le titre « Nouvelle encyclopédie du savoir relatif et absolu ».

– « L’arbre des possibles » (2002) (réel auteur : Isidore Katzenberg) : ce recueil de nouvelles, explorant de façon non exhaustive les possibilités d’évolution de l’Homme et de la société humaine, a autant vocation philosophique que prospectrice ou farfelue (à vous de choisir).

Il a publié d’autres livres et recueils de citations ou nouvelles sur divers thèmes que je vous laisse le loisir de découvrir en explorant son site.

Avec son tout premier cycle publié, la « trilogie des fourmis », incontournable lui aussi (bon, j’admets, à mes yeux, la quasi totalité de son œuvre l’est, donc…), il vous fera bien sûr découvrir la vie intime des fourmis mais aussi des insectes et autres petites bêtes en général, à travers les aventures d’un entomologiste très particulier, du nom de Jonathan Wells. Là aussi, vous trouverez nombre de réflexions philosophiques, que l’auteur vous fait partager avec beaucoup d’humour. Vous y découvrirez aussi un monde dont vous ne soupçonnez même pas le millième !

Si j’aime bien ce premier cycle, celui qui remporte mon adhésion à tous les coups est le cycle des « Aventuriers de la science ». Vous y suivrez les enquêtes de deux journalistes scientifiques, Isidore Katzenberg, quarantenaire, ex-policier et « inventeur » de « L’arbre des possibles », et la jeune Lucrère Nemrod, pigiste impertinente et téméraire, maître en « orphelinat kwando » – oui, c’est elle qui l’a inventé et alors ? – (vous ne manquerez pas de noter quelques similitudes avec la propre vie de l’auteur). Werber lève le voile pour vous sur divers mystères, dont l’étincelle initiatrice (ou finale selon la chronologie des personnages qu’il vous fait suivre) est toujours une mort peu commune. Actuellement, ce cycle ne comporte que trois romans :

« Le père de nos pères » (1998) où il explore les origines de l’Homo sapiens sous couvert d’élucider le meurtre d’un paléontologue qui aurait découvert le fameux « chaînon manquant ». La théorie développée est d’ailleurs savoureusement dérangeante mais, au final, presque logique.

« L’ultime secret » (2001) où vous plongerez dans les mystères du fonctionnement du cerveau et de ses motivations, en vous posant cette question : « Peut-on mourir de plaisir ? » comme cet éminent psychiatre, joueur ultime d’échecs, qui rend son dernier souffle dans les bras de sa dulcinée au sommet d’un orgasme.

« Le rire du cyclope » (2010), presque dans la même optique avec cette énigme : « Peut-on mourir de rire ? » que pose la mort du plus populaire des humoristes français, parti après un monumental éclat de rire à la fin d’un de ses spectacles à l’Olympia.

Si le thème exploré m’a finalement désintéressée (au bout de trois romans malgré tout), la pentalogie du Ciel est également à lire, séparée en deux cycles (celui des « Anges » et celui des « Dieux »), surtout le premier roman « Les Thanatonautes » (1994). Mêlant science exacte et fantastique, Werber vous entraîne à la suite d’explorateurs d’un nouveau genre : les explorateurs de la mort. Tous ne sont pas scientifiques mais la grande faucheuse les fascine, non pas d’un désir morbide mais d’une curiosité insatiable, sur les grands mystères des EMI (Expériences de Mort Imminente) et ce qu’elles cachent réellement.

Y a-t-il quelque chose après la mort ? Ici encore, l’auteur n’aura de cesse de creuser toujours plus profond, toujours plus loin, toujours plus haut…

Son dernier cycle, la « Troisième Humanité » nous dévoile quant à lui de façon plus poussée les possibilités d’évolution de l’espèce humaine, tout en développant une autre théorie quant aux origines de l’Homme moderne. Toujours entre sciences et fantastique, Werber y explore diverses prospectives, non sans un regard bien réaliste sur les pires défauts de l’Homme et un grand clin d’œil à son tout premier cycle.

Le mot de la fin ?

Parce qu’il faut bien conclure ! Pourtant, je resterais bien encore un peu pour vous parler des romans de mon « compatriote ». Est-ce parce que nous avons respiré les même « miasmes » citadins que ses écrits trouvent des échos vibrants dans mes plus inavouées convictions ? Peut-être bien… à moins que ses plus profondes divagations ne soient tellement ancrées dans les racines de l’humanité et nos connaissances actuelles que tout un chacun y verrait une éclatante réalité projetée.

Il existe également d’autres romans qui explorent des domaines fort étranges mais si proches de la « vraie vie » qu’ils en seraient presque dérangeants par leur réalisme.

Je vous invite donc à découvrir plus largement l’ensemble de l’œuvre de Bernard Werber, ainsi que ses nombreux centres d’intérêts, en visitant son site.


Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 15 de Mag’zine, que vous pouvez toujours aller le lire ici.



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Rédigé par

Tricoteuse de chiffres IRL. Garde & Petite Main du Mag'zine. Animatrice du Divan dit Vent. Phrase fétiche : « Puissiez-vous vivre des moments intéressants »

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