Trepalium
Titre original : Trepalium
Réalisation : Vincent Lannoo
Création : Antarès Bassis et Sophie Hiet
Scénario : Antarès Bassis, Thomas Cailley, Sophie Hiet et Sébastien Mounier
Direction artistique : François Girard
Sociétés de production : Kelija ; Arte France (coproduction)
Société de distribution : Arte
Pays d’origine : France
Genre : Anticipation
Durée / Diffusion : 6 épisodes de 52 minutes / février 2016
Le commencement
Trepalium est une série d’anticipation produite par Arte. Le titre vient du mot latin « trepalium » qui donnera « tripaliare » qui signifie « tourmenter, torturer avec le trepalium » et qui donnera par la suite le mot « travail ». J’insiste un peu là dessus, car le nom de la série est loin d’être anodin, puisque la notion de travail et l’organisation de la société autour est le fondement même du récit qui nous sera conté.
Histoire et personnages
Nous sommes dans un futur non loin de nous, à Aquaville. Une cité divisée en deux, avec son centre appelé « la Ville », entourée d’un haut et épais mur de béton et, de l’autre coté de celui-ci, « la Zone ». Dans « la Ville », vivent environ vingt pour cent de la population, appelés les « actifs », car ayant un travail, ces derniers semblent, aux premiers abords, mener une belle vie, avec des appartements tout équipés. Dans « la Zone », il y a les quatre-vingt pour cent restants qui sont au chômage et sont livrés à eux-même dans un immense bidonville.
Dans ce contexte difficile et, afin d’essayer d’apaiser quelque peu les tensions, la première ministre d’Aquaville, Nadia Passeron, décide de tirer au sort plusieurs centaines de chômeurs, qui seront pris sous l’aile d’un actif, pour un « emploi solidaire », visant leur réinsertion dans le monde du travail.
C’est là qu’Izia Katell est choisie et se voit envoyée chez Rubens Garcia, c’est le début d’une aventure loin de tout repos pour elle et son fils Noah. Nous allons en effet nous rendre très vite compte que la vie dans la Ville est loin d’être rose et, que l’idéal que s’en font les chômeurs est éloigné de la réalité.
La dystopie
Le réalisateur de la série, Vincent Lannoo, le dit lui- même « Trepalium est une fable dystopique, le contraire d’une utopie. Elle ne propose pas un monde idéal, mais un monde qui serait allé vers ses pires défauts ».
La notion de « travail » est élevée ici à son paroxysme. Les individus de la Ville sont totalement dépossédés de leur capacité de jugement et de réflexion. Entièrement aliénés par leur labeur qui supplante leur existence. Cette série est une formidable critique de la société, où l’on en vient de plus en plus à vivre pour travailler. Les habitants de la Ville ne vivent, pensent ou même respirent que « travail ».
Le jeu des acteurs est particulièrement important et bien mené, tant il retranscrit à merveille, des gens dont l’âme aurait été aspirée. Une dérive dans laquelle semble sombrer notre monde actuel, où le poids des emplois écrase l’individu.
Charles Berling, qui joue Bartolomé, le PDG d’Aquaville dans la série, dira lors d’une interview : « Nous racontons une histoire qui est une extension des problèmes contemporains, notamment celui de l’eau. Aujourd’hui, certaines grandes entreprises du secteur refusent régulièrement de respecter la loi et de ne pas couper l’eau à ceux qui ne peuvent pas la payer. Ce que dit Trepalium, c’est regardez ce qui va se passer si nous restons les bras ballants, sans réagir ».
Sophie Hiet souhaite, avec Trepalium, poser une réflexion philosophique et éthique.
Mise en scène
Trepalium ne nous éblouit pas d’effets spéciaux spectaculaires, non. La série use de très nombreux effets, mais ces derniers restent discrets, servant à appuyer avant tout le propos, plus qu’à vouloir nous en mettre plein les yeux.
Le tournage se déroule dans Paris et sa périphérie : la Bibliothèque National de France (13ème), le siège du PC (19ème), le Centre National de la Danse à Pantin, ou encore des quartiers de Trappes en Yvelines. L’idée est de s’inscrire dans un style rétro-futuriste où « les bâtiments sont tous une vision du futur… mais qui date du passé ».
La série se veut minimaliste dans les technologies, les téléphones ne sont par exemple qu’une simple plaque de verre. Mais derrière cette simplicité apparente, il y a une réflexion poussée, comme le commente Vincent Lannoo « Il y a toute une grammaire des écrans. J’ai suggéré que l’on travaille sur des écrans carrés et pas du 16/9e, le format d’aujourd’hui. Cela créait un ailleurs, et pas un futurisme. Le carré est aussi porteur de stabilité et d’autorité, ce qui correspondait bien avec la Ville ».
En résumé
Trepalium est une série intense, de part les problématiques qu’elle aborde et les pistes qu’elle offre. Bien que le scénario soit relativement prévisible, il n’en reste pas moins intéressant. La série pousse à nous interroger sur l’état du monde actuel et, sur la notion de travail, qui est devenue le pilier porteur de notre société.
Un récit d’actualité que je ne peux que vous inviter à visionner.
Truc écouté pendant la rédaction de l’article : la discographie de Frédéric Chopin en aléatoire
Article rédigé sous le pseudonyme de Sangigi-Esenjin-Fuchsia
Cet article est une republication d’un article paru dans l’édition reliée n° 18 de Mag’zine, que vous :pouvez toujours aller le lire ici.